lundi 16 septembre 2013

La poésie du Docteur Jivago

Le Docteur Jivago fait partie de la liste des personnages de la littérature qui m'inspirent le plus.

Youri Jivago naît poète à l'enterrement de sa mère, dans le film de David Lean comme dans le roman de Boris Pasternak. Le jeune Youri est triste et ses yeux sont fixés sur le scintillement des rayons du soleil entre les branches. Il y perçoit l'infini qu'il tentera bientôt de coucher sur le papier et de vivre jusqu'aux bas-fonds de la vie. Cet infini qui s'incarne dans ce que certains appellent encore la poésie.

Au-delà de son histoire d'amour avec la blonde et rêveuse Lara, une âme semblable à la sienne, il y a le destin d'un homme face aux autres. Nous autres ou bien eux autres... Le Docteur Youri Jivago est bientôt happé par la guerre puis par la révolution. Au lieu de tuer, il soigne des vies. Au lieu de haïr, il aime à s'en cracher les yeux. Au lieu de penser en slogans, il écrit des vers.

Soigner des vies, c'est bien camarade, mais pas celle de ces fumiers...

Aimer, c'est bien. Mais il faut haïr son ennemi camarade... Et l'amour est un autre mythe bourgeois, n'est-ce pas? Une autre tactique pour garder son bétail tranquille...

Les slogans sont tout, camarade... Tes vers sont futiles Jivago. Parler des bouleaux et des beaux sapins de nos forêts quand les Blancs étripent nos camarades... quand la bourgeoisie internationale et cosmopolite menace la Patrie... 

On devrait te fusiller Jivago... On ne te laisse vivant seulement parce que tu es naïf et bête... Mais tiens bien ta langue, connard, parce que tu es quand même un fils de bourgeois, un type en qui on ne peut pas vraiment faire confiance... Tu piges? 

Docteur Jivago est une figure quasi christique qui passe par toutes les épreuves en préservant en lui-même la flamme d'un idéal hautement humaniste, humble et respectueux d'autrui.

On les imagine tous en train de se foutre de sa gueule. Quel connard peut bien écrire des vers en pleine révolution?

Pour qui se prend-t-il, ce Youri Jivago?

Il ne se prend pas pour le soldat d'une idée fixe. Il reconnaît qu'il faut combattre la pauvreté, la misère et la souffrance. Et il mène ce combat à pleines mains, sans armes ni fusils, comme un ange qui passe et surpasse l'enfer.

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