mercredi 12 décembre 2012

D'une digression à l'autre pour mieux se délier les doigts

Décembre est un mois qui pousse à une douce nostalgie quand le paysage tourne à la blancheur. Cette nouvelle luminosité a quelque chose de fantomatique. Comme s'il y avait dans l'air un parfum d'au-delà. S'imagine-t-on le Ciel autrement que sous les couleurs bleues et blanches de l'hiver? Rêve-t-on d'un Paradis constitué de matières organiques qui meurent et renaissent?

Je n'entends pas faire ici un exposé métaphysique.

Je pose des questions sans réponses.

Je me laisse aller au gré du vain.

Cela me rassure de penser à toutes sortes de choses totalement inutiles.

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Mon frère m'a donné Pour saluer Victor Hugo, un essai de Victor-Lévy Beaulieu alias VLB. Je ne suis pas rendu plus loin que la page 34 mais déjà je trouve une parenté littéraire avec certaines pages de Nègres Blancs d'Amérique de Pierre Vallières. Ces pages de Vallières où il parle de son enfance dans Cartierville, un quartier pauvre de Montréal. Une enfance sauvée en quelque sorte par la littérature... et l'idée de faire la révolution au Québec. C'est là que Vallières devient poche et que son livre, tout de même écrit en prison, prend une tournure un peu trop Mon Combat.

Il n'y a pas de cela dans Pour saluer Victor Hugo. Il y a, jusqu'à la page 34, une enfance sauvée par la littérature et pas encore souillée par le militantisme politique et son froid bagage lexical.

Mon frère m'a recommandé cet essai de VLB sans doute parce qu'il croyait que nous nous reconnaîtrions, enfants d'un quartier pauvre, à courir les bibliothèques comme autant de havres de paix dans un monde qui semblait avoir un couteau entre les dents.

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Nous n'étions pas riches, c'est vrai. Mais nous étions en quelque sorte les plus riches du coin. Mes parents menaient une vie simple et il y avait toujours quelque chose à manger, malgré les longues grèves de l'aluminerie Reynold's où mon père travaillait. Ils se sacrifiaient pour nous. Ils nous aimaient  et ils s'aimaient vraiment l'un l'autre, ce qui n'est pas rien.

Nous ne nous rendions compte de la pauvreté puisque tout le monde était pauvre dans le quartier.

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Bon. Assez de nostalgie. Je n'ai rien écrit depuis jeudi dernier sur ce blogue. J'ai besoin de me dérouiller les doigts ce matin. Le sujet ne vient pas facilement, ni le verbe, ni le complément. Je digresse, comme un moulin à paroles emporté par un cyclone numérique.

Je vous laisse sur une vieille photo de famille fraîchement numérisée. 

C'est pour la postérité. 

On voit sur la photo, de droite à gauche: un inconnu, ma grand-mère Valéda, mon grand-père Rodolphe et une autre inconnue. Ces inconnus sont sans doute des gens très appréciés. Ils sont peut-être à Ste-Clothilde-de-Horton pour une raison qui m'échappe. C'est une photo qui date peut-être de 1952.








1 commentaire:

  1. C'est une photo qui ressemble à celles qu'on trouve chez ma mère, dans son album de famille.....et quelque chose me dit que j'ai intérêt de lui faire identifier tout le monde, avant qu'il ne soit trop tard......

    Les bibliothèques sont toujours des havres, toujours ; les tempêtes s'y brisent, mais on y est à l'abri.

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