vendredi 27 avril 2012

Quand la violence n'a plus de nom

Je vous transmets ici un texte d'une gréviste pacifique qui circule sur Facebook. Heureusement que la population a cette possibilité de nos jours de trouver l'information facilement et rapidement grâce à l'Internet. Les chroniques dégueulasses des lèche-bottes et autres journaleux à la solde des bourgeois sont sans effet. Ils se peinturent tous en brun marde dans leur coin, les Martineau, Pratte et Duhaime.

On ne peut pas matraquer son propre peuple en Tunisie, en Égypte ou en Lybie. Si l'on parle d'un Printemps Érable, il risque d'accoucher de la même manière. Je rappelle au passage que le Président ou le Premier Ministre qui matraque son propre peuple s'expose à des accusations de crimes contre l'humanité. Il y a même des tribunaux internationaux pour ça.

Ce texte de cette fille qui se fait appeler Aurélie Barbe en dit plus long que je ne saurais le dire. Honte à ceux qui matraquent leur propre peuple.

Le fascisme ne passera pas.

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Quand la violence n'a plus de nom


En ce lendemain du 25 avril, moi aussi, j’ai besoin d’écrire.

Je me suis sentie trahie. Trahie par la confiance que j’avais développée depuis si peu longtemps dans le genre humain. Trahie par l'impression que nous partagions les mêmes valeurs, que l’on soit policier ou étudiant. Trahie par l’absurdité de ce qui s’est passé hier. Trahie par cette rage qui a ressurgie en dedans de moi.

Hier soir restera gravé dans ma mémoire.

Nous étions à la fin de la manifestation. Nous discutions tranquillement. Je regarde ma montre : 22h20. À ce moment précis, tout le monde s’arrête. On ne comprend pas. On ne voit rien, on n’entend rien de ce qui se passe en avant. Puis là, incrédulité : BAM !! Sont-ce des bombes sonores ou des feux d’artifices comme ils en résonnent depuis le début de cette manifestation festive ? De loin, difficile de faire la différence. Mais le nuage de poussière qui monte nous rappelle à la réalité. Alors, on reste debout, les mains en l’air faisant le signe de paix. BAM !! On se déplace sur le trottoir en se disant que la manif a due être déclarée illégale mais qu’on est trop loin pour l’entendre. Et là, tout s’enchaîne : mouvement de foule qui recule en courant ! Merde, qu’est-ce qui se passe ?

On arrive à rester ensemble, mais la foule des manifestants pacifiques et paniqués que nous sommes est tellement compacte que nous nous pouvons ni avancer ni reculer. Et là, nous ne voulons plus seulement aller sur le trottoir, nous voulons rentrer chez nous !

La nouvelle arrive : nous sommes encerclés. Naïfs, nous décidons de nous prostrés sous le porche d’entrée d’un magasin afin de laisser passer l’anti-émeute. Afin de les laisser « faire leur travail ». Nous étions 5, ayant déjà perdu un ami dans la bousculade. Nous nous tenions les mains. Nous voulions rentrer chez nous. En passant près de nous, l’anti-émeute nous a déloger et nous a dit d’avancer avec les autres. Nous leur avons dit : on ne veut rien faire, on veut rentrer chez nous. Ils nous ont brusqués et nous ont dit d’avancer, de retourner là-bas, là où la guerre avait lieu en somme. Nous ne voulions pas. Alors, malgré les pleurs et les supplications du groupe un peu plus nombreux que nous formions (puisque nous avancions, nous avions rejoint d’autres manifestants perdus comme nous), ils nous ont frappés, puis gazés à bout portant.

Tout le monde pleurait ces larmes de rage pleine de gaz. Et ils continuaient de nous pousser. Bouclier et bâton. J’en ai regardé au moins trois dans les yeux, en leur suppliant de nous laisser passer. Ils ont tous détourner le regard. Tous...

Comme le gouvernement.

Comme ces gens qui pensent que les étudiants « le méritent ».

Je ne voulais pas être dans l’illégalité, je voulais me disperser. La police m’en a empêché. La police m’a agressée. Je n’arrive toujours pas à le croire. Et je lis tous les autres témoignages en pleurant et je me dis que je n’ai pas rêvé. Et j’ai honte pour ces gens sensés nous protéger.

Quand va-t-il y avoir un ou une policière qui va se lever et dire STOP ! Quand va-t-il y avoir un être humain dans le lot ? Je ne veux pas croire qu’aucun d’entre eux ne trouvent leurs ordres malsains. J’ai honte pour eux. Et je continuerai de marcher pacifiquement. Avec la rage au ventre maintenant…

Il y a les règles, puis il y a nos choix : merci à l’employé du Subway qui nous a laissé entrer après l’heure de fermeture, et qui nous a permis de soulager nos douleurs avec de la glace. Messieurs de la police, c’est ça, un être humain !

Aurélie Barbe, gréviste pacifique

Version Facebook ici.

3 commentaires:

  1. Touchant, ce témoignage. Elle est en train d'apprendre, malheureusement à la dure, la réalité de la "société" dans laquelle elle vit.

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  2. L'asociété dans laquelle elle vit pourra vraiment s'appeler un jour la société. Rainbow Warriors, don't lack the potato...

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  3. ...laisses pas tomber la pomme de terre toi non plus, Makwa! :¬)

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