jeudi 13 août 2015

10 livres québécois que j'ai retenus

C'était hier le jour de je ne sais pas trop quoi. Il paraît qu'il fallait absolument acheter un livre québécois.

Je n'ai rien contre cette idée. J'en ai plein dans ma bibliothèque. Et de plus, je les lis.

Il y a de bons livres québécois. Un peu moins que de mauvais livres, mais bon il y en a.

Sur les médias sociaux, tout un chacun y allait de suggestions.

La plupart des twitteux, évidemment, recommandaient des livres ayant trait à la politique.

On parle de livres que déjà l'on voudrait verser dans la propagande.

C'est dommage.

Je dois moi aussi, avec un peu de retard, fournir ma liste. Je vais en oublier plusieurs. D'abord, je n'ai pas tout lu. Et ce que j'ai lu n'est pas toujours recommandable.

Cette liste n'est ni exhaustive ni un exemple à suivre.

C'est une liste strictement subjective.

Voici donc dix livres que j'ai retenus. Ils ne sont pas dans l'ordre. Ils viennent comme ça, sans trop d'efforts.

1) Nègres blancs d'Amérique de Pierre Vallières. Parce qu'au-delà du propos politique il y a de belles pages sur l'enfance pauvre de Vallières à Cartierville. Beaucoup de verbiage politique mal digéré. Mais une prose honnête et une vision claire de la pauvreté québécoise.

2) Vamp de Christian Mistal. Son premier roman. Il n'aurait écrit que celui-là qu'il mériterait sa place dans notre littérature. Le roman d'une génération: la mienne.

3) Sans connaissance de Éric McComber. Sa plume est aiguisée. Son propos est noir. Sa sincérité est absolue. Le roman d'une dégénérescence assumée.

4) Pour saluer Victor Hugo de Victor-Lévy Beaulieu. J'aurais pu choisir cent titres de VLB. Celui-là m'a permis d'apprécier VLB et de le suivre. Il parle toujours de lui quand il parle de Victor Hugo. Et c'est sans doute l'un des traits distinctifs de son oeuvre immense: il finit toujours par parler de lui. Une forme d'égotisme que je lui pardonne parce qu'il a du talent.

5) Oeuvres complètes de Claude Gauvreau. Une oeuvre en friche remplie d'onomatopées illisibles mais aussi de parcelles d'une conscience exceptionnelle. La charge de l'orignal épormyable est excellente.

6) Originaux et détraqués de Louis-Honoré Fréchette. C'est le Alphonse Daudet québécois. Sa prose est plus éclatante que sa poésie pompeuse et son art pompier.

7) On n'est pas des trous du cul de Marie Letellier. Une étude sociologique bourrée de métalangage qui laisse pourtant entrevoir la vie quotidienne d'une certaine famille Bouchard du lumpenprolétariat montréalais.

8) Oeuvres complètes de Pierre Bourgault. Bien que son propos touche souvent à la politique, l'homme avait une plume exceptionnelle. C'était aussi un tribun redoutable. Aurait mieux fait d'écrire un peu plus et de consacrer moins de temps à sa propagande.

9) La Scouine de Albert Laberge. Parce que la Scouine c'est la Scouine.

10) Agaguk de Yves Thériault. Parce que Agaguk c'est Agaguk. Parce que Yves Thériault c'est Yves Thériault.

Je ne dis rien sur Jacques Ferron. Ses lettres aux journaux valent mieux que ses récits, lourds, avec une syntaxe aléatoire et rébarbative. On le surestime. C'était un bon gars, un bon médecin, mais un écrivain très moyen.

J'ai oublié Gabrielle Roy, Germaine Guèvremont. Et quelques autres aussi.

Michel David: écrivain honnête qui incita tout un peuple à apprécier la lecture.

Gaston Miron? Cela ne m'a jamais vraiment intéressé. Je te ferai Terre de Québec, etc. Jouait de l'harmonica lors de la nuit de la poésie.

Nelligan? Il a copié Verlaine et De Nerval. S'il n'était pas mort fou personne ne parlerait de lui.

Réjean Ducharme? Je l'ai lu. Je n'ai presque rien retenu. Beaucoup de jeux de mots. Lassant.

Michel Tremblay? Son théâtre et ses romans valent le coup. J'ai oublié de le mentionner. Je m'en excuse. À toi, pour toujours, ta Marie-Lou, Les belles-soeurs, La grosse femme d'à côté est enceinte, C't'à ton tour Laura Cadieux, La Duchesse de Langeais: comment ai-je pu l'oublier, hein?

J'en oublie. C'est certain. Gilles Vigneault, Plume Latraverse, Jean Leloup et Richard Desjardins ont écrit des chansons émouvantes. Est-ce que la chanson est un genre littéraire?

Peut-être vous ai-je oublié, vous qui me lisez, et je m'en excuse.

Il y a beaucoup de talents prometteurs. J'y reviendrai un jour ou l'autre.

Ma liste n'est pas les dix commandements de Dieu.

Elle a été construite à la bonne franquette, sans réfléchir plus loin que le bout de mes lunettes, lesquelles je ne porte jamais pour lire.

2 commentaires:

  1. La chanson brésilienne m ' a réconcilié avec la langue écrite , moi qui avais eu tant de mal à apprendre à lire , en m ' ouvrant ses beautés -
    Chansons de tous les pays , quand elles sont belles , font partie des trésors de l ' humanité -

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  2. Il manque à ta liste «Où irez-vous armés de chiffres?» de Hélène Monette. :D

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