mardi 20 mars 2012

Sixième semaine de grève étudiante : les capitalistes sont dans la marde

Les étudiants poursuivent leur grève avec une ténacité exemplaire. Ils sont beaucoup plus résistants et engagés que nous ne l'étions quand j'avais leur âge. Nous n'étions qu'une poignée dans la rue. Vingt étudiants de la faculté de philosophie qui faisaient du piquetage devant l'UQTR. Tout le monde se crissait de tout le monde, du dégel des frais de scolarité et aussi de l'éducation pourrie que nous recevions. Le vote de grève avait été battu à plates coutures devant l'Assemblée générale des étudiants. Pour les plus engagés et les plus socialistes d'entre nous, c'était comme si le capitalisme sauvage nous avait terrassé.

Vingt ans plus tard, les étudiants de l'UQTR votent en faveur de la grève et prennent la rue pour rejoindre les autres étudiants déjà en grève depuis six semaines.

Le gouvernement libéral prétend qu'il ne cédera pas aux pressions. Et tous les jours les étudiants leur rendent la vie toujours plus insoutenable. Ils pourchassent les conférences de presse des libéraux pour les ridiculiser systématiquement. On sent dans le regard de Jean Charest qu'il y a comme un malaise sous la casquette. Ils sont cuits. Ils le savent fort bien. Et ils font semblant de maîtriser quelque chose qui s'apparente à une nouvelle ère de soulèvements de masse qui pourraient les balayer, eux et tous les autres frisés de la haute comme de la basse finance.

Pendant que les étudiants sont dans la rue, ils apprennent aussi à la posséder, cette rue. Cette rue qui est la plus haute instance constitutionnelle de tous les pays depuis toujours. La peur, cette vieille arme de tous les régimes despotiques de la planète, fait toujours place au temps des fleurs. L'hiver finit toujours par nous quitter.

Les grévistes ignorent la peur. Les lendemains ont des goûts de miel. Ils vivent, pour une fois, quelque chose qui ressemble à la vie. Une aventure qui nous rappelle que rien ne les oblige à accepter le monde tel qu'il est. Et ça vaut aussi pour les plus vieux. On ne doit pas avoir peur. Se tenir debout, c'est mieux que trois pilules de Viagra quand on veut rajeunir.

Le printemps est arrivé. J'appuie les étudiants en grève, les écologistes qui veulent fermer la centrale nucléaire Gentilly 2, les habitants qui se font crosser par l'industrie du gaz de schiste, les pauvres, les chômeurs, les malpris, les malcommodes, les malaisés et tous ceux qui se rendent compte que nous sommes gouvernés par des imbéciles qui se foutent de leur propre communauté et gouvernent pour les banquiers.

Le printemps est arrivé. Je souhaite que ce soit un printemps sans chefs, avec des tas de Places de la liberté qui s'érigeront un peu partout dans la province. Ça s'en vient... Ça se sent.... On n'enculera plus les peuples et les communautés aussi facilement.

***

C'était le temps des fleurs
On ignorait la peur
Les lendemains avaient un goût de miel
Ton bras prenait mon bras
Ma voix suivait ta voix
On était jeunes et l'on croyait au Ciel...


Vicky Leandros, Le temps des fleurs (Those Were the Days)

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