mercredi 28 février 2018

Ah! la bouffe...

Cela fait quelques temps que je réfléchis à rédiger un billet qui ne m'attirera pas une armée de trolls en colère prêts à déchirer leur chemise et la mienne par-dessus le marché. Je crois avoir trouvé ce sujet après des nuits d'insomnie et des jours vides. Il s'imposait de lui-même, ce sujet. Je m'étonne même d'en avoir parlé si peu alors qu'il occupe la majeure partie de mes réflexions, voire de mes actions. Je vais bien sûr parler de la bouffe...

Ma vie est modulée par la bouffe depuis ma plus tendre enfance.

J'ai toujours été gourmand. À la limite d'être gargantuesque dans mon approche ingestive.

Tout jeune, j'accompagnais mon père et ma mère pour les aider à ramener l'épicerie puisque nous n'avions pas d'auto.

Mon père allait m'acheter une liqueur orange Crush avec une barre de caramel Toffee si je l'aidais à ramener les huit gros sacs d'épicerie.

J'accompagnais ma mère au marché du centre-ville sur la promesse que je serais récompensé par un hamburger et une root-beer au A&W.

C'était toujours moi qui faisais les commissions au dépanneur pour ma mère. Mes frères n'étaient pas aussi charmés par les promesses d'outremangeur.

-Va me chercher un sac de Fritos pis tu vas pouvoir t'acheter un sac de chips aussi... me disait ma mère.

C'était pareil pour les frites, le poulet à la rôtisserie et la crème glacée.. Je plaignais ma gourmandise de me faire faire toutes les commissions.

Mon premier vrai travail? J'avais 11 ou 12 ans. Je pelletais la devanture de la pâtisserie Au sabot d'or sur la rue Laviolette. La propriétaire, en plus de me donner cinq dollars, me remettait toujours une boîte de petites pâtisseries. J'espérais que la neige tombe comme vous ne sauriez l'imaginer! Seulement pour me claquer des éclairs au chocolat, des babas au rhum, des souris à la pâte glacée, des mille-feuilles, des choux à la crème...

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Nous n'étions pas riches chez-nous mais nous étions sans doute plus fortunés que la plupart des gens qui vivaient sur notre rue. D'abord parce que le frigidaire était toujours plein à craquer. Et ensuite parce qu'il y avait peu de restrictions alimentaires. Ma mère chialait un petit peu mais mon père souriait de nous voir pleins comme des boudins. C'était la réussite dont il était le plus fier: ses 4 gros et grands garçons avaient accès à du bon manger en quantité industrielle. Ça lui rappelait que dans son temps, à Sayabec, parmi ses 18 frères et soeurs, il n'y avait que de la morue, des patates et de la mélasse à chaque repas, à tous les jours, pendant des mois et des années.

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Je ne savais pas faire à manger quand j'ai quitté le foyer familial. Ma mère ne voulait pas que je touche aux chaudrons. Alors j'ai commencé par manger des pogos.. Puis des hot-dogs. Au bout de quelques mois, j'ai appris à faire de la sauce à spaghetti. J'en aurai mangé pendant au moins 5 ans, jusqu'à ce que je sorte de l'université.

Aujourd'hui, je fais presque n'importe quoi les deux doigts dans le nez. (Mais je me lave les mains avant que de faire à manger...)

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Ma blonde a déjà été cuisinière. Je ne savais pas qu'elle savait cuisiner avant que l'on se rencontre. Ce n'est donc pas par l'estomac qu'elle m'a eu. Par contre, je suis allé de surprises en surprises culinaires tout au long des années que j'ai vécues auprès d'elle. Si je sais un peu cuisiner aujourd'hui, elle y est pour beaucoup. Pour quasiment tout à vrai dire.

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Le poulet jaune est semble-t-il le plat qui s'associe le plus à mon nom. On demande le poulet jaune de Gaétan depuis des années... Il s'agit en fait de poulet cajun, mais bon, le cari lui donne cette coloration jaune qui lui sied bien.

La recette? C'est un secret! Disons qu'il y a six poitrines de poulet coupées en dés, de l'ail, des piments rouges, un peu de miel, du cari, du beurre d'arachides (ou des graines de tournesol) et, bien sûr, de la crème sûre à 1%. On fait cuire le poulet dans un grand wok, on ajoute les piments rouges vers la fin de la cuisson avec le beurre d'arachides, le miel et le cari. Quand c'est cuit et que toute l'eau est évaporée, on ferme le feu et on laisse reposer 3 minutes avant que d'ajouter la crème sûre pour qu'elle puisse lier les éléments entre eux. Sel et poivre au goût.

On sert de grandes louchées de cette mixture sur un lit de riz basmati.

Et c'est délicieux à en lécher l'assiette.

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Au fait, je suis diabétique.

Je dois contrôler mes glucides.

J'arrive à le faire en étant moins glouton qu'autrefois. Cela relèverait presque du tour de force s'il n'y avait pas tant de bons produits à faire transiter vers notre estomac.

Mes indices glycémiques sont stables depuis 2 ans.

Je ne mange à peu près jamais de desserts, de sucre raffiné et de produits transformés. C'est mon secret et ça fonctionne. J'ai perdu autour de 70 livres en 2 ans.

Je ne bois pas de jus de fruits.

Je mange des fruits crus pour l'effet bénéfique des polyphénols. Et aussi parce que j'aime le goût des fruits à l'état naturel. J'aime mieux manger une chopine de fraises qu'une tarte aux fraises...

Être diabétique et être glouton, ça ne va pas nécessairement bien ensemble.

Aussi, je mange moins, marche plus et salive plus souvent.

Je n'entretiens aucune forme de culpabilité ou d'obsessions de maigrir.

Cela se fait tout seul.

Seuls les idiots pensent arriver à un résultat différent en faisant toujours la même chose...

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J'ai déjà gagné un concours de buveur de bière. Je ne devrais pas m'en vanter mais j'avais bu quatre gros pichets de bière en moins de 10 minutes. Ça m'a valu une grosse bouteille de vin de 4 litres que j'aurai ensuite dégueulée toute la nuit... J'étais étudiant en philosophie à l'époque et je m'opposais à des participants d'autres concentrations: ingénierie, comptabilité, etc. J'ai sauvé l'honneur de la philosophie ce soir-là qui, à vrai dire, n'en demandait pas tant.

Je pouvais boire autant que le géant Ferré quand j'étais jeune.

Et, maintenant, je me saoule à peine une fois par année. Et une saoulerie tout ce qu'il y a de plus pépère. Même pas de quoi passer une nuit en prison.

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J'aurais encore des pages et des pages à écrire sur la bouffe.

Je risquerais de vous perdre.

Il faut bien s'en garder pour une prochaine fois, non?

Bonne digestion!




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