jeudi 6 août 2015

Voter pour le moins pourri à défaut d'annuler mon vote

Ceux qui veulent le pouvoir ne le méritent pas. C'est ce que Socrate disait via Platon. Cette formule est encore d'actualité. D'autant plus que les actualités nous placent en situation de campagne électorale pour le gouvernement fédéral.

Que voit-on? Essentiellement des gens qui veulent le pouvoir. Ils ne sont pas portés ni supportés par le peuple. Ils affirment leur présence et leur personnalité un peu falote en prétendant vouloir servir le peuple plutôt que de se servir. Ils voudraient notre bien plutôt que nos biens. Et comme ils font leur autopromotion, une petite voix intérieure se fait entendre chez tous les électeurs: ce sont tous des crosseurs!

Plus de 40% des électeurs inscrits ne se déplacent plus pour voter. La grande farce de la chose publique n'émeut plus personne, sinon quelques militants enflammés pour une cause qui se confond trop souvent avec leurs intérêts immédiats. Que l'on soit de gauche ou de droite, souverainiste ou fédéraliste, les esprits politiques les plus échauffés sont toujours loin, très loin des réalités sociales et économiques. Les fils dépassent. On ne voit que des marionnettes et des marionnettistes.

La philosophe Simone Weil, dans sa Note sur la suppression générale des partis politiques, écrivait substantiellement que les partis politiques sont des regroupements de gens qui complotent contre le peuple dans les coulisses du pouvoir. Je ne suis pas loin de partager cet avis. Je ne fais partie d'aucun parti politique et m'en veux d'accorder mon vote au moins pourri des candidats qui demeure tout de même pourri.

Je les vois tous faire semblant d'aimer les enfants, les vieux, le rodéo ou bien le Grand Prix automobile en période électorale alors que, au fin fond du fond, ils s'en moquent éperdument. Ils veulent le pouvoir, par tous les moyens, et les idées pèsent beaucoup moins lourd dans la balance que les sourires convenus et les poignées de main arrangées avec celui qui tient la caméra.

Est-ce une raison de se détourner de la politique et laisser aux politiciens le loisir de faire ce qu'ils veulent en toute impunité? Pas du tout. La politique continue avant, pendant et après les campagnes électorales. Le jour du vote n'est que l'épisode le moins représentatif de la vie démocratique. Il représente, en quelque sorte, son fossoyeur.

Untel qui s'est fait élire par 25% des électeurs inscrits se targue le lendemain d'avoir obtenu un mandat majoritaire pour établir des politiques d'austérité qui feront plonger tout le monde dans la misère et la pauvreté. Les commanditaires, essentiellement des banquiers et des mangeux d'marde, s'en réjouiront. La vie démocratique ne doit plus exister. L'opposition devra faire des pieds et des mains pour signifier le refus de 75% des citoyens qui n'ont pas voté pour les mangeux d'marde.

La campagne électorale fédérale est en branle.

Pour qui voter? Pourquoi voter? Je nous le demande.

La politique du moins pire m'a épuisé. Je la pratique depuis que j'ai le droit de vote quand je ne prône pas tout simplement l'anarchie. L'anarchisme vient me séduire de temps à autres. Mais quelque chose comme ma propre bêtise finit toujours par me ramener vers un choix douteux.

Pour le moment, il est probable que je vote pour Robert Aubin, candidat du Nouveau Parti Démocratique (NPD) dans Trois-Rivières. Je ne le ferai pas de gaieté de coeur. Je le ferai avec d'énormes tiraillements dans les entrailles qui me provoquent des nausées incontrôlables. C'est le moins pire... Il offre ses sourires, lui aussi, au Grand Prix de Trois-Rivières. Il fait semblant d'être un peu moins à gauche que ne le laissent croire les statuts de son parti presque socialiste.

Je ne me vois pas voter pour le Bloc québécois, même si l'option de l'indépendance du Québec me semble viable. Je ne m'intéresse pas tant que ça au Parc Jurassique. Le Bloc me fait l'effet de l'Union Nationale ou bien du Crédit Social.

Et puis, franchement, je ne peux pas imaginer le Canada, qui est encore mon pays jusqu'à preuve du contraire, soit encore sous la férule de Harper, des conservateurs et des libertariens. Ces types ont considérablement nui à notre économie en nous rendant détestables, Canadiens et Québécois, un peu partout dans le monde. Plutôt que de prôner la voie diplomatique, ces imbéciles jouent aux va-t'en-guerre avec l'Ukraine, Israël et tout le tralala. Ils renient les changements climatiques et feraient du pays une colonie lunaire s'ils le pouvaient.

Je veux bien que le Québec devienne indépendant. Mais je ne veux pas de quatre autres années de gouvernement conservateur.

Je vais voter pour le moins pourri, encore une fois, avec le sentiment de me faire baiser, comme d'habitude.






12 commentaires:

  1. Tu as raison à 200 p.cent -
    Alors arrête de voter -
    Tu verras , tu te sentiras + léger !!
    C ' est pas pour ça que laisseras tomber tes prochain-e-s
    ni la politique -
    Il faut trouver d ' autres voies !

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  2. La stochocratie, la désignation d'un représentant du peuple au hasard, ça me semble plus prometteur selon l'idée que tous les citoyens sont égaux en droits et en privilèges et en possibilité d'occuper une fonction publique...

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  3. Ici aussi certains parlent de cette stochocratie -
    Mais je n ' y crois pas + .
    Par contre je crois indispensabble une reformulation de ce que doit être la justice sociale et la responsabilité du Cacique .
    L ' égalité ne doit pas être de droit , mais de FAITS .
    Si celle-ci est un peu complexe ( mais pas tant que ça ) à cerner car toutes et tous n ' ont pas les m^me besoin , le but doit être une égalité de bien-être - il n ' y a que cette visée qui puisse permettre d ' accéder à la justice sociale et culturelle .
    C ' est ce que les nouveaux courants sud-américains et ibériques appellent le " Buen-vivir " , le Bien-vivre .

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  4. UN COMMENTAIRE DE MISKO QUE J'AI MALENCONTREUSEMENT EFFACÉ SANS FAIRE EXPRÈS:

    Étant moi-même kekchose comme un tribalisto-métisso-anticivilisationisto-anarcho-primitiviste...euh, genre. Je ne veux pas tenter de faire de cette machine à mon avis inévitablement omnicidaire une machine omnicidaire...euh...plus verte? ou plus égalitaire? ou whatever-the-fuck-else. Je veux plutôt voir cette machine et la mentalité à sa base disparaître une bonne fois pour toutes.

    Mon territoire est occupé via canada.inc.com et quebec.inc.qc.ca. par quelques groupes d'individus contrôlant à peu près tout et tous par la force, la violence et/ou la menace de violence. Donc. Bien que pour ma survie et celle des miens je prend souvent la forme d'une pièce d'engrenage de leur machine. Je n'ai toujours pas l'intention de participer à leur masquarade électorale.

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  5. @Monde Indien:Les caciques devraient portés des machins sur eux pour que les électeurs puissent leur donner des chocs électriques chaque fois qu'ils ne sont pas d'accord. Ils finiraient par vanter les vertus perdues de l'unanimité tribale.

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  6. @Misko: Le simple fait d'écrire sur un ordinateur nous oblige à considérer une forme d'organisation sociale et économique légèrement différente de la tradition. Je veux bien raviver le tribalisme, mais je veux aussi que les poubelles soient ramassées au moins une fois par semaine par quelqu'un qui souhaiterait sans doute faire autre chose de sa vie.

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  7. @ Gaetan
    Non , les vrais caciques sont vrais ! ils méritent tout le respect et l ' amour de tous-toutes !
    Les faux caciques ne doivent jamais accéder à ce poste !
    Ils-elles ne devraient m^me pas exister !

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  8. @Gaétan
    L'ordi, on peut aussi s'en servir contre la machine. Un peu comme les armes à feu des civilisationistes/envahisseurs, dans le temps, que les guerriers utilisaient pour botter le cul de ces mêmes envahisseurs...bon, je pense que les guerriers ont eu des succès mitigés, car justement il y a les ordis, les routes, les villes...la civilisation, quoi, qui a envahi l'Île de la Tortue...

    Aujourd'hui je ne crois plus pouvoir changer qui que ce soit ou quoi que ce soit avec des mots, ni même avec des armes, ni même avec quoi que ce soit...Je me dis que si mes ancêtres n'ont pas pu arrêter la machine omnicidaire dans le temps, lorsqu'ils faisaient face à des armées d'envahisseurs beaucoup moins bien armées qu'ils le sont aujourd'hui. Je ne vois pas comment j'y arriverais.

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  9. @Misko: Les Grecs et les Romains situaient l'Âge d'Or dans le passé. Ils croyaient vivre à l'Âge d'airain, la pire époque que le monde ait connue. La tradition judéochrétienne fait référence au jardin d'Éden pour expliquer ce monde de haine et de tueries. Ne reprenons-nous pas les réflexes des Grecs, des Romains et de la judéochrétienté en nous tournant vers le passé aborigène pour justifier le dégoût de notre époque?

    Pourtant, l'Île de la Tortue n'était pas nécessairement un paradis. Les Mayas, les Incas et les Aztèques pratiquaient des massacres et des sacrifices humains à grande échelle. Les Algonquins obligeaient les Mohawks à leur payer un tribut. Les conflits humains et sociaux faisaient aussi partie de l'ancien monde.

    Je reconnais une certaine sagesse inhérente à la culture autochtone. J'adhère à de larges pans de cette culture. Mais je suis aussi une créature de mon époque. Je pense qu'elle trouvera ses solutions un jour ou l'autre, parce que l'instinct de la vie peut être plus fort que la culture de la mort. Comme le laisse entendre la prophétie des Sept feux de la tradition anishnabée, des Blancs aux cheveux longs qui respecteront le Grand Cercle de la Vie réactualiseront la culture autochtone. Ce mythe n'en est peut-être qu'un. Pourtant, les idées circulent et continueront de circuler. Les institutions reprendront ces idées. Et le monde continuera cahin-caha, tant bien que mal, parce qu'il n'y a machine ni solution parfaite, seulement des compromis, des alliances incomplètes, des histoires parfois décevantes, parfois réjouissantes.

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  10. Moi aussi je vais essayer de faire rentrer le NPD,,,, n'importe quoi plutôt que ces ostis de trous du cul de conservateurs,,,

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  11. @Gaétan
    Les Mayas, les Incas et Aztèques, pour ne nommer que ceux-là étaient effectivement des civilisations. Jamais trop trop trippé sur eux, en fait. J'essaie de ne plus idéaliser même les nations telles que les Algonquins, les Crees, les Innus, les Abénakis, etc. qui me semblent avoir été pas mal plus proches du mode de vie que je voudrais vivre.

    Pour ce qui est des institutions qui reprennnent les idées des autochtones...Pour moi ce n'est que la continuation de l'assimilation et du génocide.

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  12. @Misko: À vrai dire, tout un chacun fait ce qu'il peut pour ne pas être happé par la machine, quitte à rouler en machine... (Ce qui n'est pas mon cas. Mais mon vélo utilise les mêmes routes.)

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