mardi 28 avril 2015

Pauvre Bouboule Gagnon, chevalier de la drette!

Bouboule Gagnon ne s'appelait pas Bouboule mais tout le monde l'appelait Bouboule puisqu'il était gros et court sur pattes. Il était comme une pierre qui roule sauf qu'il amassait de la mousse entre les deux oreilles. Il faut dire que Bouboule Gagnon était un fier défenseur des idées de droite, c'est-à-dire un larbin ennuyeux doté d'une personnalité falote qui le condamnait à des passions médiocres: le sport télévisé, les morceaux d'automobile, les hamburgers et les frites.

Il ne lisait à peu près rien et s'il allait parfois au théâtre c'était l'été pour assister à une pièce burlesque où le mari trompe sa femme avec son char en hurlant des onomatopées. Pour ce qui est du cinéma, Bouboule était un fan fini des films de chars qui explosent et de gars qui disent des trucs du genre salopard d'enculé de merde je vais te buter.

Bouboule Gagnon détestait la gogauche et tous ces maudits artistes crottés qui parlent de droits de la personne, de protection des rivières et autres conneries. Les changements climatiques et tout le tralala lui donnaient l'envie de fesser sur les écologistes, ces malpropres qui faisaient fermer les shops.

-L'argent pousse pas dans les arbres! qu'il disait souvent en se savonnant avec du Irish Spring sans que personne ne l'entende vraiment puisque personne ne voulait rien savoir de lui. Ses rares blondes, imbéciles comme mille, finissaient toutes par le tromper avec des artistes ou bien des séparatistes qui rêvent comme des endormis.

Alors Bouboule revenait vers son écran pour alimenter son blogue intitulé "Vive le Canada et la droite!", ses sujets de prédilection bien entendu. Bouboule pouvait vous donner mille raisons d'aimer l'unifolié, les gouvernements Harper et Couillard ainsi que la droite. Tout le reste n'était que du vomi sur la gogauche assorti d'expressions salaces où figuraient des godemichés enfoncés dans le trou du cul des artistes tous plus ou moins homos qui critiquent le Grand Prix automobile ou bien le maire de tel ou tel patelin de gars de chars incapables d'apprécier un tableau de Picasso.

Il lui arrivait souvent de visiter Twitter pour vanter, évidemment, le Canada, Harper, Couillard et la droite. Son pseudonyme était à l'image de son blogue: Canada Number One. Comme il connaissait dix phrases en anglais Bouboule Gagnon les employait à toutes les sauces pour mieux marquer son mépris des maudits têteux de la langue française qui lui rappelaient qu'il ne savait pas écrire sans fautes.

-Fuck you all, you artists and pieces of shit! Canada number one! qu'il disait sur Twitter. On va vous écraser osti d'communisses!

À force de s'exprimer ainsi Bouboule s'était créé un réseau de crétins pratiquant une forme plus ou moins désespérante de masturbation anti-intellectuelle.

Ça lui permettait de se trouver une raison de vivre. Pour ceux-là, Bouboule était un chevalier de la droite, un pourfendeur de la gogauche qui ne sent pas le Irish Spring.

Dans les faits, c'était un gros christ d'épais inculte qui vivait dans un décor de merde et mangeait à la cuiller du manger pour chien.

Pauvre Bouboule Gagnon!

Oui, il faut savoir plaindre ces gros calices de caves.





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