dimanche 6 octobre 2013

Quand le soleil dit bonjour aux Yukonois

Quand le soleil se couche il ne faut pas s'attendre à ce qu'il se lève tout de suite.

C'est vrai dans la plupart des cas, sauf dans le Grand Nord.

Il arrive autour du 21 juin que le soleil ne se couche plus à Dawson City.

Le climat semi-désertique nous offre souvent ce ciel bleu cobalt et sans nuages où le soleil brille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On y éprouve la sensation étrange d'être sur le toit du monde. On absorbe l'énergie du soleil toute la journée et l'on ne s'endort jamais, comme une pile trop rechargée qui fait des flammèches quand on la branche. On se sent whole lotta shakin' going on, si vous voyez ce que je veux dire. Pas moyen de s'arrêter d'avoir du fun.

Cela ne dure qu'un temps. Les jours finissent par raccourcir. Et le froid de l'hiver peut souffler dès la mi-août lors des premières nuits de l'été, entre une heure et trois heures du matin.

Puis vient l'hiver total. La noirceur cosmique balayée par des aurores boréales gigantesques qui nous rappellent que nous ne sommes pas grand chose dans tout ça.

Cet épilogue, fort long, ne doit pas nous faire oublier le sujet de ce récit.

Il s'agit de Tom Flanigan, un bon gars qui est né à Edmonton et qui fait des menus travaux dans les résidences de Dawson City en plus de toucher son Welfare Check.

Il doit bien avoir trente-et-un ans ou peut-être trente-trois.

Tom est plutôt grand, bien bâti et pas achalant pour deux sous.

Il aime bien siffler la chanson d'Arlo Guthrie, vous savez celle où il chante «on s'est aimé comme on se quitte» de Joe Dassin, mais en anglais. Ça donne «Good morning America how are ya?» Dans la bouche de Tom ça fait un petit peu plus cuicuicui puisqu'il ne se contente que de la siffler.

-Actually... I just don't remember the lyrics, qu'il dit, en ajoutant un hé bien canadien.

Et il continue de la siffler quand bien même nous ne voudrions plus l'entendre.

Tout ça pour dire qu'il fasse soleil ou qu'il fasse noir, que l'on soit au Yukon ou qu'on n'y soit pas, il devient nécessaire de s'entendre sur les faits et gestes de Tom Flanigan, alias le gars qui siffle toujours la même chanson de Arlo Guthrie pour le plus grand malheur de tous et toutes.

Il existe des manies bien pires.

Mais là, nous sommes vraiment sur le cas de Tom Flanigan et de personne d'autres.

Donc, pour les médisances sur autrui, on repassera.

Il fallait que ce soit dit.

Que nous soyons du Yukon ou bien d'ici, il y a des limites à ne pas dépasser quand on raconte un récit.

On ne peut pas aller n'importe où n'importe comment.

Ça prend un début, un milieu et une morale, sans quoi les lecteurs finissent par nous détester.

Pour ce qui est de la morale, eh bien, prout! je ne l'ai pas trouvée.





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