mercredi 23 septembre 2015

Une lointaine théocratie de marde

On n'avait encore jamais entendu parler de ce coin-là. C'était un pays enclavé dans des pays eux-mêmes enclavés avec aucun accès à la mer, aux terres cultivables et, bien sûr, aux loisirs. Ce pays vivait de l'exploitation de son sous-sol essentiellement constitué de métaux rares comme le silicium et autres mots latins qui terminent en um: petroleum, linoléum, curriculum, medium, radium et summum.

Le ciel de ce pays était toujours rouge compte tenu de la poussière des mines soulevée par les vents. Il n'y pleuvait jamais. Et tout le monde mangeait essentiellement la même chose: de la bouffe importée des pays environnants achetée avec l'argent des métaux rares.

C'était un pays plutôt pauvre. L'école leur apprenait tout juste à lire quelques passages du Grand Livre Sacré qui constituait l'unique distraction du pays. Et cette distraction était particulièrement sévère: 10 000 coups de fouet pour avoir dit "j'aimerais bien qu'il pleuve" et 10 000 autres de plus si l'on disait que la capitale des États-Unis était Washington. En fait, dès qu'on y ouvrait la bouche on recevait 10 000 coups de fouets. Pas besoin de vous dire qu'on y mourrait jeune.

Dans ce pays-là, tout le monde était ignorant et ignoré des crapules au pouvoir.

Les despotes tenaient à ce que tout le monde, sauf eux, vivent selon les saints préceptes de leur Grand Livre Sacré nul à chier.

Les femmes, dans ce pays, étaient attachées toute la journée après leurs fourneaux. Quand elles sortaient à l'air libre, elles étaient couvertes d'une drap noir des pieds à la tête. Elles étaient aussi tenues en laisse, attelées à un chariot et fouettées par leurs maris pour qu'elles avancent. Leurs maris pouvaient avoir plusieurs femmes, évidemment, jusqu'à cent épouses pour pousser le chariot lorsqu'ils étaient riches. Les pauvres n'avaient pas d'épouses, ou si peu qu'on les incitait à faire la guerre aux pays voisins pour aller s'en kidnapper quelques-unes. L'amour étant interdit, seule une copulation de moins de cinq minutes, par derrière, et sans voir le visage de sa malaimée, pouvait se pratiquer. Toute autre forme de copulation était apparentée à l'Occident décadent. Pour être certain que la femme n'éprouve aucun plaisir, on lui mutilait les organes génitaux dès qu'elle tombait en âge de procréer.

Dans ce pays excrémentiel, la vie était lourde, pesante et sans espoir. Le cinéma était interdit. La musique était interdite. La danse était interdite. Les cerfs-volants étaient interdits. La philosophie était interdite. La discussion était interdite. L'alcool était interdit. La pétanque était interdite. Tout était interdit.

La seule chose qui était permise, en fait, c'était de prier. Encore fallait-il travailler, même pendant les trois mois où tout le monde devait crever de faim pour rendre gloire au prophète des prophètes: Gagogu. Gagogu était un hurluberlu qui avait épousé des fillettes de huit ans en faisant accroire aux autres qu'il n'était pas tout à fait un pédophile. Dieu lui permettait de rendre gloire à la Création de cette manière pour le moins répugnante aux yeux de la majeure partie de l'humanité. Ce prophète Gagogu était un psychopathe analphabète dont le principal outil de prédication était un sabre avec lequel il tranchait des têtes, des bras et des jambes.

Évidemment, ces pauvres gens-là finissaient par immigrer. Par curiosité, d'abord et avant tout. Ils voulaient voir ces pays où le ciel est bleu et où l'on vend du maïs soufflé dans des salles où l'on peut voir bouger des images. Ils étaient attirés par les interdits, comme des adolescents privés de sorties.

Mais comme ils ne connaissaient rien d'autres que les conneries qu'on leur avait inculquées depuis leur tendre enfance, ils ne savaient pas vivre comme tout le monde. Ils répétaient ailleurs ce qu'on leur avait enseigné là-bas parce qu'ils ne savaient rien de rien sur à peu près tout. Ils avaient peur d'aller en enfer. Alors ils s'habillaient en ploucs, comme là-bas, hiver comme été, les femmes avec le corps couvert d'un drap noir de la tête aux pieds avec un minuscule espace pour laisser entrer l'air et la nourriture. Les hommes avec des moustaches tressées à partir du poil de sourcils et du poil de narines.

Partout où ils passaient, les gens se disaient entre eux qu'ils ne voulaient pas de ces manières de vivre dégoûtantes, de ces lois dégradantes et rétrogrades, de cette religion de caca bouilli.

Malheureusement, on continuait en hauts lieux de faire affaire avec la théocratie lointaine pour obtenir sa part d'argent et de métaux rares. On fermait les yeux sur ces enculeurs de peuple et cette religion de cul.

On se contentait, en fait, de tirer sur les ambulances, sur les victimes de cet État de merde enclavé dans un monde d'enclaves où tout un chacun était réduit à l'esclavage.

Heureusement, les enfants des enfants de ces étrangers atterris ici finissaient par aller au cinéma, danser et faire l'amour tendrement. Comme quoi la bêtise n'est pas éternelle. Comme quoi nous pouvons trouver un remède à toutes ces conneries enseignées dans les coins les plus reculés du monde pour asservir les uns et les autres.


2 commentaires:

  1. Ce que tu décris ressemble à s ' y méprendre aux peuples arabes avec qui , ici en Europe nous sommes confrontés chaque jour -
    Tous les arabes ne sont pas de cette sorte / en témoigne Raïf dont l ' épouse a trouvé refuge chez vous - Il y a d ' autres valeureux-ses arabes libres qui ont -acquise toute notre affection et amitié -
    Il y a des taré-e-s sur tous les continents , m^me sur les îles de la tortue - ainsi certaine petite tribu du fin-fonds de l ' Amérique du Sud - du style Patagonie - qui n ' avait rien trouvé de + malin que de décréter que le " côté gauche " de l ' humain était mauvais , et , en conséquence, décidèrent qu ' il fallait se masquer tout le côté gauche du corps sous des sacs-à-patates , et ils le firent et l ' imposèrent , dans leur petit village isolé du bout-du-monde .
    ( reportage Géo-magazine )
    / comme quoi il y a des êtres mafaisants sur tous les continents ...
    Certains sorciers cousent les yeux des petits lézards ( Castaneda ) - Nous devons , nous , ouvrir les yeux des petits lézards ainsi opprimés , et de tous les peuples opprimés - C ' est un devoir -

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  2. Gagogu ressemble à Moumet et ,,, Staline,,,

    Tu es en train de me donner les noms de mes personnages de roman,,, :D

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