jeudi 31 octobre 2013

Fuck la politique sale du temps de Duplessis!

Je suis partagé ce matin entre les arts et la politique.

J'en aurais bien plus long à dire sur la politique, qui a le malheur de me dégoûter chaque jour un peu plus, au point de me dégager du pragmatisme pour me rapprocher toujours plus près de la démocratie directe, c'est-à-dire des thèses politiques propres aux anarchistes de gauche.

Si c'est ça la démocrosserie, solliciter le vote des invalides pour mousser son avidité électorale, je pense qu'il est temps de décrocher.. Il n'y aucune raison éthique au fait d'aller chercher un électeur chez-lui pour lui offrir un raccompagnement. Les personnes qui ne peuvent pas se déplacer devraient pouvoir voter à partir de leur lieu de résidence, par le moyen qui sera jugé le plus sûr et le plus approprié, plutôt que de laisser la chose publique se faire filouter par des crosseurs et des crosseuses d'élections. Fuck you à vous tous et toutes qui vous croyiez nobles et bons en faisant se déplacer de pauvres momies pour nourrir vos hosties de candidatures de têtes de cloches!

Tout ce qui est légal n'est pas nécessairement éthique. La fin ne justifie pas les moyens. Ce sont les moyens qui justifient la fin que l'on poursuit. Avec des moyens sales on n'atteint que des objectifs sales. Il n'y a rien à espérer des crosseurs. Rien. Ils nourrissent toutes les dérives intégristes. Ils nous dégoûtent tellement de la politique traditionnelle qu'on finira par se garrocher dans les bras du premier malade dans la tête qui semblera honnête.

Maintenant que c'est dit, parlons un peu des arts...

Hum...

Je n'ai rien à dire sur les arts, sinon que je peins comme jamais, que j'écris des tas de niaiseries et gratte ma guitare presque tous les jours. Vous verrez tout ça prochainement sur mon blogue, quand ces tabarnaques d'élections seront terminées et qu'on n'enculera plus des mouches avec le concept de la laïcité des institutions publiques, que j'approuve à 4000%. La politique est déjà suffisamment sale pour ne pas rajouter une couche de religion malpropre par-dessus le tas.

Un peu de musique nous fera du bien pour oublier un peu tout ce que je viens d'écrire pour me défouler un brin.



mardi 29 octobre 2013

Faisons sortir le vote pour le maire sortant Omer Veilleux!

Nono Gariépy se présentait au poste de conseiller municipal dans le district des Petites Patates. Nono devait son surnom au fait qu'il se l'était lui-même attribué pour faire cool avec ses chums. Il s'appelait Archibald H. Gariépy sur les affiches. C'était un couard doublé d'une poule mouillée. Et il soutenait fermement le maire sortant Omer Veilleux, une sorte de créature qui tenait autant du Joker que du Pingouin dans Batman, en plus cheap, avec un décor plutôt vert de gris et le timbre de voix d'une poulie qui grince à la Louis de Funès.

Le maire Omer Veilleux avait compris que la politique était une business comme les autres. Il s'était entouré d'une firme de marketing et d'un conseiller politique. La firme s'appelait Gogo Inc. Et le conseiller, eh bien c'était le fameux Maurice L.-Dupissat, ancien animateur de radio et ancien subalterne de la famille Desrameaux, la plus riche famille du pays. Celle dont on baise le cul pour ensuite partir au découpage du monde avec de belles idées innovantes pour les portefeuilles bien garnis. 

L'avidité justifie les moyens. Et le maire Omer Veilleux n'était pas homme à ne pas se laisser faire, heureux comme un valet de ronger les os et les rogatons de la famille Desrameaux. Il faut bien manger. Et le job de maire lui permettait de manger sur le dos des contribuables soir, nuit et matin. Et même quand il n'avait plus faim il pouvait se resservir encore, le maire Veilleux. Quand l'avidité va tout va. L'argent ne pousse pas dans les arbres. Il faut savoir rendre service aux Desrameaux et autres promoteurs verrats.

Nono Gariépy et Omer Veilleux faisaient la paire. À eux seuls ils vidaient les foyers de personnes âgées pour les faire aller voter. Ils nolisaient des autobus. Ils laissaient entendre aux proprios des foyers qu'ils pourraient laisser une lettre dans le casier de chaque résident, une lettre qui dirait par exemple que les personnes qui ne peuvent pas se déplacer pour aller voter peuvent compter sur un service de raccompagnement, gracieuseté de Omer Veilleux. Présentez-vous dans le hall d'entrée à telle heure, etc. Et c'était gagné mon kiki! 

Les vieux ne s'en plaignaient pas. Ils aimaient bien Omer Veilleux. Il avait fait patcher le trou dans l'asphalte devant le foyer, pas plus tard qu'il y a deux semaines, pour témoigner de son engagement et de sa gratitude envers les résidents. Et Nono Gariépy était un gars de la paroisse qui organisait à chaque année une tombola pour les enfants, histoire de distribuer ses dépliants et autres messages pré-électoraux.

C'est donc par centaines et milliers que nos deux hommes faisaient sortir le vote dans une ville où l'âge moyen était d'environ 58 ans. On faisait encore partie des jeunes de la relève à 45 ans, comme Nono Gariépy, tellement il y avait de monde qui avait quitté la région pour aller chercher pitance ailleurs.

-Le monde y'aime pas ça 'a chicane! 

C'était le slogan du maire sortant Omer Veilleux. 

Et Nono Gariépy était parfaitement d'accord avec ce message.

Ce n'était pas avec de la chicane que l'on bâtissait des pyramides de gypse, des colisées, des arénas et autres blocs de béton qui génèraient des enveloppes brunes pour la petite politique coutumière de cette ville de marde.

C'était vraiment une ville de marde, oui monsieur, oui madame.

On avait l'impression qu'on pouvait y faire voter autant les morts que les vivants.

Comme si la démocratie se faisait filouter.

Heureusement que Le Bien Public, le quotidien local, était sous le contrôle de la famille Desrameaux. Comme cela , il n'y avait pas de chicane. Et l'opposition pouvait bien continuer de hurler sur l'Internet que cela n'y changerait rien parce que, de toutes façons, il y a des limites à s'intéresser à de la marde.



lundi 28 octobre 2013

L'épouse du candidat qui faisait voter de vieilles dames

Moi et ma blonde nous sommes déplacés hier pour aller voter par anticipation pour les élections municipales.

Notre bureau de scrutin était situé au Séminaire St-Joseph. Il était autour de midi. Il devait y avoir une cinquantaine de personnes.

J'ai été surpris par la générosité de l'épouse d'un candidat au renouvellement de son titre de conseiller dans mon district électoral. Elle offrait des lifts aux vieilles dames qui se déplacent difficilement et prenait même une place pour elles dans la file, par pur altruisme...

L'épouse du candidat tenait la file derrière moi pour au moins quatre votes qui s'en iront probablement à son mari pour toutes ces bonnes actions désintéressées... À son mari reconnu pour voter toujours dans le sens de notre bon maire qui reluque un nouveau mandat pour battre le record de longévité de Gilles à la tête d'une ville. Vingt ans à la mairie, ouf! Faut-il qu'on soit visionnaire en pas pour rire pour être maire pendant vingt ans, hein? Y'a que ceux qui aiment la chicane pour chercher des noises aux visionnaires comme Gilles...

Évidemment, l'épouse du candidat ne parlait pas de Gilles. Elle leur parlait plutôt du fait qu'elle était l'épouse de vous savez Guy, lequel travaille fort pour faire sortir le vote, entre autres, quitte à réveiller des zombies pour qu'ils votent pour lui-même, qui travaille fort, fort, fort... Si fort...

Je ne sais pas combien de pauvres vieilles se feront donner des lifts par vous savez Guy.

Je sais seulement qu'ils n'auront pas nos votes, ni dans mon district électoral, ni pour la mairie.

Cela me pue au nez d'assister à de semblables manipulations du vote en 2013. C'est comme dans le temps de Duplessis. Faisons voter les vieilles chez elle, sans qu'elles aient à se déplacer, et mettons fin à ces méthodes discutables qui me donne bien l'envie de vomir.

Ce que je n'ai pas fait, par respect et courtoisie envers les personnes âgées.

J'ai fermé ma gueule dans la file pendant qu'elle parlait de son mari. Elle a probablement passé toute la journée à parler de son mari dans la file. Toute la journée à prendre la file pour quatre pauvres vieilles qui sauront pour Guy voter.

En ce qui me concerne, je trouve ça dégueulasse.

J'ai l'impression que la démocratie se fait filouter.

Pas vous?

vendredi 25 octobre 2013

Le jour où la Voie Lactée a été aspirée par le trou noir autour duquel elle gravite

Tout le monde jacassait à propos de tout et de rien puisqu'on approchait de quadruples élections pour placer des clowns à la tête de la chose publique.

C'était déprimant. Comme d'habitude.

Évidemment, il y avait aussi des stars et des stépettes, certes, mais bon on en parlait pas ce jour-là dans les actualités.

Et pourtant, ce qui se passa ce jour-là dépassait de loin tout ce que l'humanité avait pu se raconter au cours des âges immémoriaux.

Ce n'est pas tous les jours que la Voie Lactée disparaît dans un trou noir...

Et c'est arrivé pas plus tard que l'an dernier, ce jour-là où l'on se lançait des dépliants comme des promoteurs immobiliers pour faire valoir son beau programme.

Il y eut comme un grand flash. Un flash presque imperceptible. Et nous nous sommes retrouvés ici. C'est à dire là nous en sommes...

C'est la seule explication logique puisque là où nous nous trouvons nous sommes chauffés par quatre soleils d'un jour qui dure trois jours et par sept lunes d'une nuit qui dure six nuits...

Autre fait remarquable, il n'y a plus de chose publique. Il y a beaucoup de clowns mais le métier de politicien n'existe plus. C'est comme si tout le monde avait perdu ses points de repère, surtout les plus intégristes d'entre nous qui, par un effet quelconque du trou noir, se sont désintégrés sans doute.

De sorte qu'il ne reste que des gens moyennement gentils qui s'étonnent tous les jours des nouvelles conditions de la vie après le passage dans un trou noir. Nous sommes bien assez occupés à comprendre ce nouveau monde qu'on n'a plus le temps de jouer le jeu de l'avidité comme dans l'univers d'avant.

Oh! bien sûr que le chocolat existe encore mais comment vous expliquer... Il goûte le jus d'orange. Et le jus d'orange, eh bien il n'y en a plus. Le chocolat pousse dans des arbres mais sous la forme d'orange... Vous voyez que c'est complexe... Et on ne parle que du chocolat. Imaginez le reste...

Je suis là à vous parler hommes et femmes d'un autre univers alors que le nôtre a tellement changé... Zioup! La Voie Lactée dans le trou noir et des oranges au chocolat, des soleils, des lunes, des kangourous qui vous demandent du feu pour allumer leur cigarette, des minotaures qui dansent le charleston, des centaures qui tirent au poignet, des femmes mariées avec des chapeaux de paille, des écrevisses en souliers vernis...

Fiou! Il y a tant à faire, tant à comprendre...

Les nuits où les lunes sont basses dans le ciel, nous sommes quelques-uns à contempler les étoiles. Il y en a seulement deux dans cet univers alors qu'il y en avait un nombre infini dans l'autre. Je voudrais bien vous dire pourquoi mais la science n'existe plus. Ni la religion.

Il ne nous reste que le doute.

Et on s'en accommode comme on peut dans ce nouveau monde qui n'en finit plus d'être nouveau.




jeudi 24 octobre 2013

Du Cheminaud ou du fromage de chèvre

-Va m'charcher une grosse bouteille de Cheminaud à 'a Hesse-à-Cul pis m'en va's t'remplir ton flasque pour ta commission...

-Laquelle bouteille que tu veux Ti-Peigne?

-Ej'veux 'a plus grosse. C'est pas compliqué. La grosse bouteille de soixante onces.

-C'est parce qu'ej' m'en viens pas mal mêlé Ti-Peigne...

-Tu d'vrais arrêter d'boire.

-C'est dur d'arrêter avec un Ti-Peigne qui remplit ton verre...

-Pis qui n'a pas fini d'el' remplir si tu t'en vas m'chercher c'que j'te dis à Hesse-à-Cul.

-Tu parles-tu d'la nouvelle Hesse-à-Cul ou d'l'ancienne su' 'a rue Laviotte?

-La nouvelle sur St-Maurice, en face du Coin St-Paul...

-Proche du Bingo?

-Proche du Bingo... Oui... Une grosse bouteille de Cheminaud pour notre cardio... T'en prends une shot pis el' coeur s'met à pomper... Oui m'sieur...

-C'est-tu la même que celle-là qu'tu veux, avec l'étiquette Cheminaud?

-Oui...

-Pis si y'en n'a pas, hein?

-Y'en a tout l'temps.

-Ouin mais ça veut pas dire que tout l'temps c'est tout l'temps Ti-Peigne... L'autre jour ej' su's allé au Canadian Tire pis y'avait p'us de c'que c'est qu'ej'charchais...

-Qu'est-cé tu charchais?

-M'en souviens p'us... Ej'pense que c'était une pine pour mettre après un morceau d'robinet décrissé... C'est el'thon à Tony qui m'envoyait là...

-El'thon à Tony y connaît rien... Y'est toujours mêlé... Pis en plus i' sait pas boire!

-Ej' le sais pas Ti-Peigne mais moé ej' fais juste des commissions...

-Parlant d'commission, tu y vas-tu charcher ma bouteille ou tu y vas pas?

-Ej' veux y aller mais ej' me d'mandais si j'tais mieux d'y aller à pied ou en bécycle... Rapport qu'ej'commence à être pas mal paf moé-là... Pas envie d'me faire crisser en d'dans Ti-Peigne... I' savent qui j'su's pis i' savent qu'ej' su's saoul...

-Qui ça «i'»?

-I'... Ben eux autres... La police...

-Tu y vas-tu ou tu y vas pas m'charcher ma bouteille saint-chrême?

-J'y va's, j'y vas... En seulement qu'ej' va y aller à pied... M'en va's laisser mon bécycle icitte Ti-Peigne...

-Laisse ton bécycle icitte on s'en calisse... Pis va m'charcher du Cheminaud!

-Ok ej'fly.

***

Jeff enfourcha son vélo et s'en alla à la SAQ.

Il zigzagua jusque là puis revint avec la fameuse bouteille au bout d'une bonne heure.

***

-Veux-tu ben m'dire où c'est qu't'étais passé? Fait une heure qu'j'attends ma bouteille!

-J'ai marché à côté d'mon bécycle finalement parce qu'ej'conduisais tout croche. Pis j'ai faitte un somme devant la Hesse-à-Cul sans m'en rendre compte... Quand ej'me su's réveillé j'ai repris la bouteille pis el' bécycle pis ej' su's r'venu...

-Ok... Ok... Passe-moé ton flasque m'en va' el' remplir...

Ti-Peigne remplit le flasque de Jeff. Puis Jeff en mit un doigt dans un café que lui tendit Ti-Peigne pour qu'il puisse se ressaisir.

-Tiens... Un bon café Cheminaud... Ej' pense que t'en as besoin...

-Ej' su's pas fatigué pantoute... En seulement qu'ej' m'endors... Penses-tu que Rita voudrait qu'ej' reste à coucher chez-eux?

-Pense pas... A' trouve que t'es trop achalant...

-Comment ça trop achalant? Ah... Tu veux dire parce que j'ai essayé d'y donner un bi, c'est ça, hein?

-Ouin. A' veut rien savoir de tes bis... A' trouve que tu d'viens trop légume...

-C't'ait juste un p'tit bi d'même... parce qu'ej' la trouve fine pis toute...

-Ouin ben a' veut rien savoir de tes bis... Justement, la v'là...

-Salut les gars...

-Salut Rita...

-Vous êtes déjà partis su' l'Cheminaud à trois heures d'l'après-midi baptince?

-Ouin.

-J'ai du pain blanc chez-nous mais rien pour mettre dessus... T'aurais pas d'quoi què'que chose? Je r'çois mon chèque juste vendredi...

-J'ai un fromage de chèvre... dit Ti-Peigne tout en le sortant de son frigo.

-Parfait ça... M'en va's te le r'mettre vendredi...

-Pas d'problème Rita...

-Heille Rita, lui demande Jeff, j'peux-tu rester à coucher che'-vous rapport que j'su's trop saoul pour rentrer che'-nous en bécycle d'icitte à Champlain...

-Ah non Jeff! J'te garde pas che'-nous à soir! T'es ben qu'trop saoul pis tu vas encore vouloir m'donner des p'tits bis!

-J't'en donnerai pas des p'tits bis, promis! Hein? Laisse-moé coucher avec toé...

-Non! Ej'te dis non! Va prendre une douche ça va t'calmer...

Rita quitta les lieux avec son fromage de chèvre.

Ti-Peigne se versa un autre verre de Cheminaud.

Et Jeff conclut qu'il était temps de rentrer chez-lui rapport que Ti-Peigne aussi souhaitait qu'il décalisse pour pouvoir aller coucher chez Rita un peu plus tard dans la soirée.

-Bon ben j'va's y aller! Salut Ti-Peigne!

-Salut Jeff. Merci pour la commission pis fais attention de pas te tuer su' 'a route...

-Le pire c'est le pont... Si j'rate el' trottoir, plouffe, j'me nèye dans l'Saint-Maurice pis ej' meurs...

***

Jeff enfourcha de nouveau son bécycle. Le ciel était bas. De gros nuages d'automne flottaient ça et là.

Ti-Peigne s'est mis à chanter tout seul à tue-tête avec sa bouteille, comme un marin.

Et Rita... Rita s'est faite des toasts au fromage de chèvre.

mercredi 23 octobre 2013

Dans le Rang de Mononcle Picosse

Il est préférable de raconter une histoire dans des circonstances exténuantes. L'esprit, au contraire du corps, est aiguisé après une longue fatigue. Voilà pourquoi je vous raconterai cette histoire en relevant d'un long repos, pour que mon esprit soit un peu plus souple et moins tranchant. Il est préférable de se foutre de tout ce qui commence par il est préférable de.

Ça se passe dans l'arrière-pays, dans le Rang de Mononcle Picosse, entre le Chemin des Tracteurs et la Route forestière de la concession 23. Il y a une maison tout croche qui est retenue avec du fil de fer pour empêcher la façade de s'effondrer. Dedans cette cambuse, il y avait Elphège Hélie.

-Ah ben ej'cré ben que j'va's me l'ver pis enfiler mes overalls tabouère parce qu'el coq est pas prête de chanter vu qu'ej'ai pas d'coq! Arf! Arf!

Elphège n'avait pas d'coq, c'est vrai, et il ne se cultivait plus rien dans ce coin-là depuis belle lurette. Dans le Rang de Mononcle Picosse on trouvait seulement des vieux ou bien des gens qui vivent sur le piton tout en fabriquant leur propre baboche. La police ne passait jamais dans ce coin-là parce que ce serait dépenser du gaz pour rien. Ce n'est pas qu'on les laissait faire. C'est parce qu'on ne savait pas que ce coin-là existait, aussi bête que cela puisse paraître.

Elphège avait peut-être soixante-six ou soixante-sept ans et demi. Il avait la peau plissée comme un cul de gorille et des lunettes en fonds de bouteilles. Ses overalls étaient bleus. Et, contrairement à tous les autres gars du Rang de Mononcle Picosse, Elphège ne touchait pas à la baboche. Il buvait de l'eau de source. Et c'est pour ça qu'il mettait ses overalls le matin, pour aller quérir de l'eau de source près de la Crique des Biscuits Sodas. Tous les jours Elphège faisait cinq ou six allers retours pour s'approvisionner en eau potable parce que son puits était foutu et qu'il n'avait plus la force de manier des outils.

Alors voilà où nous en sommes... Elphège portait ses overalls bleus et allait chercher de l'eau de source comme d'habitude, à la Crique des Biscuits Sodas. Sur sa route, il ne rencontra pas de lutins, de farfadets ou d'employés de la voirie. Seulement des oiseaux et des chats.

-Ah ben j'cré ben qu'ça va être une bonne journée parce que les oiseaux chantent pis qu'les chats miaulent pas! Arf! Arf!

L'eau de source était tout aussi eau de source que d'habitude.

-Es-tu bonne c't'eau d'source-là sacrament qu'est bonne! s'exclama Elphège après en avoir bu un peu en se servant de la paume de ses mains en guise de gobelet.

Puis il revint chez-lui écouter Salut Bonjour!

Comme quoi l'on sait quoi faire pour tuer le temps dans le Rang de Mononcle Picosse.



mardi 22 octobre 2013

L'exégèse de mes lieux communs

J'ai l'insigne honneur de pouvoir m'adresser à vous, chers lecteurs et lectrices, avec une liberté qu'aucun quotidien ou feuille de chou ne saurait m'accorder. Je n'ai pas à attendre la permission de Pierre, Jean, Jacques. J'y vais à la bonne franquette, au gré de cette belle langue françoise qui n'est belle que parce que j'écris fort mal en anglais. (For sure I could write some shit-for-brain's stories but it would sound like if you were from a fucking dirty hole full of pirats and corrupted people.)

Où veux-je en venir? Je n'en ai aucune idée.

Voilà ce qui me semble formidable: ne pas savoir quoi dire et pouvoir l'écrire à la face du monde sans vergogne, dans cette belle langue françoise qui plus est. Cette langue latine mâtinée de valkyries flottant dans des piscines remplies de pouding au caramel. La langue de Tintin au Congo. La langue de Gérald Godin qui voyait des grosses tout trempe et des étols de viârges. La langue de Capitanal et de Kiwiteb quand c'était le temps de parler à Champlain ou Laviolette. La langue qui aurait pu être une toute autre langue. Une langue dans le vinaigre par exemple. Ou bien une langue de bois. Mais non! C'est la calice de belle langue françoise mes amis! Et même qu'on peut me lire en France, au Burkina Faso et en Russie, parce qu'il y en a qui n'ont rien trouvé de mieux à faire.

Selon les statistiques de Blogger, j'ai une vingtaine de lecteurs réguliers en Russie. Je ne les connais pas. Ils me connaissent peut-être mieux que moi-même maintenant. Et je les en remercie, même si je ne vois pas ce que ça change. Ils doivent comprendre la langue françoise ou bien tomber sur mon site par erreur en faisant des recherches sur Nicolas Tesla.

J'ai eu l'idée un jour d'écrire ce texte à propos de Tesla sur mon blogue et c'est de loin le plus lu d'entre tous pour une raison qui m'échappe encore...

Il est suivi de près par ce billet, L'élément chauffant...

Et en troisième position sur le podium, il y a bien sûr ces Solutions faciles pour améliorer son français en cinq minutes.

Quand je n'ai rien à dire, je parle de la langue françoise ou bien je fais l'exégèse de mes lieux communs.

It's about all I've got to tell ya today.

Take care, all of yours.

Kwey.







lundi 21 octobre 2013

Cogitations astronomiques

À moins que je ne me trompe, c'était jour de pleine lune vendredi dernier. Je le pressentais par le comportement des automobilistes et autres forcenés. C'était comme si tout un chacun avait attrapé la rage. Je n'étais pas très loin de l'attraper moi-même. Moi qui suis pourtant un authentique Roger Bontemps, un genre de gros épouvantail à moineaux toujours souriant et prêt à siffler sa chanson en toutes circonstances. Vendredi dernier, j'avais le sifflet coupé... J'étais au centre d'une réalité astronomique qui me transcende.

Je suis sorti très tôt ce matin sur mon balcon pour prendre un peu d'air. La Lune n'était déjà plus tout à fait pleine. La Grande Ourse était devant moi. Et je me demandais si c'était bien des étoiles ou bien des galaxies tous ces points lumineux que j'avais sous les yeux. Il y en avait très peu en fait puisque l'on voit très mal les étoiles en ville... Enfin! je me souviens d'en avoir vues des tas, quelque part entre le Labrador et l'Alaska.

Ma religion est simple comme bonjour. Elle ne tolère aucun rite, ou si peu que l'on peut appeler ça de la routine, histoire d'être propre derrière les oreilles et ailleurs aussi.

Je n'ai pas besoin de prêtres, de chamanes et autres diseuses de bonne aventure pour marcher en toute confiance sous les étoiles. Je sais qu'un jour je les rejoindrai sans trop savoir pourquoi ni comment.

Les religions que l'homme s'est données m'ont l'air bien petites en comparaison d'un ciel étoilé.

Je me demande s'il y a des guerres de religion parmi les fourmis, les chiens ou les toucans. Est-ce qu'ils s'étripent pour une idée sur Dieu? Et quand elles meurent, toutes ces misérables créatures, montent-elles au Ciel elles aussi pour s'asseoir à côté d'un vieil homme?

Je sens bien que les religions n'ont rien pour satisfaire ma curiosité naturelle. Elle sont trop petites pour être grandes. L'hypnose ce n'est pas ma tasse de thé. Les contes et les fariboles c'est divertissant mais je ne fonderai pas ma vie sur les exploits des fées, des lutins et des thaumaturges.

Ma vie spirituelle n'en est pas moins intense, mais elle se situe dans une relation directe avec l'infini, via mes yeux et mes autres sens. Le prêtre m'a l'air d'un éteignoir spirituel dans toutes les religions de la Terre.

Je ne comprends rien à toutes nos singeries et, plus que jamais, je regarde le monde du point de vue de Sirius.

La religion, franchement, ce n'est rien. Il y a bien plus spirituel que ça. Il y a la contemplation.

vendredi 18 octobre 2013

Comment s'éconduire dans un bar

C'était un cinq à sept tout ce qu'il y a de plus cordial. Personne ne se tirait encore la pipe et à peu près tout le monde avait le vin gai, même les buveurs de bière.

La propriétaire faisait de bonnes affaires ce jour-là. Son équipe se faufilait entre les clients pour étancher leur soif avec des mixtures qui t'assèchent les tripes. Les vendeurs de dope circulaient presque librement sans trop camoufler leurs affaires. On n'en était pas à sniffer des lignes à la table mais il y avait déjà dans l'air cette odeur de moufette.

Évidemment, les ploucs ne se seraient pas sentis à l'aise dans cet environnement.

Comme il n'y avait pas vraiment de ploucs, tout était super.

Pourtant, un plouc se présenta ce soir-là pour faire chier tout le monde.

Le gars devait avoir autour de cinquante ans et il était peigné avec une raie sur le côté. Son sourire laissait entrevoir un dentier beaucoup trop grand pour sa bouche. Ses yeux globuleux de grenouille n'étaient pas pour arranger son faciès. On peut dire qu'il avait l'air sorti d'un sketch comique de Gilles Gamache le Sumérien.

-Allo! Je vais prendre un café deux crèmes deux sucres mademoiselle... qu'il a dit à Brigitte, la serveuse, qui n'était pas du genre à apprécier le marivaudage.

-Appelle-moé Brigitte pis ça va être ben correct... qu'elle lui a répondu.

Elle n'aimait pas ce gars-là, c'était évident.

-T'as pas l'air d'l'aimer c'gars-là... lui souffla à l'oreille Gisèle, qui revenait avec son plateau chargée de verres et de bouteilles vides.

-Non hostie! I' vient icitte à tous 'es jours depuis une semaine pour nous faire chier avec sa morale de plouc... C't'un calice d'épais... Pis i' t'laisse jamais plus que trente sous d'pourboire pour son p'tit café deux crèmes deux sucres...

Pendant ce temps-là, le gars aux yeux globuleux et au dentier pesant regardait autour de lui comme s'il cherchait à parler à tout le monde. Comme le bar continuait de se remplir il fût bientôt entouré par toute une bande de fêtards du vendredi soir.

-Tu boés un  café man? C'est pas l'matin... Y'est six heures le souère... le taquina Roger l'Indien, un gars qui était toujours pas mal avancé dans ses consommations vers cette heure-là.

-Je ne bois pas d'alcool. Je ne prends pas de drogues. Et je ne fume pas de cigarettes. C'est meilleur pour ma santé! lui déclara tout de go Dentier-Pesant.

On aurait pu penser que cela s'arrêterait là. Mais non, Dentier-Pesant sentit le besoin d'en rajouter.

-Vous ne devriez pas boire d'alcool! C'est très mauvais pour la santé. La drogue aussi, c'est dangereux: on peut devenir fou! Et les cigarettes... Heureusement que c'est interdit de fumer dans les bars sinon je ne viendrais pas ici...

Tout le monde se regardait d'un air bête.

-Qu'est-cé tu fais icitte d'abord si t'aimes pas ça nous voir boire pis nous shooter avec d'la colle d'avion?

-Tout le monde a le droit de venir ici. Ce n'est pas écrit qu'il faut absolument prendre de l'alcool. Je trouve dommage que vous vous ruiniez la santé ainsi... C'est un suicide à petit feu! Il y a tellement de meilleures choses à faire dans la vie... Pff...

Brigitte n'en pouvait plus. Elle lança son torchon dans l'évier et fonça sur Dentier-Pesant.

-Écoute... Ça fait une semaine que j'te toffe mon tabarnak! Quand tu viens pas brailler ta vie de gars qui est toutte sauf pas correct, tu viens nous faire chier avec ta morale de curé. Si t'aimes pas ça boire, fumer pis sniffer d'la poudre à laver 'es toilettes, ben reste chez-vous cibouère pis fais p'us chier el' monde qui s'pointe icitte pour pas s'faire chier 'ec des sermons pis toutes sortes de pleurnichages de même! En trois mots: calisse ton camp!

-Vous n'avez pas le droit de m'obliger à partir! J'ai le droit d'être ici! répliqua Dentier-Pesant.

Deux soudeurs habitués du bar insistèrent fermement pour qu'il s'en aille.

-A' t'a dit de décrisser coq... Ça fait que décrisse!

Dentier-Pesant s'est en allé pour s'éviter une claque ou deux sur la gueule.

Et la bonne humeur revint dans le bar.

Dehors, il pleuvait.

Dentier-Pesant se sentait triste et seul. C'était chaque fois la même histoire. Il rentrait dans un bar pour prendre un café, discutait honnêtement avec la barmaid sans blasphémer ni sacrer. Jamais il ne racontait des exploits sexuels ou bien de ces lubricités innommables qui abondent dans la bouche des alcooliques et autres drogués. Il se masturbait souvent en regardant les photos de femmes en soutiens-gorges dans les catalogues féminins mais jamais qu'il en parlait à personne. Il aurait très bien pu le faire parmi tous ces saligauds qui ne respectaient plus rien.

Et pour toute ces conversations intelligentes, comment le remerciait-on? En le foutant dehors comme un vulgaire chien renifleur de remugles!

-Un jour, je me vengerai! qu'il s'est dit en lui-même, Dentier-Pesant, tandis que la pluie ne finissait plus de lui transpercer les os.

Il serait difficile de dire comment Dentier-Pesant allait se venger mais parions que ce serait en tenant un sermon ou bien en menant une campagne pour la fermeture de tous les bars, tripots et lieux de perdition.

Tout est possible avec ce genre de cancrelat. Nous ne sommes jamais trop prudents. Aussi m'apparaît-il sage de les éconduire lorsqu'ils deviennent par trop envahissants.





jeudi 17 octobre 2013

Les coutumes de ce pays

Il était une fois un pays stupide qui n'était régi que par l'avidité ou bien la foi, ce qui est encore pire.

Pour l'avidité, tout le monde partait sur un pied d'égalité, croyants comme incroyants, bleus, verts ou oranges, hommes ou femmes ou presque.

Pour la foi, ça finissait toujours mal. C'était plus abstrait que le fric. Même qu'on s'y étripait moins pour une pièce d'or que pour l'interprétation d'une phrase dans leur Livre de tartampions. Si tu avais le malheur de remettre en cause une virgule, on te lapidait sur la place publique avec des boulettes de plomb fondu. Idem si tu couchais avec ta voisine et que tu te rendais compte, un peu trop tard, que c'était plutôt ton voisin. Même si tu couchais avec ta voisine les porteurs de la foi te coupaient la queue et te la mettaient dans la bouche pendant que ta voisine se faisait lapider avec des boulettes de plomb fondu.

Ce qui fait que l'avidité revenait toujours en force, comme si l'argent, la fraude et la corruption calmaient les fanatiques et préservaient un semblant d'humanité chez ce peuple misérable entre tous. Les avides torturaient un peu moins la foule. Une perte de temps qu'ils disaient parce qu'ils ne pensaient qu'à l'argent. Ce n'est pas en tuant un débiteur qu'on se fait rembourser vingt fois son prêt.

Il y en avait bien quelques uns qui prêchaient la sagesse par l'exemple mais ils se tenaient loin de la politique et de la religion, près des frontières, prêts à quitter ce pays pour de bon.

-Ça ne va pas mieux ailleurs! disaient les avides moyens.

-Vous devez vivre selon la vieille recette écrite dans le Livre! disaient les autres crapules.

On y faisait tout de même un vin buvable, dans ce pays à la con. De même qu'un excellent potage aux champignons. Mais c'était à peu près tout. 



mercredi 16 octobre 2013

Y'a d'la nouvelle dans les nouvelles

Le prix Nobel de littérature a été remis cette année à la Canadienne Alice Munro. Elle se distingue dans l'écriture de nouvelles, un genre trop souvent méprisé tout au contraire du roman. Le roman, cette aventure longue et périlleuse qui mène parfois nulle part...

Alice Munro écrit des nouvelles que je n'ai pas avoir encore lues. Je m'engage à lire ses nouvelles d'ici peu.

***

J'ai lu bien plus de romans pourris que de nouvelles soporifiques.

Mes auteurs préférés, à peu de choses près, ont tâté de la nouvelle: Maupassant, Tchékhov, Daudet, Babel, Fréchette, Jack London, Marcel Aymé, Varlam Chalamov, Bukowski et j'en passe.

J'aime les récits sans fioritures qui nous emmènent ailleurs en quelques paragraphes clairs et limpides comme de l'eau de roche.

Je déteste lire des oeuvres où l'auteur semble s'arrêter à toutes les dix secondes pour consulter son dictionnaire. Cela paraît dans le rythme, dans le ton et dans la voix. Je dirais même dans la musique. Trop d'auteurs s'assoient sur leur lexique pour compenser l'absence de sujet intéressant.

Le récit sur le récit compense pour l'absence de récit.

Ces oeuvres, foisonnantes dans le milieu de l'éducation, sont parmi les pires pour vous donner le goût de la lecture. Elles ridiculisent la littérature en la rabaissant à du charabia ou pire encore des charades. On n'y goûte jamais la substantifique moelle de la vie ou quelque truc du genre à faire déconner Rabelais, un autre gars qui racontait des tas d'histoires drôles, comme Cervantès et tous les autres bons auteurs qui ne sont pas légions.

Il y a beaucoup de romans qui ne valent rien.

Il y a beaucoup de nouvelles qui valent de l'or en barre.

Comme L'Or de Blaise Cendrars. Un court récit qui se déguise parfois en roman. Ça va droit au but d'un chapitre à l'autre et ça se lit sans se casser le cul, comme si Popeye lui-même vous la racontait, avec un bras en moins.

Voilà pourquoi j'affectionne tant de me lancer dans l'écriture de niaiseries et autres accès de logorrhée passagère.

Je ne m'attends pas à recevoir le prix Nobel. Néanmoins, je ne m'attends à rien de moins qu'à défendre ma réputation de plus grand écrivain de nouvelles vivant du Québec. Ceux qui ne le croient pas peuvent bien aller voir ailleurs si j'essuie. Je m'en fous. J'ai raison parce que je le dis: nah!

Je sais que je ne publie presque rien. (Phoque les maisons d'édition. Y'a que des gens qui n'écrivent rien d'intéressant dans ces piaules.)

La fleur va sortir du fumier un de ces jours, y'a pas de doute. Pour le moment, tout est gratuit et je ne vous emmerde pas avec un don ou bien une contribution quelconque.

J'ai plein de nouvelles rien que pour vous et un peu pour moi aussi parce que ça m'amuse.

Je recevrai le prix Nobel en 2035 si je suis encore là. Si je ne suis plus là, laissez le prix à quelqu'un d'autre, je ne m'en formaliserai pas.

Là-dessus, je ne trouve rien d'autre à rajouter. 





mardi 15 octobre 2013

Baruch Spinoza et les pattes de lapin porte-bonheur

Prier, y'a que ça de vrai quand on a perdu sa patte de lapin porte-bonheur. On se plie en quatre et on se met à brailler au Très-Haut qu'on n'en peut plus d'être au plus bas. Ça ne marche pas à tous les coups et même que la plupart du temps le Très-Haut ne répond pas au numéro qu'on a composé. Néanmoins, ça passe le temps. Quand il n'y en aura plus, on sera mort. Ou ressuscité. Ou bien au Ciel. Ou bien nulle part.

Jocelyn-Archibald Croisetière ne priait jamais et ne portait jamais de patte de lapin porte-bonheur ou autre grigris sur lui. Il s'en allait comme ça sur la rue sans aucune protection spirituelle particulière, sinon celle de ne pas craindre le début, le milieu ou la fin de son aventure personnelle. Il s'acceptait tel qu'il ne sera jamais, Jocelyn-Archibald, c'est-à-dire avec les yeux croches, le nez mou et cette grosse bouche de glouton empoté. Pour le reste, il se débrouillait pas trop mal. Il avait du fric pour s'acheter de la crème glacée et une femme qui l'aimait parce qu'il ne priait jamais, justement. Sa femme, Jocelyne-Armande Croisette, ne se faisait pas prier pour dire qu'elle détestait les braillards et Jocelyn-
Archibald, comme il n'était jamais tout à fait là, ne pleurait jamais.

-Ne pas rire, ne pas pleurer mais comprendre! répétait Jocelyne-Armande inlassablement sans savoir qu'elle reprenait ainsi les propos de ce bon vieux Baruch Spinoza, un gars qui est mort, bien entendu, et depuis fort longtemps.

Ah ce sacré Baruch Spinoza! Un philosophe athée, qui ne portait pas de patte de lapin porte-bonheur sur lui et qui est mort comme n'importe qui, c'est-à-dire comme tout le monde. Comme quoi même les athées ne sont pas immortels.

Jocelyn-Archibald avait bien tenté de lire Spinoza, mais il le trouvait beaucoup moins drôle que John Steinbeck. On a les lectures que l'on mérite. Et les lecteurs aussi. Même si cela ne veut pas dire grand' chose quand on y repense un peu.

Tout ça pour conclure que ces deux oiseaux-là pouvaient très bien vivre sans dieux, sans feux et sans lieux. Il leur était plus difficile de se passer du chou parce qu'ils aimaient bien ça. Idem pour les patates, en frites ou en purée.

Ils n'étaient pas très portés sur les grigris, ça non.

lundi 14 octobre 2013

C'est fou, mais c'est tout

Je vais être bref. C'est le jour de l'Action de Grâces et il me semble malséant que de vous emmerder avec de la prose pas trop réfléchie. Voilà pourquoi je m'abandonne au clavier pour ne rien dire, sinon raconter la première niaiserie qui me vient à l'idée. Elle prendra l'apparence d'un conte zen pour les uns et d'un truc de zinzin pour les autres.

Le décor, c'est le Super C, communément appelé Super Calice chez les autochtones du district de Marie-de-l'Incarnation, toponyme associé à une célèbre propriétaire d'esclaves du lieu dict des Trois-Rivières.

Une faune étrange se ramasse au Super C de la rue St-Maurice, qui pour y fumer une cigarette, qui pour mendier devant le Dollarama.

Plus rien n'étonne qui que ce soit dans le quartier. C'est devenu pauvre comme de la gale. Les usines sont toutes fermées et reconstruites au Mexique depuis longtemps. Il n'y pousse que des bazars, des marchés aux puces et des bunkers d'Ali Baba.

Ce sont tous du bien bon monde, évidemment, et je les connais presque tous par leur petit nom. J'aime bien parler avec des gens hors du commun parce que je suis moi-même un drôle de personnage. D'où ma fascination envers tous ceux et celles qui sortent de l'ordinaire et qui fument des vieux mégots trouvés par terre.

Dont ce gros monsieur ou cette grosse madame hier, au sexe indéfini, bien assis sur le siège de son vélo avec une tapette à mouches dans les mains qui lui tenait lieu de spectre avec lequel Sa Majesté s'attaquait aux mouches et autres guêpes qui tournaient autour d'elle.

Ce n'était pas grand chose, j'en conviens, mais cet événement tout niaiseux, tout ridicule, eh bien ça me colle à la tête plus que n'importe quel discours politique ou sermon religieux.

Je dois être fou. Et je ne me soigne même pas.

C'est tout. 

Robbob et ses amis le 15 novembre prochain à Trois-Rivières


Le show de Robbob et sa gang est reporté au 15 novembre.
J'ai modifié l'affiche en conséquence.

Le spectacle était initialement prévu pour la Toussaint.

Voilà.

Page Facebook de Robbob & Limoilou libre.

jeudi 10 octobre 2013

Oua Ginette!

On l'appelait Ginette parce qu'elle s'appelait Ginette. C'était dur à croire puisqu'elle n'avait que trente ans. Ginette est un vieux prénom que l'on rencontre chez les gens d'un certain âge, comme sa mère par exemple. Sa mère qui aimait tellement Ginette Reno qu'elle appela sa fille Ginette pour lui rendre dommage.

On l'a écoeurée pendant toutes ses études avec son prénom.

-Oua Ginette! qu'on lui disait tout le temps. Oua Ginette!

Et Ginette capotait, bien entendu. Un jour elle les a tous pourchassés avec un extincteur avec lequel elle menaçait de leur fracasser le crâne. Ce qui fait qu'ils n'osèrent plus jamais lui dire oua Ginette à moins de se situer à une bonne distance. Comme Ginette était aussi un peu dure de la feuille congénitalement parlant, elle ne les entendait plus du tout. Elle put ainsi poursuivre simplement sa scolarité, jusqu'au point de devenir une pianiste de réputation internationale.

Comme c'était aussi une belle femme, Ginette, elle fit les manchons tout autant que les manchettes. Tout le monde voulait s'acheter un manchon griffé Ginette Inc. C'est que Ginette était aussi une femme d'affaires redoutable en plus de savoir glisser ses doigts sur des touches de piano.

Elle ne croise jamais ses anciens camarades de classe et si d'aventure cela se produisait, Ginette ne leur parlerait même pas, nah! seulement pour leur rappeler qu'il est fini le temps où tout le monde lui disait oua Ginette, tu pues, va t'torcher et toutes ces sortes de niaiseries.

Ouais Ginette. Ouais!

mercredi 9 octobre 2013

Stoïque

Je ne vous donnerai pas un cours à propos du stoïcisme. J'ai commis quelques études en philosophie et je risquerais de prendre un tour didactique, ce qui ne me va pas très bien.

Je vais plutôt vous parler d'une attitude face à la vie. Et cette attitude repose sur un caractère stoïque, une âme suffisamment forte pour affronter tous les aléas de l'existence.

Épictète était stoïque. Il était l'esclave d'Épaphrodite, un affranchi de l'empereur romain Néron . Un jour, sur un coup de tête, Épaphrodite cassa la jambe d'Épictète. Ce qui fait qu'il se mit à boiter.

Que pouvait-il faire contre son maître et toutes ses exigences folles? Demeurer stoïque. Ce qui ne signifie pas de se résigner, mais de ne pas se laisser happer par des exigences folles, quitte à en perdre l'usage d'une jambe. L'âme doit être plus forte que le corps, par défi, pour que la vraie force se réalise devant ces maîtres de rien du tout puisqu'ils ne savent même pas se gouverner eux-mêmes.

Sénèque aussi était stoïque. Il enseignait à Néron, cet empereur réputé pour faire brûler Rome en jouant de la lyre, un débauché qui baisait avec sa mère, bref le plus mauvais élève que l'on puisse avoir. Que pouvait-il faire contre Néron? Rien. Et il se suicida sur l'ordre de Néron.

La vie était particulièrement sale à cette époque. Il nous est cependant resté quelques témoignages de personnes qui se sont montrées plus fortes que la foule qui applaudissait les lions en train de déchiqueter des humains au Colisée.

Ils étaient stoïques ou stoïciens...

Chez mes ancêtres anishnabés on dit souvent qu'il faut toujours être prêt en tout temps pour chanter son chant de la mort. Être toujours prêt à affronter le pire sans broncher, en répétant inlassablement le même refrain jusqu'à ce que soit bel et bien terminé.

Bon... On dirait que je suis en train de donner un cours ou bien de livrer un sermon.

Je m'arrête ici pour notre plus grand bien à tous.

lundi 7 octobre 2013

La page 334

Tout abruti qui se respecte finit par se lasser de trouver des réponses à des questions incessantes.

La religion intervient dans la vie des hommes pour les dispenser d'élaborer des réponses. Il n'y a qu'à prendre le livre et de l'ouvrir à n'importe quelle page pour y trouver une fadaise qui justifie n'importe quoi. Au pire, on pourrait se rabattre sur les proverbes.

***

-J'ai envie de chier! dit Untel.

L'abruti qui ne sait pas trop quoi répondre n'a qu'à piger dans son répertoire de réponses pour ne pas demeurer las et sans voix.

-Il est écrit tu chieras quand te l'indiqueras l'Éternel ton Dieu... Noir sur blanc. À la page 334. Deuxième paragraphe. Là.

L'avocat de passage ne ferait pas mieux.

-Rien n'indique qu'il y ait une prescription légale à propos de la défécation sinon celle de ne pas troubler la voie publique... Selon l'article untel, à la page 334, il pourrait y avoir là un cas d'obscénité...  dans la mesure où l'individu se livre à cela en public... bien entendu...

Voilà où nous en sommes rendus.

Plus moyen d'avoir une envie de chier sans qu'un inopportun vienne nous embêter avec la page 334 de son bréviaire de scribe du dimanche.

Je ne rentrerai certainement pas dans les annales de la philosophie québécoise pour cette démonstration par A plus B qu'il n'y a plus moyen de  vivre sans que l'on se mette à tergiverser sur la page 334.

Tiens, seulement pour ne pas me tromper, je m'en vais prendre un livre dans ma bibliothèque, n'importe lequel pourvu qu'il ait plus de 335 pages.

...

Voilà! Je suis revenu...

Ma patrie m'a beaucoup plu. Un matin ensoleillé, j'ai pris la plume et lui ai écrit. Pourquoi à elle, je l'ignore! Parfois on éprouve le besoin de posséder un ami, et c'est le besoin que j'avais éprouvé, ajouta-t-il après un silence.

C'est à la page 334 de L'Idiot de Dostoïevski. Texte intégral de la bibliothèque Marabout. Traduit par N. Poltavtzevet et F. Martin. L'année d'édition n'apparaît nulle part. Je parie pour 1956.

Bon, ce n'est pas très clair mais il y a moyen d'en faire une exégèse potable quand on n'aura rien de mieux à faire.

Ce qui n'est pas le cas en ce jour d'hui.

Merci beaucoup.






dimanche 6 octobre 2013

Quand le soleil dit bonjour aux Yukonois

Quand le soleil se couche il ne faut pas s'attendre à ce qu'il se lève tout de suite.

C'est vrai dans la plupart des cas, sauf dans le Grand Nord.

Il arrive autour du 21 juin que le soleil ne se couche plus à Dawson City.

Le climat semi-désertique nous offre souvent ce ciel bleu cobalt et sans nuages où le soleil brille vingt-quatre heures sur vingt-quatre. On y éprouve la sensation étrange d'être sur le toit du monde. On absorbe l'énergie du soleil toute la journée et l'on ne s'endort jamais, comme une pile trop rechargée qui fait des flammèches quand on la branche. On se sent whole lotta shakin' going on, si vous voyez ce que je veux dire. Pas moyen de s'arrêter d'avoir du fun.

Cela ne dure qu'un temps. Les jours finissent par raccourcir. Et le froid de l'hiver peut souffler dès la mi-août lors des premières nuits de l'été, entre une heure et trois heures du matin.

Puis vient l'hiver total. La noirceur cosmique balayée par des aurores boréales gigantesques qui nous rappellent que nous ne sommes pas grand chose dans tout ça.

Cet épilogue, fort long, ne doit pas nous faire oublier le sujet de ce récit.

Il s'agit de Tom Flanigan, un bon gars qui est né à Edmonton et qui fait des menus travaux dans les résidences de Dawson City en plus de toucher son Welfare Check.

Il doit bien avoir trente-et-un ans ou peut-être trente-trois.

Tom est plutôt grand, bien bâti et pas achalant pour deux sous.

Il aime bien siffler la chanson d'Arlo Guthrie, vous savez celle où il chante «on s'est aimé comme on se quitte» de Joe Dassin, mais en anglais. Ça donne «Good morning America how are ya?» Dans la bouche de Tom ça fait un petit peu plus cuicuicui puisqu'il ne se contente que de la siffler.

-Actually... I just don't remember the lyrics, qu'il dit, en ajoutant un hé bien canadien.

Et il continue de la siffler quand bien même nous ne voudrions plus l'entendre.

Tout ça pour dire qu'il fasse soleil ou qu'il fasse noir, que l'on soit au Yukon ou qu'on n'y soit pas, il devient nécessaire de s'entendre sur les faits et gestes de Tom Flanigan, alias le gars qui siffle toujours la même chanson de Arlo Guthrie pour le plus grand malheur de tous et toutes.

Il existe des manies bien pires.

Mais là, nous sommes vraiment sur le cas de Tom Flanigan et de personne d'autres.

Donc, pour les médisances sur autrui, on repassera.

Il fallait que ce soit dit.

Que nous soyons du Yukon ou bien d'ici, il y a des limites à ne pas dépasser quand on raconte un récit.

On ne peut pas aller n'importe où n'importe comment.

Ça prend un début, un milieu et une morale, sans quoi les lecteurs finissent par nous détester.

Pour ce qui est de la morale, eh bien, prout! je ne l'ai pas trouvée.





jeudi 3 octobre 2013

Les taches solaires et les Terriens qui s'étripent les uns les autres

Les taches solaires ne sont pas au rendez-vous comme il était prévu suite au dernier cycle d'éruptions sur notre étoile. Que se passe-t-il? Les astronomes n'en savent trop rien.

Pendant ce temps, sur la Terre, on s'étripe comme d'habitude, sans suivre de cycle particulier.

mercredi 2 octobre 2013

Crucifix décâlisse!

Des manifestantes Femen se sont pointées hier à l'Assemblée Nationale. Elles avaient les seins nus et elles criaient «Crucifix décâlisse!»

D'aucuns les traiteront de folles ou de sorcières. Les suffragettes sont déjà passées par là. Si on ne se fiait qu'aux gens tristes et raisonnables pour changer les choses on vous pendrait pour avoir volé un oeuf dans la forêt appartenant au Marquis de Moncul.

Ce sont les fous qui changent les choses, surtout les choses publiques.

Le projet de Charte des «valeurs québécoises» ne va nulle part compte tenu de son étroitesse de vues. La laïcité y est défendue du bout des lèvres. On y parle bien plus des «valeurs québécoises», dont le beau crucifix de l'Assemblée Nationale, que l'on y parle de laïcité. Cela ressemble plus à une croisade électoraliste qu'à une action positive pour la laïcisation de nos institutions, à laquelle j'associerais aussi des changements toponymiques majeurs sur l'ensemble du territoire québécois. Il n'y aucune raison de maintenir ces Saint-Laurent, Saint-Maurice et Saint-Frusquin dans les appellations de nos lieux. Qu'on en revienne à la poésie des Premières Nations: le Fleuve aux grandes eaux, la Rivière de l'enfilée d'aiguille et tout ça en langue algique pour que l'on sache d'où tout est parti sur l'Île de la Tortue.

Je n'ai rien contre Jésus. Cependant le crucifix ne représente pas tant sa sagesse que les oppresseurs de la liberté, c'est-à-dire les exécutants des basses oeuvres de l'Inquisition catholique. Quand je vois un crucifix, je vois Giordano Bruno en train de brûler sur un bûcher.

Au Québec, les femmes ont bien plus souffert des serviteurs du crucifix qu'elles n'ont souffert de l'Islam, religion implantée récemment qui a ses modérés et ses extrémistes, comme dans le catholicisme, et qui ne touche qu'une faible portion de la population.

On a longtemps traité les femmes québécoises comme des truies reproductrices. Les femmes devaient faire leur devoir envers leurs maris. Elles devaient se pencher même si messieurs rentraient saouls et puaient la marde. Pas question de divorcer. Ni de voter. Ni d'avoir un compte bancaire. Sagesse du crucifix...

Il aura fallu attendre jusqu'en 1942 pour que les femmes obtiennent le droit de vote au Québec. Cela ne fait même pas cent ans. Le drapeau du Québec est venu deux ans plus tard. Une croix blanche avec les fleurs de lys de la monarchie française. Encore la croix, le crucifix et la Normandie...

Le crucifix n'est pas nécessaire à l'Assemblée Nationale. À César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. Dieu n'est pas là pour servir de caution morale à la députation. Et César n'est pas très apprécié des héritiers des Gaulois.

Qu'on décroche le crucifix.

Et que l'on se donne aussi un autre drapeau tant qu'à faire.

Le vert blanc rouge conviendrait très bien. On peut même y rajouter plusieurs autres couleurs si l'on veut faire original. Nous ne sommes pas tenus de bégayer l'histoire qui, de toutes façons, est toujours à réinterpréter pour chaque génération.





mardi 1 octobre 2013

Directement de mon atelier encore une fois

On m'a toujours dit de ne pas rêver en couleurs. Tout ce qu'on m'a dit de ne pas faire, je l'aurai fait en défiant cet énorme trou noir qui règne au centre de notre galaxie. Oui, j'allais rêver en couleurs, jusqu'à en mettre sur les murs s'il le faut.

Vous pouvez voir ici quelques échantillons de ma production récente. Je vous livre tout ça simplement, à la bonne franquette, sans organisation ni Photoshop.

La chute d'eau en exergue de ce billet a été peinte directement sur le mur du sous-sol où se trouve mon atelier. J'ai obtenu l'aimable autorisation de mon propriétaire, évidemment. C'est ce que je contemplerai désormais chaque fois que je m'en irai peindre puisque mon chevalet est placé devant. Je me sens moins dans un sous-sol avec cette chute, ces arbres, cette ourse grizzli, ces oursons, ces saumons. C'est sorti tout droit de ma tête. Sans doute une réminiscence de mes voyages dans l'Ouest, du temps où je traînais mon barda entre Vancouver et Whitehorse.


Un autre souvenir s'est incrusté sur cette toile ronde qui apparaît ovale ici parce que l'angle de vue de mon iphone n'était pas très bon. On voit un type tout nu en train de lire un livre sur une motte de terre en suspension. Il y a derrière des nuages jaunis par le soleil. Cela me rappelle curieusement mon enfance, du temps où je m'isolais pour lire toutes sortes de trucs. J'oscillais alors entre Charles Darwin et les Rubriques à brac de Gotlib. 

Les lecteurs et lectrices assidus de mon blogue se souviendront sans doute de cette cathédrale que j'ai peinte en direct cet été. J'y ai ajouté de petits personnages. Elle s'en va vers l'étape de l'application du vernis, comme la toile ronde-ovale et la fresque. 

Les amateurs d'art & de bon goût sont toujours les bienvenus chez-nous pour m'acheter tout ça, sauf la fresque bien entendu.

Mon atelier-galerie d'art Simplement est là pour vous accueillir.

Pour une visite, une commande ou bien une réservation, vous n'avez qu'à m'écrire un courriel:



Maintenant que c'est dit, entendons un petit quelque chose pour rêver en couleurs.