jeudi 9 juin 2011

Je me suis tout de même acheté du chocolat

Coup de chaleur hier. L'asphalte ondulait dans le smog comme un mirage. C'était suffocant. D'autant plus que la Vallée du fleuve Magtogoek est comme une aisselle, le creux dans lequel toute la puanteur se déverse.

Les bouches d'égoût sentaient le chien mort. Et le soleil avait une drôle de teinte. Une couleur de mauvais air.

Vers dix neufs heures, c'était tranquille et silencieux. Il n'y avait pas d'autos. Même pas d'autobus.

On n'entendait rien, sinon un groupe de cinq quinquagénaires en bedaine sur leur balcon avec la petite bière du mercredi. Ils riaient mais pas trop fort. Il faisait trop chaud pour s'époumoner. On sentait la lassitude de l'humain qui n'est visiblement pas fait pour la canicule. C'était surtout des hahas qu'ils s'échangeaient à propos de tout et de rien.

Il y avait aussi un bonhomme sur son bicycle qui tournoyait sous le balcon où se trouvaient nos cinq bons copains. Il ressemblait vaguement à un autoportrait de Van Gogh sans ses dents. Et le personnage virait sur son bicycle en chuintant des suites d'onomatopées tout aussi détonnantes qu'étonnantes.

-Gnawf-fewn-fwa-fwa-mow! qu'il soufflait entre ses gencives. Gnawf-fewn-fwa-fwa-mow!

-Qu'est-cé qu'i' dit ta'arnak? se questionna le plus bronzé des veilleux de perron.

Il ne semblait manifestement pas connaître cet étrange loustic qui continuait pourtant à faire ses vocalises sur un ton de plus en plus menaçant.

-Mawokkkk! Waaaaak!!! Glop!

Puis il cessa de tournoyer et donna du coup de pédale sur son bicycle pour se fondre dans le décor urbain avec l'asphalte ondoyante comme un mirage.

-Qu'est-cé qu'i' veut e'l'coq? me demanda le bronzé.

-On approche de la pleine lune, lui répondis-je sans façon.

Puis j'ai poursuivi mon chemin dans le smog étouffant.

Au détour d'une rue, je croise un culturiste nain ultra bronzé en bedaine avec son ami un jeune yo très pâle, de teint lait vert.

Leurs copines aux jupes bien aérées les attendent dans un appartement un peu sordide. Un chat se faufile sous une auto et me regarde. Un corbeau s'envole. Des fourmis sortent par tout plein de trous pour cueillir leur manger.

Le soleil n'a pas l'air de se sentir bien.

Je me suis tout de même acheté du chocolat.

1 commentaire:

  1. et il était bon, le chocolat ? panne d'ordi et panne de web derrière, j'ai pris du retard on dirait ! :)

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