vendredi 30 novembre 2012

Photo de famille

Je m'amuse à numériser les photos de l'album de famille. C'est pour la postérité.

On voit ici feu mon père en train de malaxer je ne sais trop quoi. La photo doit dater de 1966, j'imagine, deux ans avant ma naissance. Cet homme que l'on voit ici sur la photo est déjà le père de deux garçons. 

Cela me rappelle combien je suis comme lui.

Il n'était pas fin cuisinier, mon père. Il faisait plutôt des frites, des grilled-cheese et des hot-dogs. Néanmoins il aimait se risquer parfois dans le domaine du gâteau blanc. C'est ce que me rappelle cette photo de mon père avec cette fameuse mixette qui a bien dû faire partie de l'environnement familial jusqu'en 1989.

Je le revois en train de mélanger du lait, huit oeufs, une livre de beurre, deux tasses de sucre, deux tasses de farine, huit cuillerées de poudre à pâte, le tout généreusement arrosé d'essence de vanille artificielle... Ce n'était pas un gâteau qui sortait du four, mais un bloc de béton à la vanille. Et j'avais l'insigne privilège de pouvoir le manger tout seul parce que personne n'aimait ça, sinon mon père, par pur orgueil -ou bien par gloutonnerie, comme moi...

Cette photo qui ne vous dit pas grand' chose me parle plus que bien d'autres que j'ai numérisées récemment dans le cadre de ma grande corvée d'archiviste familial.

Vous n'étiez pas obligés de me lire.

Désolé pour cette petite nostalgie qui m'agace tant chez les autres.




mercredi 28 novembre 2012

Freddy le papillon

Il était une fois un papillon qui s'appelait Freddy.

C'était un papillon dégueulasse, pas beau à voir, avec une aile plus courte que l'autre.

Freddy prenait tout son temps. Il était rendu au terme de sa vie après avoir vécu des années en tant que larve et chenille. Il avait mérité ses galons de papillon, même s'il n'était ni le plus beau, ni le plus costaud, voire pas grand chose au vu et au su de son espèce.

C'était un papillon bâtard, Freddy. On y perdait son latin. Aucune étymologie scientifique ne lui collait aux ailes. C'était un vulgaire papillon, Freddy. Incolore. Inodore. Quelque chose de diaphane en peau de bouledogue.

Il n'en virevoltait pas moins et tirait son coup comme il se doit chez ces insectes.

N'empêche que Freddy n'était pas vite. Il avait tant rampé au cours de sa vie de chenille qu'il ne se voyait pas faire autrement que de profiter de douces envolées au soleil, avec un minimum de battement d'ailes. Les prédateurs le trouvaient tellement dégoûtant qu'il pouvait voler sans danger, Freddy. Personne n'en aurait manger dans tout le règne animal.

Tout finit bien par finir. Et il fallut que Georges Ringuet passe par là pour que Freddy en finisse.

Georges Ringuet est ce fameux chasseur de papillons qui fait des émissions à la radio à propos de ses voyages jusque dans les endroits les plus reculés du monde pour trouver des papillons aussi laids que Freddy. Georges attrapa Freddy à Repentigny.

Il marchait aux abords de l'autoroute 40 lorsqu'il captura Freddy entre ses deux doigts, sans même sortir son fameux filet.

Freddy mourut de peur instantanément rien que de voir Georges.

C'est vrai que Georges n'était guère attrayant, même pour le plus laid des papillons.

Georges ramena Freddy à la maison. Il lui fit un traitement spécial pour sa conservation. Puis il l'épingla sur un mur de liège synthétique.

Freddy ne semblait dire rien de spécial.

Il était mort.

Et Georges? Il était mort de rire. La radio prolongea son contrat. Il fit même une émission spéciale rien qu'à se moquer de la laideur de Freddy.

-C'est le plus laid des papillons que j'ai attrapé au cours de ma vie! Un air de peau de bouledogue décoloré... Yark! Ha! Ha! Je l'ai attrapé entre mes deux doigts, couic! Y'est tellement laid! Allez voir ça sur ma page Facebook... Butterfly Catcher... Hi! Hi!

Ce n'est pas bien de se moquer des morts.

Tous les papillons morts de la planète maudirent Georges Ringuet.

Tant et si bien que l'âme des papillons morts pénétra un jour dans la tête de Georges Ringuet, alors qu'il était occupé à épingler de nouvelles victimes sur du liège synthétique.

Cela commença par un picotement dans le nombril. Puis il s'est mis à battre des bras comme s'il était un papillon, Georges.

Ringuet passa plusieurs jours à battre des ailes, sans boire ni manger, jusqu'à ce qu'il s'effondre, raide mort.

Des voisins avisèrent les autorités publiques d'aller voir dans le garage de Georges parce que ça sentait un peu plus mauvais que d'habitude.

Georges était mort. Dans sa danse frénétique de papillon halluciné, Georges avait pété le panneau où se trouvait épinglé Freddy. Il fit un dernier vol jusqu'à la bouche de Georges, comme ça, par hasard.

Il n'y avait rien de miraculeux dans tout ça puisque tout le monde sait bien qu'il ne faut pas niaiser les papillons.


mardi 27 novembre 2012

Après les maires de Montréal, Laval et Toronto: aux suivants!!!

Le maire de Toronto Rob Ford a été destitué hier.

C'était une autre icône de la droite, un fort en gueule rétrograde qui voulait diriger Toronto à coups de pieds au cul.

Il est out. Comme Tremblay et Vaillancourt.

Rob Ford a été destitué suite à une plainte d'UN SEUL CITOYEN.

Il ne suffit que d'UN SEUL CITOYEN qui n'est pas trop bouffé par le temps à perdre en cour pour destituer un maire.

Rob Ford prétend que c'est un complot gauchiste alors que, pour une fois, un conflit d'intérêt est reconnu comme un acte vraiment criminel.

Paul Magder est un héros. Il est ce seul citoyen qui permet à la démocratie de fonctionner de temps à autres.

Ce n'est pas un complot gauchiste, gros crétin ignorant, c'est la loi, la loi qui te dis que tu as agi en voleur et un bandit qui ne mérite pas de diriger une ville.

***

Y'a-t-il un seul citoyen à Mascouche, Québec ou Trois-Rivières? Un seul, hum?

How can we do that, eh? What's the first step, Mister Madger?

lundi 26 novembre 2012

Ça ne sert à rien de planer au-dessus de soi-même

Tout le monde sait bien que novembre est le mois des morts.

Vladek le savait aussi. Sauf qu'il se trouvait dans la position du mort. Il flottait au-dessus de son cadavre, Vladek, et il se voyait affalé dans son fauteuil, le dentier sur le plexus, la langue pendante, les yeux exorbités...

Il était au-dessus de lui-même et il se disait: «je suis mort».

Sa vie n'était pas tant palpitante mais sa mort n'avait rien de spécialement joyeux. Il flottait, certes, mais tout ce qu'il voyait c'était son lui-même qui était fin mort.

Tant qu'à ne rien faire, Vladek réintégra son corps qui se mit à faire la danse du bacon.

Ça remuait fort dans le fauteuil. Brrr...rrr...Oyoyoye! Le courant était rétabli. Tous les membres se mirent à bouger à droite et à gauche. Le dentier fit un bond sur le bedon et, hop! Vladek le récupéra dans sa bouche en un tournemain.

Vladek se mit à vomir deux ou trois fois puis il se leva comme Lazare pour aller chercher une autre bière dans le frigo histoire de se requinquer.

Comme quoi la vie et la mort sont très relatifs. Que l'on s'appelle Vladek ou Luc, c'est toujours pareil.

Planer au-dessus de soi-même, ça sert à quoi, hein?

mercredi 21 novembre 2012

L'important c'est le principal

Heureusement qu'il n'y a pas que la guerre et la politique dans la vie, autrement on aurait l'impression d'être sur terre pour vivre comme l'espèce la plus détestable de tous les mammifères.

Il y a plein de bonnes choses dans la vie. Comme par exemple les pommes. C'est bon des pommes. Qui n'en mangerait pas, ne serait-ce que dans une tarte?

Nous pouvons donc conclure que les pommes et les tartes aux pommes sont de bonnes choses dans la vie.

Il y a plein d'autres bonnes choses, mais bon on ne vit pas que pour en parler. Quand on les vit, on ne ressent pas vraiment l'envie d'écrire, de décrire ou bien de lire. Ce sont-là des occupations pour meubler les temps morts entre les repas, le travail ou le sommeil.

Évidemment que je délire. Pourquoi m'en priverais-je? Je sais bien que le monde est sale, laid, corrompu. Je le sais et je le combats tant bien que mal pour être encore capable de me regarder dans le miroir et me trouver un peu moins niais.

Cela dit, il y a plein de bonnes choses dans la vie, oui.

Et plein de mauvaises choses aussi sans doute.

L'important c'est le principal.

C'est ça qui est ça.

Qu'est-cé qu'vous voulez qu'ej' vous dise?

mardi 20 novembre 2012

La fresque de la Côte-à-deux-fesses

Le Nouvelliste a publié cette semaine un texte d'opinion de Lévis Martin à propos de la fresque et des frasques sur la Côte Plouffe, dans la foulée des textes de Martin Francoeur et François Houde parus sur le même sujet.
   Je voudrais apporter mon petit grain de sel. Pardonnez-moi cette vanité.
   C'était dans le temps des Fêtes du 375e anniversaire de Trois-Rivières. Un regroupement d'artistes m'avait envoyé une invitation à participer bénévolement à la production d'une oeuvre d'art murale sur la Côte-à-deux-fesses. J'avais décliné l'invitation par principe. Pendant les Fêtes du 375e on payait les éclairagistes, les techniciens du son, les musiciens, les chanteurs, les acrobates et autres travailleurs du spectacle. Je me disais qu'on pouvait aussi payer les barbouilleurs de Trois-Rivières.
   On préféra en haut lieu de confier un contrat monumental à un type qui n'avait jamais entendu parler de la Côte-à-deux-fesses au cours de sa vie. Le pauvre gus ne demandait pas mieux que de gagner sa vie. Et on comprend facilement qu'il ait manqué d'inspiration. Son oeuvre ressemble trop aux goûts de ses clients qui jouent aux mécènes, metteurs en scène et despotes de village. C'est une murale terne, avec les armoiries de la Ville, Duplessis et autres trucs qui me rendent nostalgique de la Côte-à-deux-fesses à peu près vierge d'avant les frasques de la Ville.
   Avec l'Escalier, l'Amphithéâtre et la Fresque, on peut dire que la Ville s'enfonce toujours un peu plus dans la caricature.
  Nos artistes locaux continuent leur bénévolat.
  Le crématorium n'a jamais été aussi bien éclairé sur la Côte Plouffe. On y voit les étoiles briller un peu moins fort la nuit, mais les étoiles ne génèrent pas de l'activité économique, tout le monde sait ça...


lundi 19 novembre 2012

N'importe quoi

Je me baladais avec ma blonde en fin de semaine quand je suis tombé sur une banderole qui annonçait la semaine des camionneurs.

Je n'ai rien contre les camionneurs. Mais je me suis demandé pourquoi l'on entend souvent parler de la semaine des secrétaires, de la semaine des camionneurs ou bien de la semaine des chauffeurs d'autobus. On n'entend jamais parler de la semaine des préposés aux bénéficiaires, de la semaine des plongeurs de restos, de la semaine des vidangeurs de fosses septiques...

Je sais pourquoi. C'est parce que les camionneurs, les chauffeurs d'autobus et les secrétaires écoutent majoritairement la radio Rote-Matante au travail, laquelle fait largement la promotion de ces semaines à la con pour vendre de la pub.

-Vous z'achèteriez pas une p'tite pub pour la semaine de VOTRE secrétaire, hum?

Ils se font tous embobiner par cette grosse bouche. Que voulez-vous. Et hop! L'argent rentre dans la caisse. 

Et la semaine des préposés aux bénéficiaires? Radio Rote-Matante n'obtiendrait qu'une pub nationale, une bagatelle comparativement à ce que la station encaisse pour la semaine des camionneurs.

-Et c'est la compagnie de camionnage Overload Incorporé qui célèbre aujourd'hui la semaine des secrétaires en saluant le mérite de Josiane, secrétaire depuis deux mois chez Overload. Elle est bien mieux à date que toutes celles qui se sont faites congédier avant elle au bout de trois mois! Et on poursuit en musique avec un hit des années '80 sur la station la plus écoutée en ville, au bureau, dans les camions, les autos ou bien les autobus: radio Rote-Matante!!! C'est Éric Frachié qui vous parle. Merci d'être à l'écoute de radio Rote-Matante la station écoutée par tous les employés de Overload Incorporé parce que notre radio est poche et qu'elle ne dérange aucunement l'autorité naturelle de nos corrompus de droit divin!

***

Le boss de Overload se retrouve à l'hôpital, malade comme un chien. 

Il sonne, il sonne, et il attend parfois sept minutes avant qu'on ne lui réponde.

-Ça fait une demie heure que je sonne pis personne vient me servir! hurle le boss.

-C'est la semaine des secrétaires, lui répond la préposée, toute en sueur. Appelez-la don' m'sieur? Moé j'en ai vingt à m'occuper à matin sans compter qu'on m'a mis du monde dans l'corridor...

***

Manif contre les homosexuels en France. Des militants homophobes ont donné des coups de pieds à des femmes qui protestaient contre cette manif. Des images choquantes, troublantes...

Ici, au Canada comme au Québec, notre constitution empêcherait la tenue d'une telle manif puisque la discrimination sexuelle et raciale est interdite. C'est écrit noir sur blanc dans la Charte des droits et libertés. On les foutrait en taule illico.

S'il y avait des bozos pour organiser spontanément une telle manif, sans que les flics soient avisés, ce serait les bozos qui fuiraient devant nos femmes qui les battraient jusqu'à ce qu'ils ne se relèvent plus.

Le fascisme ne passera pas au Québec, c'est tout ce que je me répète.

Et je souhaite tout de même que la France socialiste se prononce clairement contre la discrimination pour couper l'herbe sous le pied de ces nazillons dégueulasses.

***

Je ne réglerai pas à moi seul la question du conflit israélo-palestinien. Je ne suis ni diplomate, ni militaire, ni commerçant. Je ne suis qu'une simple crotte de nez comme tout le monde qui vit quelque part entre Montréal et Québec où personne ne se donne des tapes sur la gueule parce que l'un est Juif, Musulman, Homo ou bien Tarlais. Les seuls que l'on frappe, à date, ce sont des étudiants qui portent des carrés rouges. Mais c'est un autre sujet, voire une digression... Ne mélangeons pas tout... Je suis déjà assez mélangé comme ça... Ici, tout va bien tant que tu ne t'en prends pas à la religion de l'argent... On doit baiser le cul du Veau d'Or ou bien crever.

Il y a trop de religion sur Terre. Je sais au moins ça.

Ils devraient se moquer de l'histoire dans ce coin-là du monde, la prétendue Terre Promise, et se repartir un pays à partir de zéro qui s'appellerait Pays du Désert-Accueillant. Ce serait un État laïc. Tout le monde aurait le droit de vote. La constitution interdirait la discrimination fondée sur le sexe, la religion, la langue, le port du chapeau, alouette! Le but de cette société nouvelle serait la poursuite du bonheur en regardant pousser des oranges.

Les Juifs auraient le droit d'être Juifs. Les Musulmans auraient le droit d'être Musulmans. Et les autres auraient le droit d'être libres et aussi qu'on leur foute la paix.

***

Ce matin, j'écris vraiment n'importe quoi...





jeudi 15 novembre 2012

Vive la révolution!

Il y a encore des tas de couilles molles et de vieilles folles déguisées en lasagne de Noël qui s'en prennent aux indignés. Ils voudraient nous voir battre à coups de matraques, empaler sur nos pancartes. Et moi, gentiment, je leur dis qu'ils sont des larves au service d'une élite corrompue qui nous vole 40% du montant total de tous les contrats publics.

Je ne veux pas de leur obéissance aveugle au pouvoir, de leur paresse mentale, de leur discipline servile, de leurs statistiques libertariennes et autres manières de disculper les vrais crosseurs qui siphonnent l'argent du peuple.

Je marcherai aux côtés des enfants, étudiants et autres vieillards qui ont encore du coeur au ventre.

Jamais je ne me résignerai à vendre mon âme et mon corps aux diables.

Vive la révolution!


mercredi 14 novembre 2012

«Ej'comprends rien là-d'dans!»

-Ej'comprends rien là-d'dans! Maudit qu'ej'comprends rien là-dedans!

C'est ainsi que Daniel s'exprimait en toutes occasions. Il avait un esprit essentiellement configuré sur la satisfaction de besoins essentiels puisqu'il n'avait pas un gros salaire et déjà une famille à faire survivre. Et s'il ne comprenait rien à rien, c'était en toute sincérité. Tout lui semblait mystérieux, compliqué, absurde: la religion, la politique et la métempsychose.

Il n'allait ni à l'église ni dans les quiz. Il n'allait nulle part, Daniel, puisqu'il était bien trop occupé à bosser en plus d'avoir à retaper son taudis qui prenait l'eau et la moisissure de partout.

C'était un gars de cinq pieds trois pouces, Daniel, et il portait une calotte de baseball pour camoufler un peu sa calvitie. Il n'avait pas de passe-temps ni de hobby. Regarder grandir ses neuf enfants c'est déjà un mange-temps. Donc, il dormait aussi souvent qu'il le pouvait. Et le reste du temps, eh bien il n'y comprenait rien.

-Ej'comprends rien dans toutes ces maudites affaires-là! Cibouette qu'ej'comprends rien!

Sa conjointe, Sheila, était la championne de Miss PacMan 1983 de l'Amusathèque de Cap-de-la-Madeleine. Elle mesurait cinq pieds quatre pouces et travaillait encore plus fort que Daniel, mais ce n'est pas d'elle que l'on parle aujourd'hui. D'ailleurs ils se ressemblaient pas mal tous les deux. Et puis ce n'est pas une étude anthropologique ici mais tout simplement un récit, un vulgaire message inutile sur un blogue qui ne vaut rien.

Donc Daniel ne comprenait rien. Sheila ne comprenait rien. Et les neuf enfants étaient tout de même logés, nourris et relativement aimés. Daniel et Sheila levaient parfois le ton mais jamais ils ne fessaient leurs enfants comme ils avaient eux-mêmes été fessés. On appelle ça l'évolution.

Les neuf enfants portaient tous des prénoms différents, sauf les trois derniers qui s'appelaient Léon, Lhéon et Léhon. Pourquoi? C'est dur à dire.

Il n'y a qu'en Mauricie qu'on voit ça.

Comme les surnoms pas possibles des gens de la région: Ti-Pieds Beaumier, Ti-Paille Laflamme, Ti-Noir Gervais, Gérard-le-coque-l'oeil, la Tremblay-d'Inde, etc.

Pour ce qui est de Daniel et Sheila, on ne leur connaissait pas de surnoms particuliers. On les appelait simplement Daniel et Sheila.

mardi 13 novembre 2012

Saint-Machin c'est de la grosse hostie d'marde

Saint-Machin vivait il y a fort longtemps. Il est né près de Marseille de parents roturiers. Saint-Machin débuta sa carrière de saint en appelant ses coreligionnaires à éventrer les Maures et à brûler les Juifs. Puis il s'est mis à vendre des croix et autres babioles qu'il remettait tout au long de la route à de jeunes paysans chrétiens qui lui tenaient lieu de chair à canon.

Il savait susciter l'enthousiasme, Saint-Machin, puisqu'il n'y avait rien à faire dans les campagnes quand les récoltes étaient terminées.

-Vous connaîtrez l'aventure, la gloire et le paradis parce que vous aurez libéré le tombeau du Christ!!!

Et les paysans que l'on embarquait dans la croisade comprenaient tant bien que mal qu'ils pourraient tuer, violer et piller autant qu'ils le souhaiteraient et revenir riches dans leur campagne, voire revenir avec un titre de noblesse, puisque tout se pouvait encore à cette époque.

Saint-Machin passait son temps à lire la Bible pour trouver un moyen de servir ses folles ambitions avec des proverbes et des sagesses d'ignorant. Il aurait aimé devenir pape. Il ne devint même pas évêque. C'était à peine le commis-voyageur de sa communauté, les Scrofuleux-de-la-Vierge, secte reconnue pour sa volonté de faire souffrir les autres, péché qu'ils pardonnaient par de longues séances d'auto-flagellation. Cela impressionnait la foule qui lançait aux saltimbanques de l'Église de quoi boire et manger pour les remercier d'envoyer faire tuer leurs fils au pays du Saigneur.

Après sa mort, plein de fous revenus de la guerre prétendirent avoir été guéris par le même imbécile qui les avait envoyés de l'autre côté de la mer intérieure pour se faire charcuter par les soldats de Saladin.

On appelait ça des miracles. Et c'était consigné dans toutes sortes d'hagiographies débiles remplies de petits dessins identiques exécutés en série par les moinillons scrofuleux-de-la-Vierge. On distribuait ces bédés à la ville comme à la campagne pour rappeler aux gens de payer leur dîme et de donner le sang de leurs fils pour une énième croisade contre les Maures.

C'est comme ça que Saint-Machin est devenu Saint-Machin.

De la grosse hostie de marde, croyez-moi, que ces histoires de saints qui n'en sont pas...




lundi 12 novembre 2012

Souvenirs, souvenirs

Je fais souvent appel à ma mémoire comme je me mettrais à bouquiner. Je prends un souvenir, le premier qui vient au passage, et voilà que je pars à la recherche du temps que j'ai perdu. 

Des souvenirs pour le moins étranges sont demeurés dans ma tête. Comme ce souvenir récurrent où je me vois en novembre, à treize ans. Je suis en route vers le travail. Dans le court chemin qui sépare ma maison du dépanneur où je suis commis et livreur, je me vois à un point fixe dans la ruelle située entre les rues Richard et Cloutier, toujours au même endroit, pas loin de l'endroit où a vécu feue ma grand-mère Valéda. Pourquoi cet endroit?

Je sens dans mon souvenir mes mains gercées par le froid. Je me dis que je devrais porter des gants et une tuque alors que je me dis aussi que je dois braver le froid comme un homme préhistorique, la tête et les mains nues. Du coup, je grelotte. 

Pourquoi ce souvenir me revient-il toujours ces temps-ci? Nous sommes en novembre et il fait froid. Je porte des gants et même une tuque pour me rendre au travail à vélo. Je brave encore le froid comme un ours polaire.  J'ai plus de protection qu'auparavant. Je me rappelle ce souvenir de ma folle jeunesse et je grelotte. Et pas moyen de savoir ce que grand-m'man Valéda vient faire là-dedans...

***

J'ai passé près de me noyer sur la rivière Yukon. Je me baignais près de la rive mais j'ai été trop téméraire. J'ai voulu agripper la corde sous un pont de bois à Whiterhorse. Le courant m'a emporté et j'ai comme perdu la carte après que mon corps ait percuté des roches ça et là. J'ai dû avaler huit gallons d'eau. Je sentais que je m'en allais. La fois où j'ai frôlé la mort le plus près, ma mémoire s'est activée pour faire dérouler des éléments de ma vie qui n'avaient aucun lien avec la tragédie à laquelle je faisais face. Je me souviens que je me voyais jouer dehors au hockey. Puis que je mangeais des céréales Capitaine Crounche, à quatre ou cinq ans, sur le bord de la table. 

C'est là que je me suis débattu comme un saumon dans l'eau douce pour m'extirper du courant et rejoindre la rive. J'avais la peau tailladée par les roches mais j'étais vivant. Et puis l'eau de la rivière Whitehorse n'est pas si sale. Je m'en suis tiré à bon compte.

Néanmoins, je me questionne encore sur ce souvenir. Y'a-t-il une régression quand on approche de la mort? Se met-on à vivre tout à l'envers dans l'inconscient, jusqu'à revenir dans l'ovaire et le spermatozoïde et se dissoudre dans l'innommable clarté? 

Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien.

Et je ne me prends pas pour Socrate pour autant.

Je ne sais même pas pourquoi je vous parle de ça.

Au fond, ça ne devrait intéresser personne.

Je ne fais qu'apprendre à me connaître moi-même.

Je ne devrais même pas vous en parler.

Il y a tant de choses qui vaillent mieux.





samedi 10 novembre 2012

Nous récoltons les fruits du Printemps Érable

Après Jean Charest et Gérald Tremblay, c'est maintenant au tour du maire de Laval de démissionner. Un tour de chapeau. Dans la foulée des contrecoups naturels de la révolte populaire survenue au printemps. 

Nous récoltons les fruits du Printemps Érable sans qu'on en fasse mention.  Des héros et des héroïnes sont descendus dans les rues pour lutter contre la corruption et réclamer plus de justice sociale. Ils étaient sans armes et parfois nus devant les chevaux, les matraques et les fusils des mercenaires de l'ancien régime corrompu jusqu'à la moelle des os. Cela transcendait la cause de l'éducation gratuite pour tous. C'était vraiment une révolte populaire contre le mensonge, l'hypocrisie et les fraudes des libéraux.

Les braves scandaient dans la rue des trucs comme «D'l'argent y'en a dans les poches d'la mafia!» Sans compter tous les «Charest dehors! On va t'trouver une job dans l'Nord!»...

Finalement, la rue a gagné. Comme partout ailleurs. Le pouvoir n'appartient pas qu'au maître du jeu de Bozopoly. Tous nos droits sociaux proviennent de la rue. Ils ont été acquis par un vote parlementaire au prix de dures luttes où l'on a fait peu de cas de ceux qui se sont faits briser le cou et casser la gueule pour nous. 

Gabriel Nadeau-Dubois et plus de trois mille patriotes doivent passer devant les tribunaux suite à des arrestations arbitraires commises sous l'ancien régime corrompu. Si le système se nettoie en ce moment, c'est parce que le Printemps Érable a mis nos monarques locaux sous les feux de la scène. Le Québec doit se dégager de cette image de moitié d'État minable contrôlé par des fonctionnaires corrompus et des princes de la phynance crapuleux. Après Montréal, Laval. Après Laval, peut-être... Mascouche? Trois-Rivières? Québec?

Je m'étonne d'entendre de vieilles fripouilles nous lancer des leçons d'immoralité à travers les vox pop des médias sociaux ou corniauds.

-De la corruption, i' va toujours n'avoir! éructe une voix chevrotante. Notre bon maire a fait beaucoup pour les aînés!

Il y a pire.

Il y a aussi ceux qui se demandent pourquoi le peuple n'est pas dans la rue en ce moment.

Comme j'y suis allé plus souvent qu'à mon tour au cours des dernières années, je me permets de dire à ceux-là qu'ils n'ont qu'à y aller eux-mêmes au lieu de claquer des dents comme des écureux anxieux.

On n'est jamais si bien servi que par soi-même. 

N'attendez jamais que d'autres le fassent à votre place. J'y suis allé seul, à deux, à trois, à cent, à mille. Je ne vaux pas mieux qu'un autre mais quand j'ai l'envie de manifester, je ne demande pas à personne d'organiser quoi que ce soit. J'écris sur Facebook que je serai tel jour à telle heure à telle place pour manifester. Je ne fais même pas de communiqué de presse. Les médias et la police reniflent tout ce qui se publie sur Facebook. Même pas besoin de se forcer.

Si ça vous tente de manifester contre la corruption, faites-le. C'est facile.

Mais ne demandez pas aux autres de le faire à votre place.

Pour le reste, je réclame l'amnistie pour tous les héros et héroïnes du Printemps Érable.

Les kids ont eu raison des petits caïds.

J'aurais honte de les condamner en sachant que des crosseurs  s'amusent en Floride. Des fonctionnaires véreux ont fourré le peuple pendant des années, en nous faisant payer 30% et 40% de plus sur la facture. Ce sont eux qu'il faut arrêter, eux et ceux qui tirent les ficelles de ces marionnettes. Pas Gabriel Nadeau-Dubois et les 3000 patriotes de 2012.

Le Printemps Érable se poursuit.

Le fascisme et la corruption ne passeront pas.

jeudi 8 novembre 2012

Cyprien Lachandelle

Cyprien Lachandelle est un homme pas trop achalant qui sait fabriquer des outils, comme des pinces-à-tout-ramasser-sans-se-pencher.

Cyprien Lachandelle est un homme intelligent qui néanmoins ne veut pas développer son intelligence.

Il écoute la télé et si par malheur il échappe une croustille ou bien une aile de poulet, eh bien hop! Il sort ses fameuses pinces qu'il a même dotées d'un système de déploiement en accordéon qui confère une portée de deux mètres à son outil.

-Par icitte ma chipse! Par icitte la télécommande!

Plus besoin de se lever ou de se pencher. Tout ce qu'il faut pour le bonheur de Cyprien.

Remarquez bien que cette pince est sa seule invention à ce jour. Il ne prévoit pas en commettre une autre non plus.

Cyprien Lachandelle est très très petit, plutôt vieux, moche, avec une chevelure qu'on croirait tissée de laine d'acier.

Sa télé n'est pas au plasma. C'est une bonne vieille télé des années '80 aux couleurs plutôt floues. Cela lui suffit pour regarder ses programmes avec son décodeur et toute la patente.

-Moé, c'que j'aime, c'est er'garder les programmes d'après-midi à tiviha. Y'a toutes sortes d'affaires à vendre pis comme ej' sors pas bin bin, bin j'apprends de c'que c'est combien qu'ça coûte acheter une affaire ou ben don' une autre. Moé, j'ai besoin de rien. J'ai toutte c'qui m'faut. En seulement, j'me tiens au courant su' les prix de cecitte pis cela. Ahem... Ahem... J'ai un chat dans 'a gorge calvince! Ahem! Maudite cigarette!!! Ahem!!!

Le paquet de cigarettes tombe par terre. La télécommande aussi. Cyprien reprend sa pince et hop! fini les soucis.

Il y a un beau programme à la télé.

La madame qui vend des trucs à tiviha, ça met un peu de féminité dans la vie de Cyprien.

-J'aime sa bouche... avoue candidement Cyprien. Ahem! Ahem! qu'il tousse pour mieux dissimuler sa candeur. Il finit même par roter pour avoir l'air vulgaire et faire oublier sa petite douceur. Finalement, on dirait même qu'il pue puisqu'il n'est pas trop abonné au savon. Et il pète. Ahem! Rot! Prout!

Vient quand même un temps où le gars se tanne d'être devant la tévé.

-J'cré ben que j'm'en va's faire un boutte, qu'il finit toujours par dire, Cyprien Lachandelle.

Il se lève, s'habille et marche parfois jusqu'au dépanneur ou bien ailleurs pour se dégourdir un peu.

Puis il revient dans sa piaule pour retrouver ses chips, ses ailes de poulet, son café instantané macéré dans l'eau chaude tirée de la chantepleure et ses maudites cigarettes. Sa pince lui tient lieu de sceptre. Il est le roi de sa tanière.

-Moé, chu ben pis j'veux rien savouère! Arf! Arf! qu'il crie à ses quatre murs blancs même pas décorés.

Pourquoi faudrait-il décorer, hein?

Cyprien Lachandelle a bien d'autres choses à faire.

L'hiver s'en vient. Va falloir pelleter icitte et là. Les bacs à vidanges vont être coincés dans la glace. Et c'est encore lui seul dans tout le bloc qui va les sortir. Les autres vivraient dans leur marde sans que ça les dérange.

Franchement, épargnez la quiétude de Cyprien Lachandelle, mauvais voisins.

-Ahem! maudit tabac pas fumable! qu'il gueule encore, Cyprien. Ahem!!!

Et vous savez pourquoi son tabac n'est pas fumable? Parce qu'il l'achète au noir. C'est de la bourrure de bogey. Y'a pas juste des feuilles de tabac, mais des racines aussi dans ce maudit mélange de tabac de marde. C'est par trop humide et il faut faire sécher cette tourbe dans un four avant que de se rouler des cigarettes qui vous raclent la gorge comme si vous aviez avalé un feu de boucane de feuilles mortes. Nos lois antitabagistes condamnent les pauvres à fumer de la marde.

La vie n'est pas toujours rose pour Cyprien Lachandelle. Mais c'est sa vie. Et qui sommes-nous pour en juger? Qui d'entre nous saurait se vanter d'avoir inventé quelque chose, ne serait-ce qu'une pince pour ramasser à distance une aile de poulet tombée de son assiette, hein?

Qui? Qui? Qui?

-Ahem!

mercredi 7 novembre 2012

Sous les règnes de neuf présidents des États-Unis

J'apprends ce matin que Obama sera président des États-Unis d'Amérique pour quatre années supplémentaires. C'est rassurant d'apprendre que ce n'est pas Romney qui a raflé le tout. Nous ne sommes peut-être pas rendus au paradis sur terre avec Obama mais Romney nous aurait rapidement appris qu'il y a des degrés en enfer.

J'aurai vécu jusqu'à présent sous les règnes de Lyndon B. Johnson, Richard M. Nixon, Gerald R. Ford, James E. «Jimmy» Carter, Ronald W. Reagan, George H. W. Bush, William J. «Bill» Clinton, George W. Bush et bien sûr Barack Obama, président d'une Amérique un peu moins blanche et certainement plus colorée.

Je ne me souviens ni de Johnson, ni de Nixon, ni de Ford. J'avais entre rien et huit ans. Je m'intéressais plus à Astérix et Lucky Luke qu'à ces fantômes.

J'ai un vague souvenir de Jimmy Carter, le bon gars qui a mis fin à la guerre du Vietnam. Il a été battu par un acteur de cinéma républicain, Ronald W. Reagan.

Reagan, je m'en souviens comme je me rappelle de Rambo.

J'étais adolescent sous le règne de Reagan. Je me souviens que plein de gens autour de moi portaient des pantalons ou bien des vestes en jeans aux couleurs du drapeau américain. On appelait ça le look «rebelle» pour une raison qui m'échappe. La chanson de l'époque, c'était Born in the USA de Bruce Springsteen, que les crétins interprétaient comme une ode conservatrice alors que c'est tout le contraire. C'était l'époque du «beau risque» au Québec, du temps où les péquistes lichaient le cul des conservateurs de Brian Mulroney.

Je n'aimais pas Reagan, bien entendu, ni le pape Jean-Paul II, ni Une Colombe de Céline Dion. C'était mes années cyniques teintées d'intellectualisme plutôt pompeux à l'époque.

Le règne de George H. W. Bush passa rapidement dans ma vie. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Puis que tout semblait triste et gris à cette époque. Son règne me fait l'effet d'un black-out.

Bill Clinton était cool. Il jouait de saxophone et se faisait sucer par une stagiaire. Évidemment, ce n'était pas drôle pour la vice-présidente Hilary. Mais bon, faut savoir pardonner. Bill a cessé de mettre sa graine dans n'importe quelle bouche en public. Le public lui a pardonné. La vie recommence. Mais pas moyen d'offrir des soins de santé gratuits et universels pour chaque Américain...

George W. Bush fils prend le pouvoir. Black-out. Je me souviens vaguement d'une guerre en Irak. Tout semblait triste et gris à cette époque.

Et puis vint Barack Obama. Un vent de fraîcheur malgré tout ce qui n'a pas été fait. Des Noirs pleuraient dans les rues comme s'ils n'y croyaient pas. Il avait beau être mulâtre qu'ils y voyaient un des leurs. On a senti un certain apaisement. Un certain espoir...

Le prochain président pourrait s'appeler Gertrude que ça n'y changerait rien.

Je souhaite seulement que nos voisins bénéficient de leurs ressources naturelles tout autant que nous-mêmes, que leur pays soit vraiment le leur, et pas seulement celui d'une poignée de ploutocrates.

This land is your land. Isn't it Mr. Obama?

mardi 6 novembre 2012

Si nous étions moins cons...

C'était un grand moment d'humour noir hier soir. Le maire Gérald Tremblay a démissionné. Je l'ai entendu à la radio nous dire qu'il a toujours aimé Montréal et que c'est un dernier acte d'amour pour sa ville que d'annoncer sa démission... Quelques minutes plus tard, le roi des comiques Gilbert Rozon nous annonce que c'est une grande perte pour le milieu... culturel.

C'est trop hilarant...

Pendant que les rats quittent le navire, on se demande ce qui se passe à Mascouche, Laval, Québec ou Trois-Rivières.

Le Printemps Érable continue. La lutte se poursuit jusque dans les milieux les plus ténébreux de notre communauté.

Un clan remplace un clan. Des fonctionnaires remplacent des fonctionnaires. On saura
bien les faire chanter en temps voulu. Même pas besoin de casser des jambes. Ça ne se fait presque plus, sinon en cas de force majeure. Il ne faut pas fatiguer ses soldats. Ils préfèrent la dolce vita, eux aussi. Ils savent vivre.

Le cirque n'est pas terminé. D'autres épisodes sont devant nous. Il faut sortir ses poubelles de temps en temps.

Le maire de Laval est très malade et a besoin de beaucoup de repos.

Le maire de Mascouche doit sentir que la soupe est chaude et qu'il y a des limites à prendre son petit peuple pour du bran de scie.

Partout au Québec cela déborde d'exemples de petits bonshommes et bonnes femmes qui s'en foutent plein les poches en vous riant en pleine face, pauvres larves d'électeurs-aux-quatre-ans...

Puis des gens prennent la rue. Des gens relativement jeunes mais aussi des moins jeunes.

Et subitement, on découvre que nous avons aussi des lois contre les bandits à cravates.

Des lois que l'on voudrait réinventer en se dotant de codes de déontologie...

Des codes de déontologie!!! J'ai mon voyage. C'est déjà interdit de tuer et de voler, est-ce nécessaire de l'écrire dans un code de déontologie-mon-cul? Vraiment, on nous prend pour des cons parce que nous sommes malheureusement un peu cons.

Malgré toutes nos conneries, le système doit se purger un peu. L'écho de la rue a ébranlé les colonnes du temple. Le Bozopoly s'écroule. Il y a des tas de gens qui sont prêts à reprendre leurs casseroles s'il le faut. Ça s'est passé ailleurs en d'autres temps. Cela pourrait aussi se passer ici.

Le système est fragile. Derrière l'écran du magicien d'Oz, tout le monde sait maintenant qu'il n'y a qu'un nain. Et ce nain n'aura bientôt plus assez de lapins dans son sac pour nourrir tout le monde. Même les cons vont se mettre à penser. Et à marcher, s'il le faut...



lundi 5 novembre 2012

À propos de la destruction de Sodome et Gomorrhe

Quand on pense au récit biblique de la destruction de Sodome et Gomorrhe, on s'imagine Dieu qui vient pourfendre les Sodomites et les Gonorrhéens. Dieu vient mettre fin à l'orgie et aux enfilades en détruisant ces deux villes infâmes par le feu du ciel.

-Tiens  mes maudits joueux d'organes! Vous allez m'arrêter ça de trop aimer les parties! J'vous pitche du feu! Je vous détruis! Je vous réduis en purée! Je vous extermine! Je vous flambe! Je vous spolie!

Cette interprétation est plus fidèle à la tradition hollywoodienne qu'elle ne l'est au texte. Il ne nous reste que des effets spéciaux, ce qui est tout de même pas mal.

Le récit biblique original raconte la destruction par le feu de deux villes où les habitants maltraitent les pauvres et les étrangers. Rien de spécialement sexuel jusqu'ici.

Il y a cinq millénaires, il était mal vu de ne pas se soumettre aux lois de l'hospitalité et aux exigences de la charité. C'était tellement mal vu que Dieu envoya des anges pour détruire Sodome et Gomorrhe, deux villes de trous du cul qui en faisaient découdre aux étrangers et aux pauvres.

Celui-que-l'on-ne-peut-nommer, Jéhovah en personne, Yahvé ou Dieu-tout-court ordonne à ses anges de rencontrer Loth, le neveu d'Abraham, un homme réputé juste parmi ces injustes. Les anges ne sont pas sitôt arrivés que les Sodomites demandent à Loth de leur livrer ces deux mignons pour qu'ils les «connaissent» dans le sens biblique. Loth refuse et leur propose plutôt d'accepter de «connaître» ses deux filles vierges...  Les Sodomites refusent, comme quoi la moralité était encore à géométrie variable à cette époque.

Alors les anges expliquent à Loth que le Très-Très-Haut va leur lancer du feu sur la gueule.

-Et si nous trouvions dix personnes justes dans cette ville? leur demande Loth, à brûle-pourpoint.

-Nous ne détruirons pas Sodome et Gomorrhe si tu trouves dix personnes justes dans cette ville... répondent à peu près les anges.

-Et si je n'en trouvais que neuf?

-À neuf? Cette ville ne serait pas détruite...

-Et si l'on n'en trouvait que cinq? Quatre? Trois... Deux?

-Tu ne trouverais qu'une seule personne capable de bien recevoir les étrangers et de prendre soin des pauvres, que Dieu l'épargnerait.

Évidemment, il fallait que ces villes soient sales et pas accueillantes du tout pour qu'elles se fassent raser ainsi de la surface de la terre, elles et tous leurs habitants inclus.

Il paraît que Loth et sa bande ne devaient pas regarder derrière eux tandis qu'ils s'enfuyaient des lieux de la destruction divine. La femme de Loth regarda derrière elle et fût transformée en statue de sel.

Tous ces Antiques se racontaient toutes sortes d'histoires drôles ou moins drôles qui terminaient dans un livre qu'on se passait de main en main parce qu'on était trop pauvres pour avoir deux livres ou même trois.

La plupart des gens ne lisaient pas, comme c'est toujours le cas de nos jours.

Ils se contentaient d'entendre un gus qui était payé pour lire à voix haute devant un public ingrat.

-Maintenant, raconte-nous le passage où Samson a assommé des tas de Philistins à coups de mâchoires d'âne! Arf! Arf! Arf!

Dans le bon vieux temps ça se passait de même.

On respectait les lois de l'hospitalité.

On respectait un peu moins ses deux filles vierges...



dimanche 4 novembre 2012

Rien à foutre du bonheur et des états de grâce

Il n'y a rien de plus ringard que de parler du bonheur, surtout pour un niaiseux comme moi qui baigna longtemps dans la contre-culture et les préjugés favorables envers les artistes maudits.

Je devrais me taire sur mes états de grâce, ne serait-ce que pour les savourer au lieu de me répandre en élucubrations.

Les mots sont vains pour décrire une expérience humaine authentique comme l'amour ou bien les états de grâce.

Bien sûr que je peux vous raconter la recette mais vous n'en aurez que les idées des odeurs, saveurs et textures. La vie, elle se mange. Elle ne se raconte pas vraiment. Voilà pourquoi la plupart de nos lectures nous ennuient. Pour un Rimbaud il y a mille millions de poètes insipides. Pour un Dostoïevski, ce n'est guère mieux et ça bouffe du temps qu'on pourrait employer à ne rien faire. Devenir Rimbaud et Dostoïevski en même temps est bien plus difficile. Personne ne vous demande de faire ça bien entendu. Même moi, je ne veux rien savoir. Je préfère être niaiseux tout compte fait.

***

Parlons maintenant du bonheur. Permettez-moi un peu de ringardise.

D'abord, il n'est jamais là vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Autrement, ça voudrait dire que nous sommes morts ou sous une trop forte dose de sédatifs. Il ponctue la journée, le bonheur. Il est là à 7:06 puis, hop! il revient à 7:47 jusqu'à 8:21. Il est bloqué un temps par une publicité. Puis par une tâche quelconque. Et c'est reparti pour du bonheur à 9:12. N'est-ce pas merveilleux?

Le bonheur, c'est capter un poste où tout n'est que sérénité et harmonie. Ça ne dure jamais des heures et des heures parce que nous avons autre chose à faire dans la journée que de capter la sérénité et l'harmonie. Il faut aller chasser. Il faut se plier et se faufiler ça et là. Il faut soigner les bobos inhérents à tous ces déplacements sans lesquels la vie ne serait pas aussi remplie d'images et de sensations. Il faut avoir mal au cul ou bien aux dents. C'est ça aussi, la vie, de la souffrance et du grouillis-grouillage pour rien.

Le bonheur, c'est quand on ne sent plus de pression. Quand on contemple l'ensemble d'un rapide coup d'oeil où le nombril se sent satisfait. C'est comme la sensation de planer ou de nager ou de sauter à cloche-pied ou de ne rien faire.

Évidemment qu'il se passe de grandes questions, le bonheur. Il est une réponse. Je veux dire que c'est impossible d'être heureux et de se casser la tête en même temps. Donc, sans sombrer dans le syllogisme, je dis que le bonheur ça ne s'explique pas, tiens. Et tout ce que je peux écrire là-dessus est déjà inutile et plutôt vain.

***

«Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite de vent.» Le gars qui disait ça s'appelait l'Ecclésiaste. Ses amis l'appelaient Jointure parce qu'il avait une jointure fêlée. L'Histoire n'a retenu que l'Ecclésiaste. Il ne servait à rien de le surnommer Jointure. C'était même tout à fait vain.

***

État de grâce: deux bouteilles d'un excellent rouge fruité et généreux, de la bonne musique, ma blonde à mes côtés. Le reste je m'en fous.

***

Je retourne à mes pinceaux pour peindre des personnages qui sourient.

Le bonheur, c'est niaiseux...





samedi 3 novembre 2012

Soutenons Gabriel Nadeau-Dubois

La démocratie n'est encore qu'une gammique dans ce pays qui n'en est pas vraiment un. Nous sommes encore une lointaine colonie gouvernée par des fonctionnaires corrompus qui ne se sentent inquiétés ni par le peuple ni par la couronne.

Quand c'est le temps de s'en prendre aux caïds, la gammique fait semblant de rien. Elle prend son temps.

Mais qu'on lui offre un kid comme Gabriel Nadeau-Dubois ou bien un quelconque cul-terreux qui porte un masque de Guy Fawkes, eh bien on sent que tout le système s'accélère. Haro sur ces patriotes des temps modernes qui ont porté dans la rue le combat contre la corruption, condition sans laquelle il n'y aurait jamais eu de commission Charbonneau! Au bûcher les honnêtes gens! Sur le trône les bandits!

Et pourtant, quelque chose a changé depuis le 22 mars dernier... Vous ne vous en êtes pas rendus compte? Nous sommes en pleine révolution. Non seulement provinciale, mais mondiale. Ça brasse partout dans le monde pour se débarrasser de la gammique.

Il s'est passé quelque chose au Québec. Et on le doit au courage et à la détermination de milliers de manifestants anonymes ou notoires comme Gabriel Nadeau-Dubois.

La rue a eu raison de la gammique, comme partout ailleurs.

Et cet écho de la rue ne doit pas être étouffé par quelques avocaillons du dimanche qui se toge le cul avec la justice et le droit naturels pour mieux enculer les mouches au nom du droit qui sert la gammique.

La loi doit servir les hommes et non le contraire. Le droit d'un gus à se faire dispenser un cours d'arts plastiques pendant une grève étudiante relève de la bêtise absolue. Cette bêtise qui a valu un outrage au tribunal pour Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de la CLASSE, l'association étudiante qui préconise la gratuité scolaire du primaire jusqu'à l'université. Il n'aurait jamais dû appeler ses membres à défier l'injonction du juge Machin, grand penseur et maître ès bastonnade. Qu'un juge ait raison d'un héros, moi, ça ne me revient pas. Et vous?

Gabriel va en appel du jugement qui lui a été rendu.

La justice condamne injustement ce jeune homme.

On devrait lui décerner une médaille plutôt que de lui porter des accusations pour protéger le «droit» du gus à faire des cendriers en terre glaise pendant une grève étudiante. Cela ne relève plus de la justice, mais de la politique. C'est à la politique de faire tomber ces manipulations du droit qui vont à l'encontre de droits sociaux durement acquis, dont le droit de manifester, le droit à la liberté d'expression, le droit à gérer notre pays et nos ressources naturelles sans être considérés comme un peuple de va-nu-pieds tout juste bons à chasser les grenouilles dans les étangs qui entourent les châteaux de gypse des pharaons de la construction.

En condamnant Gabriel Nadeau-Dubois, on crée aussi un précédent. Je ne pourrai plus dire des trucs comme ce que je viens d'écrire sans me faire accuser de sédition par de vieilles perruques coloniales qui jouent aux Juges des temps bibliques.

Soutenir Gabriel Nadeau-Dubois, c'est me soutenir un peu, c'est nous soutenir un peu, si le chapeau vous fait...

Solidarité camarades!

Soutenons Gabriel Nadeau-Dubois.