vendredi 17 juin 2016

Être un peu moins lourd...

Il est primordial que je sois moins lourd pour ce billet du vendredi.

La fin de semaine s'annonce belle, chaude et ensoleillée. De plus, ce seront les journées parmi les plus longues de l'année. Il serait ridicule de s'en priver. Et, pire encore, de bouder ce plaisir pour des considérations platement politiques.

J'ai quelque chose de la bête politique, je ne le sais que trop bien. Je tempère cependant mes révoltes avec beaucoup de philosophie et un zeste de poésie.

La politique est trop souvent le théâtre d'opération des personnes les plus répugnantes qui soient. Ce n'est pas pour rien que la politique attire des légions de menteurs, d'hypocrites et de magouilleurs. Ce n'est pas pour rien que la politique est contrôlée par la pègre. Je ne dirais pas que c'est dans l'ordre des choses. C'est plutôt la confirmation du désordre des choses. C'est la preuve que la politique est un terrain couvert d'immondices et d'idéologues fanatiques qui voleraient un bol de riz à un enfant famélique pour prouver qu'ils ont raison de tout détruire.

L'humanité est rare chez ceux qui ont des opinions bien arrêtées. Ils vous en trouveront des justifications pour ce bol de riz volé. Ils vous en casseront des oeufs sans que vous ne voyiez jamais l'omelette. Ils vous diront, surtout, d'être réalistes. Le monde est laid, ignoble et immoral, tout comme ils le sont. Pourquoi devriez-vous vous acharner à le voir différemment? Pourquoi croire qu'il pourrait être beau, noble et tout aussi moral qu'une main tendue vers quelqu'un qui a besoin d'aide?

Je le dis souvent, mes héros en littérature comme dans la vie sont ceux qui soignent des blessés plutôt que de faire des victimes, aussi collatérales soient-elles.

Je voue un culte au docteur Jivago, un personnage fictif qui existe pourtant parmi mes semblables.

Au lieu de faire la guerre, Youri Jivago ramasse tout le monde qui est tombé au combat, les Rouges, les Noirs ou les Blancs. Il ne fait pas de distinction entre la vie humaine d'Untel et celle de l'Autre.

Dans ses temps libres, plutôt que de se perdre en ratiocinations sur la situation politique, il écrit des poèmes. Des poèmes qui parlent d'une femme ou bien du givre qui se forme dans les fenêtres.

Les esprits politiques le traitent d'idiot, de rêveur, de crétin. Et ensuite, ils dévorent leurs propres enfants sans trop les mâcher.

Jivago les surpasse tous à mes yeux. Tous ces crottés cannibales qui rêvent d'étriper leurs frères et soeurs humains ne lui arrivent pas à la cheville.

***

Il fera beau aujourd'hui, demain et après-demain.

Jo Cox s'est faite tuer par un déséquilibré mental d'extrême-droite. C'était une députée travailliste britannique qui prônait le multiculturalisme tant honni par certains. Elle défendait le maintien de la Grande-Bretagne au sein de l'Union européenne. Comme la plupart des indépendantistes écossais par ailleurs...

J'ai beau trouver que la politique est sale, que je me garde un droit de réserve en de pareilles circonstances.

Le multiculturalisme n'est pas à la mode chez les souverainistes québécois, je ne le sais que trop bien. Je me fais souvent reprocher de soutenir cette position. Je ne veux pas signifier par là que tous les opposants au multiculturalisme soient des assassins. Mais il y a un germe de violence dans le repli identitaire. Un germe de hooliganisme. Un germe de fanatisme. Ceux qui se sentent atteints par la grande farandole du vivre ensemble me semble des gens bien tristes. La Terre est devenue petite et les moyens pour la détruire menacent l'existence même de la vie sur notre planète. Cela prête à réfléchir sur l'art de vivre ensemble sans se taper sur la gueule.

Je soutiens à ma manière l'indépendance du Québec. Et, je dois bien le dire, je n'ai aucun problème moral à considérer l'indépendance du Québec sous l'angle d'une société ouverte et multiculturelle. Je dirais même que j'ai un problème à l'envisager autrement.

Quand on crache sur Justin Trudeau et son maudit multiculturalisme, je ne m'étonne pas de voir les zélotes de cette idée stagner à 20% dans les sondages. Le racisme, même larvé, arrive rarement à ratisser plus large que cette proportion.

Je lie l'indépendance du Québec à la justice sociale.

Si l'indépendance n'arrive pas, je n'en mourrai pas.

Je suis déjà un Métis qui vit à cheval sur plusieurs frontières. Je suis déjà accoutumé à ce que l'on pourrait appeler l'inacceptable.

L'inacceptable ne doit pas me faire oublier le soleil, les fraises et les marguerites.

Je ne dois pas oublier que la vie est courte.

Et que c'est sans doute la seule que j'aie.

D'où l'importance d'en prendre soin, tant pour moi que pour autrui.





1 commentaire:

  1. Ton texte montre bien que la politique peut être généreuse -
    ( ce n ' est pas toi qui est lourd , mais nos adversaires non-généreux ) -
    ( LoL : un économiste généreux français s ' appelle Jacques Généreux )
    ( il y a m^me un psychanalyste Nîmois qui s ' appelle Dr Anus / incroyable ! ) -
    Bon ,
    à propos du multiculturalisme et des replis identitaires : le multiculturalisme est vital - et en Europe nous vivons de plein fouet la confrontation avec les tendances réactionnaires ( nombreuses ) de certains islams -
    C ' est un combat très compliqué -
    Je crois qu ' il faut se décentrer par rapport à la question musulmane mais plutôt la considérer comme question arabe - de nombreux arabes sont athées - nombre de ces peuples dit-arabes ne le sont pas - les arabes ont envahi tout le moyen-orient et l ' Afrique du Nord à la fin du Moyen-Age , et jusqu ' en Espagne et dans le sud de la France -
    En France nous essayons de soutenir les Arabes libres - mais c ' est compliqué tant la violence des musulmans intégristes est grande -

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