mercredi 23 mai 2012

Énième manifestation nocturne et désobéissance civile à Trois-Rivières

C'était hier une autre journée historique pour le Québec. Comme ce fût le cas pour le 22 mars. Puis pour le 22 avril. Qu'est-ce que ce sera le 22 juin? Je ne saurais le dire. Mais j'y serai comme j'y étais hier.

Vers 20h30, je me suis joint à un petit groupe de cinquante personnes moins une composé d'étudiants et de citoyens dégoûtés par la loi 78 et le gouvernement corrompu de Jean Charest. Comme d'habitude, nous étions deux ou trois dans le Parc Champlain au début. Deux ou trois déjà entourés par six chars de police.

J'ai sorti mon harmonica. J'ai arboré mon carré rouge. Puis j'ai joué des tas de blues en attendant que nous soyons plus nombreux.

Le petit groupe a grossi au fil des minutes jusqu'à ce que nous formions une petite cohorte de résistants.

Nous risquions une amende salée. Peut-être les menottes. Peut-être un coup de matraque. Peut-être le «Village de Nathalie» (surnom de la prison de Trois-Rivières).

Pourtant, la désobéissance contre la loi 78 était à l'ordre du jour après la manifestation monstre de Montréal qui s'est tenue en après-midi.

Alors le groupe, sans chef ni organisateur, a démocratiquement décidé de se calisser de la loi.

-La loi spéciale? ON S'EN CALISSE!

Et en avant la parade! On a gueulé ça dans toutes les rues du centre-ville, jusque dans Ste-Cécile, un quartier pauvre de la ville.

Des tas de gens étaient sur les balcons pour nous applaudir. Comme s'ils se calissaient de Charest et de sa bande de fascistes de salon. Comme si le peuple prenait conscience de son pouvoir.

On a gueulé des trucs comme Charest, Charrue, Charogne, Révolution, etc.

Nous n'avions pas de sondages de La Presse pour nous démotiver. Aussi la marche s'est poursuivie un bon bout de temps. Nous nous sommes même rendus jusqu'à l'Hôtel Delta où se tenait un congrès de la Fédération des Travailleurs du Québec (FTQ). On a gueulé «FTQ avec nous!» Les gars et les filles de la FTQ sont sortis pour crier avec nous: «Charest: trou d'cul!»

C'était presque émouvant. Nous avons serré la main de nos camarades de la FTQ sans oublier de rappeler que même les policiers sont syndiqués et qu'ils n'ont pas à plier ni à exécuter les jobs sales des libéraux.

Je ne vous raconterai pas tout dans le moindre détail.
Des images suivront sans doute.

C'était ma petite chronique de la résistance, directement de Trois-Rivières, une ville où le Printemps Érable n'a pas encore pété une seule vitre, où les policiers n'ont pas encore matraqué un seul manifestant.

Trois-Rivières, ville libre? C'est trop beau pour être vrai. Peut-on vraiment y croire? Dois-je me pincer?

Quoi qu'il en soit, la désobéissance civile a eu le dessus sur l'obéissance servile hier soir. C'est le message que nous avons réussi à faire passer dans les rues de Trois-Rivières. Une autre manif pourrait se tenir jeudi, puis samedi, puis mardi, comme d'habitude...

Manifester, c'est comme se baigner. Le peuple trempe sa grosse orteil, trouve l'eau froide, puis se décide à plonger tête première pour se réapproprier sa souveraineté. On ne fera pas que nous applaudir sur les balcons la prochaine fois. Peut-être que nous serons tous dans la rue. Peut-être...

2 commentaires:

  1. Gaétan, t'es un chêne.
    Quand je me sens complètement dominé par ce climat fasciste, je viens ici te lire un peu.
    Jamais larmoyant, toujours debout.
    Merci.

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  2. J'ai failli ne pas publier ton commentaire, cher Gomeux. C'est comme si j'étais narcissique en publiant ton remerciement... Mais bon, je prends ça comme un encouragement à faire chier encore plus ce gouvernement corrompu. Remercions-nous de ne pas nous laisser abattre par quelques baveux du temps de la polyvalente...

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