mercredi 25 décembre 2013

Du baloney pour Noël



On ne se bousculait pas aux portes pour tenir le fort le jour de Noël. Et le fort en question, eh bien c'était Radio Basse-Ville, une station de radio communautaire qui diffuse autant dans la Basse que dans la Haute-Ville à Québec.

Cela se passait un 25 décembre 1999. Je m'étais proposé pour animer pendant deux ou trois heures ce jour-là. Mon émission s'intitulait Du baloney pour Noël. Mon émission s'ouvrait sur Baloney de Capitaine Nô et cette chanson revenait comme une antienne tout au long de ma programmation pour laquelle j'avais une réjouissante carte blanche. Je bénéficiais d'une liberté d'expression qui m'a toujours été refusée à Trois-Rivières jusqu'à l'avènement de l'Internet qui fit éclater les censeurs et les sangsues de tous les fucking dirty holes du monde.

Je n'enviais aucunement les animateurs des stations commerciales. Ils n'ont aucune liberté d'animation et se voient réduits à diffuser toujours la même bouillabaisse jusqu'à ce qu'une nouvelle génération de mononcles et de matantes vienne changer quelque peu la programmation pour l'orienter vers la plus mauvaise musique de robot du jour. Ils sont de plus sous-payés et doivent porter une cravate même lorsque personne ne les voit derrière leur micro.

À la radio communautaire, tu es seul avec tes disques et la console. Tu t'occupes de tout comme une pieuvre à huit tentacules. Tu mets la musique, les publicités, les promotions et tout le bataclan toi-même, sans l'aide de qui que ce soit. Puis tu prends les appels téléphoniques des auditeurs et auditrices souvent éméchés pour une raison qui m'échappe.

-Man... J'ai ben aimé ça ta toune Baloney de Capitaine Nô... Tu pourrais-tu heum-mettre Gentle Giant?

-Je n'ai pas de Gentle Giant dans ma pile de disques m'sieur...

-Ben... d'eubord, mets-moé Alice Cooper...

-Je n'écoute jamais ça... Que dirais-tu de Renaud?

-J'aime pas ça Ginette Reno... Pourquoi tu prends les appels des auditeurs d'eubord, hein?

-Merci d'avoir appelé m'sieur! Ton nom?

-Jacques Girard...

-Je t'offre la prochaine toune m'sieur Girard! Joyeux Noël!

-Toé 'ssi...

Je ne pourrais pas vous dire c'était quoi la prochaine. Probablement celle que j'avais prévue de programmer avant l'appel de m'sieur Girard. Je ne faisais toujours qu'à ma tête, même si c'était pour offrir du baloney pour Noël...

Excusez-là!



1 commentaire:

  1. Merci pour cette belle histoire toujours racontée avec le coeur , et donc "simplicité" ( c ' est vrai que la vraie vie est tellement simple ! )
    Sûrement pas facile de donner son amour par le média-radio ! et sans doute tellement peu de retours !
    Et pourtant tout est là !
    C ' est que des forces tellement mauvaises s ' opposent si fort à ce que nous voulons faire de si beau !!
    Je comprends tellement ce que tu dis dans un de tes précédents billets , que la culture devrait / non , DOIT / être absolument gratuite - Je comprends aussi que tu soies bien obligé de vendre tes magnifiques toiles - Comment faire dans ce monde d ' horreurs -
    Bonnes fêtes à toi et aux tiens

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