lundi 3 octobre 2011

La légende de Poncho Villa

On l'avait surnommée Poncho Villa , et non Pancho, parce que l'emphase était mise sur l'affreux poncho qu'elle portait tout le temps en cet automne trop frisquet pour se vêtir à la mexicaine.

Poncho Villa était très grosse et ne faisait plus rien dans la vie depuis que son mari avait fait fortune. Une fortune que cette sexuagénaire dépensait en excentricités, dont ce poncho tissé de fils d'or et de lin qui lui avait coûté un bras. Ce qui fait qu'elle l'exhibait par-dessus sa lingerie en or, ses bracelets en or, sa sacoche en or.

Poncho Villa avait trouvé l'El Dorado, voyez-vous.

Son linge doré était bien trop serré pour ses bourrelets.

Ce qui fait qu'elle avait l'air un peu crispé sous ses dorures, Poncho Villa. Comme si ça la coinçait dans ses mouvements.

Heureusement que son poncho était large et laissait passer le vent parce que Poncho Villa étouffait littéralement sous ses vêtements cousus de fils d'or.

Poncho Villa avait un regard crispé par toutes sortes de botoxeries qu'elle se faisait shooter à prix d'or chez le charlatan du coin.

Et puis quand elle marchait, elle levait un peu le nez, comme ça, un trait propre aux bourgeoises, mais aussi aux bonnes femmes comme Poncho Villa.

Personne n'aimait Poncho Villa. On la trouvait radine, mesquine, pas fine et fly bean. Rien pour plaire. Et c'est ce qui lui valait le surnom de Poncho Villa, comme si toutes les serveuses, caissières et salariés en tous genres s'étaient ligués contre elle afin de résister à ses airs de fière-pet.

Mais Poncho Villa, aussi connue sous le nom de Maude Garand, n'était pas si pire qu'on ne le croyait.

Elle était malcommode parce que le botox lui causait d'affreuses douleurs.

Sans compter son linge trop serré et tout le reste.

Et puis son mari, Ti-Beurte Fréchette, était toujours parti avec ses chums aux danseuses.

Ça mettait Poncho Villa en tabarnak, bien entendu.

Et sous ce poncho battait tout de même un petit coeur de femme.

Ce qui ne manquait pas d'échapper aux gens qui devaient servir Poncho Villa, à la boutique ou bien au restaurant. On ne retenait que le pire de Poncho Villa.

Son poncho n'était pas de saison mais ce n'était pas une raison pour se moquer d'elle.

Pourtant toute la ville colportait sa légende, la légende de Poncho Villa...

1 commentaire:

  1. Tu vois, elle aurait juste eu besoin d'une amie ; une vraie amie.

    C'est souvent ça qui leur manque, aux gens riches. En fait.

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