vendredi 31 juillet 2009

Vacances



La vie s'écoule doucement en vacances. Les horaires ne tiennent presque plus. Un peu d'essence dans la voiture et on part n'importe où pour se conquérir un endroit calme où il nous sera loisible de rêver.

Encore quelques jours de dolce vita devant nous d'ici le retour au boulot. Savourons précieusement chaque moment.

Musique.

mercredi 29 juillet 2009

La rivière Batiscan

La rivière Batiscan, le vent frais, le soleil brûlant, le pont, les sentiers dans le bois, les framboises, les mûres et tout le reste en agréable compagnie.

On the road again...

mardi 28 juillet 2009

Québec


Québec n'est certainement pas plus laide que Montréal. D'où l'orgueil des Québécois.

La Basse-Ville a beaucoup changé. Le boulevard Charest ne ressemble plus à un quartier du Tiers-Monde. Il y a beaucoup plus d'arbres. C'est plus coquet.

La Haute-Ville est demeurée telle qu'elle était, avec ses pièges à touristes et ses cartes postales du Château Frontenac. N'empêche que nous sommes allés voir de ce côté, moi et ma blonde, pour passer un peu de bon temps. Le Petit Champlain est fondé sur le même principe qu'un Disneyland, avec ses façades d'un autre temps trop bien rénovées pour faire vraies. Néanmoins, c'est toujours plaisant de se promener dans le dédale de ses rues et de rencontrer au détour un musicien un peu Slave qui joue des mélopées connues dont les titres m'échappent. Peut-être les gymnopédies de Satie à la sauce des Balkans. Achetez ses disques. Son nom apparaît sur la photo ci-contre. C'est écrit sur la pochette de CD sur le petit présentoir placé devant lui.

Arrivederci! Et un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept: Québec!



lundi 27 juillet 2009

Lectures


Toute lecture qui ne suscite pas la passion est une lecture inutile. Ça vaut même pour la physique quantique ou le bowling. Une bonne lecture ne peut être que passionnante. Autrement, faut être con pour s'ennuyer et trouver son pied en s'ennuyant.

Ce qui fait que je ne lis généralement que de bons livres. Les mauvais, j'en ai certainement lus beaucoup plus dans ma jeunesse. Comme je ne suis plus à l'âge des mortifications, je ne saurais vous recommander que des livres intéressants. Vous pouvez me faire confiance: je déteste m'ennuyer. Pas question que je vous fasse lire Heidegger ou les poésies de jeunesse d'Adolf Hitler. Il y a toujours bien des limites bon sang!

Bien sûr, il n'y a pas que de bons livres. Il y a aussi des belles plages, des nuages, des femmes, des radis. Il y a de tout. Et tant qu'à lire, aussi bien y trouver un peu son pied.

J'ai de belles lectures en chantier. Dont Les contes d'Odessa d'Isaac Babel, traduit par A.Bloch et M.Minoustchine (Gallimard, 1967).

Cela faisait des lustres que je voulais mettre la main dessus. De petits contes déjantés de la communauté juive d'Odessa, du temps de la révolution russe. C'est expressionniste à la puissance mille et cela rappelle un tant soit peu l'univers des films de Kusturica, dont Le temps des gitans n'est certainement pas le moindre.

Je vous parlerai bientôt de Zhuāng Zǐ. Je suis plongé dedans et savoure chaque chapitre avec un ineffable sourire en coin. Comme si le pâté chinois de mon enfance faisait enfin effet. La proverbiale sagesse de Confucius en ressort toute ébranlée. Comme pour le célèbre match Diogène de Sinope contre Platon. Platon K.O. au premier round. Platon qui dit que l'être humain est un animal à deux pattes sans plumes et Diogène qui lui pitche un poulet déplumé en pleine face disant aux platoniciens rassemblés-là: «Voici l'homme de Platon!»

C'est simple en sacrement, le cynisme comme le taoïsme... C'est blagueur au maximum. Tu ne peux pas lire sur les cyniques ou bien les taoïstes sans être de bonne humeur. Ils sont trop comiques.

J'y reviendrai.

Alléluia.

dimanche 26 juillet 2009

LE QUARTIER ST-PHILIPPE ET LA BEAUTÉ DE SES TERRAINS VAGUES


Personne ne coupe son gazon dans le quartier St-Philippe.

D'où cette chaleureuse apparence de terrain vague, un défi lancé à la tondeuse à gazon et autres pesticides qui ne tuent pas que les petites bébites, tout le monde sait ça.

Enfin, tout le monde le sait dans St-Philippe.

C'est ce qui donne tout le charme du quartier St-Philippe. C'est rempli de terrains vagues qui débordent de fleurs et d'herbes aux couleurs et formes d'une magnifique variété, avec de la vie, des insectes, des papillons, des oiseaux, puis de l'utilité mes amis, la transformation du monoxyde de carbone en oxygène. De la biosynthèse, les mecs. C'est pas super ça? Et il faudrait passer la tondeuse? Pourquoi donc?

Parce que les plantes ça nous donne de quoi de bon à respirer, tout le monde sait ça. Enfin, tout le monde sait ça dans St-Philippe.

Il y a bien cette vieille rabougrie au coin de la rue XYZ qui tient à ce que tout soit propre. Elle en travaille une christ de shot pour que son gazon soit coupé ras, dépouillé de toutes ses mauvaises herbes et parsemés de gugusses en pétrole synthétisé acheté à vil prix chez Liquidation d'entrepôt internationale.

Mais elle fait partie du décor et tout le monde finit par en rire avec une certaine bonhomie.

-Hostie qu'A s'force pour rien avec ses hosties de quossins lettes en plastoque!

***

Musique pas rapport.

samedi 25 juillet 2009

I YAM WHAT I YAM (DIXIT POPEYE)


On peut difficilement philosopher sans mettre le je en évidence, même si le je, au fond, ce n'est pas grand chose. Rien qu'un paquet d'os gorgé d'eau retenus par une membrane. Pour le muscle, ça s'en va avec l'évolution technologique.

N'empêche qu'un cerveau ça ne demande que du sucre pour fonctionner... Ce n'est pas moi qui l'invente. J'ai lu ça dans quelque site de vulgarisation scientifique. Je ne l'ai jamais vérifié. Et je ne mets pas de sucre dans mon café. Donc, où en sommes-nous?

***

Que j'écrive au neutre ou bien au je, c'est toujours moi qui cause, n'est-ce pas?

L'objectivité? Permettez-moi d'en rire.

Il y a des carrefours de subjectivités. On s'entend en plus ou moins grand nombre pour dire ceci ou cela et c'est ceci ou cela qui devient la norme et c'est tant mieux comme ça. Autrement on se demande comment on ferait pour fixer le prix des automobiles ou bien celui des bottes de radis.

***

«Je est un autre» écrivait Rimbaud. Tout le monde la connaît celle-là. Et l'autre, c'est qui, hein? On croit qu'on est soi-même quand on est qu'un pauvre con qui pense comme tout le monde, juste ce qu'il faut de convenu et de convenable. L'autre, c'est ce je-là, un je préfabriqué, une façade, un air de faux-cul.

Je, ben, c'est moé.

I yam what I yam. J'suis c'que j'suis.

Bon ben, c'est assez philosophé pour aujourd'hui. Il va faire beau et c'est tout de même l'été. Je ne gâcherai pas l'été à penser toute la journée.

Ciao.

vendredi 24 juillet 2009

FACEBOOK OR HOW TO GET A FUCKING LIFE


Voulez-vous bien me dire à quoi ça sert Facebook? Je suis allé voir de ce côté-là pendant un mois et j'ai désactivé mon compte hier pour en finir une fois pour toutes. Je trouvais ça nul à chier. Insipide. Insignifiant. Soporifique.

Qu'est-ce que le monde se dit sur Facebook? Rien.

Get a fucking life! C'est tout ce qui me venait à l'esprit chaque fois que j'essayais de comprendre quelque chose à ce phénomène.

Je ne comprends pas que des gens ressentent le besoin de dire qu'ils ont fait un gros caca le matin, mangé du pain le midi et fourré en solitaire le soir. Just get a fucking life! Ça me revenait toujours en tête, je vous jure, chaque fois que j'allais consulter mes messages sur Facebook.

Je me suis dit au départ que ça rameuterait des gens vers mon blogue et que ça me ferait peut-être vendre des toiles. No fucking way. J'en ai plus vendus par le bouche à oreille. Pourquoi me fendrais-je en quatre pour nourrir une autre patente sur le ouèbe? Et pour dire quoi, hein? Que je me suis levé ce matin pour faire un gros caca? Que je vais manger du pain ce midi et que ce soir, ben, je vais me brasser le poulet en chantant des chansons de René Lévesque?

Just get a fucking life!

J'ai désactivé le compte. J'ai fait un gros caca sans en parler à qui que ce soit, sinon à vous, fidèles lecteurs et lectrices, mais ça ne compte pas vraiment, puisque la plupart du temps je raconte des histoires où le je est mis de côté. Et voilà tout. Je n'ai plus 2365 amis. Je n'ai que vous, dont trois pelés et un tondu, plus un gus inconnu de France qui me laisse toujours des tas de commentaires à la Antonin M'Artaud. C'est parfait comme ça. Je n'en demande pas plus. Cela me laisse du temps pour vivre et faire plein de trucs que je ne vous raconterai jamais.

Plus je vieillis plus je m'intéresse aux autres et toujours moins à moi-même. Facebook, c'est incompatible avec la maturité. À moins d'être vraiment coincé dans son garde-robe, la tête dans le trou des chiottes, dans l'incapacité totale de communiquer ou de ressentir autrement que par une fichue connexion Internet. Ce qui n'est heureusement pas mon cas.

Je préfère les blogues à Facebook, Twitter et autres sites borborygmesques pour plusieurs raisons.

Que des gens prennent un peu de leur temps pour raconter des histoires et partager des trucs qu'ils créent, ça m'émeut. Qu'ils perdent leur temps à raconter leur vie plate, ça me fait scier. Et encore plus scier ce serait de répondre à des tas de questionnaires gagas comme on n'oserait même pas remplir dans des magazines de stars conçus pour ceux qui mènent des vies poches.

Donc, adios Facebook.

Thank you again Blogger.

Have a nice day folks.

mercredi 22 juillet 2009

Une grande figure trifluvienne: Romuald Marchildon


Romuald Marchildon vit dans un studio dégueulasse du centre-ville de Twois-Wivièwes. Son studio est situé à ras le trottoir, au rez-de-chaussée, avec vue sur une rue d'asphalte parsemée de nids de poule.

Marchildon vit avec huit chats et quinze vélos démontés qu'il récupère ici et là dans les vidanges pour les revendre après les avoir reconditionnés. Il entasse aussi des télévisions et des pièces d'ordinateurs dans son studio. Il y en a même sur ce qui lui tient lieu de lit, un vieux matelas posé lamentablement sur le plancher, parmi les détritus. On devine que Romuald ne fait jamais le ménage. Même sans y être entré. C'est pas mêlant, chez-lui ça sent la marde.

Sauf que tu ne trouveras pas meilleur gars pour réparer ton vélo pour pas cher. Bien sûr qu'il boit. Bien sûr qu'il pue. Bien sûr qu'il est vieux, laid et bouffi comme un vieux mégot baignant dans un cendrier rempli de bière chaude. Mais il ne fait de mal à personne. Pourquoi faudrait-il l'emmerder? Hein?

Chacun sa vie. Celle de Romuald Marchildon puait. Voilà tout.

mardi 21 juillet 2009

William, maire de Pétate-sur-Saint-Laurent?


Tout le monde voulait que William se présente à la mairie de ce trou pourri, Pétate-sur-Saint-Laurent.

On le voulait pour maire parce que William était un homme bon, et ensuite parce que tout le monde l'aimait, naturellement.

Pourtant, William refusait de se présenter à la mairie et se voyait encore moins commissaire scolaire.

-J'suis pas un crosseur, qu'il disait. Qu'est-cé qu'vous voudriez bien que j'aille faire là, moé-là, ma foi du bon 'ieu!

-Ben justement, répétaient en choeur les Pétatiens, c'est ça qu'on veut entendre. C'est rien qu'des hosties d'crosseurs!

William les regardait, dépité.

-Qu'est-ce que j'ai fait de mal pour être devenu si populaire? Et aimé de tous? se disait-il en lui-même. Je n'suis pas si aimable que ça, franchement... Ça devient gênant qu'ils me tombent tous dessus pour me dire de me présenter pour tel ou tel poste de crosseur. Serais-je devenu un crosseur?

Et William s'en allait, tout penaud, saluant tout son monde sur son passage, en se demandant s'il n'était pas mieux de chasser toutes ses stupides pensées en se concentrant plutôt sur un bon repas en bonne compagnie.

Ce qui ferait de William un gars encore plus aimable, puisqu'il allait encore divertir tout le monde, le gus, avec son rire sonore et ses paroles de gars qui ne voulait surtout pas être frappé par la maladie de l'ambition et gâté par le pouvoir.

-Mangez d'la marde hastie! Je n'deviendrai pas maire de Pétate-sur-Saint-Laurent! commença William pour signifier bon appétit. D'abord j'su's su' l'bs. Qui c'est qui voudrait d'un maire su' l'bs?

Et la vie allait continuer son cours et William sa destinée.

Pétatiens et Pétatiennes, il n'y a pas que William. Il y a aussi Mambo Lauzon, la Grenon, Jumbo Laferté, Ti-Drette Caouette pis Madame Bradette.

Y'en a plein d'autres pas trop crosseurs. Arrêtez de sticker sur William, c'est clair qu'il ne veut rien savoir de ça, la politique. Il vote toujours bulletin blanc. Et le reste du temps, il le passe à gratter sa guitare. Des fois il joue au bar La Belle Compagnie. Ça paie la bière. Pis c'est bon pour son ego.

À part de ça, c'est pas mal ça.

lundi 20 juillet 2009

Les étés pourris ne le sont pas pour tout le monde



Les étés pourris ne le sont pas pour tout le monde.

Jusqu'à maintenant, je n'ai que des éloges pour cet été pluvieux, même si les fraises sont dégueulasses et recouvertes de limaces. Je me dis que les limaces aussi passeront un bel été, bien que mon orgueil ne saurait souffrir la comparaison avec ces gastropodes visqueux dont la seule vue saurait gâcher tous les repas, végétariens ou pas. Je n'aime pas les fraises cet été, ni les limaces, mais je n'en apprécie pas moins le temps plutôt frais pour la saison. Comme je ne cours pas les festivals, je ne manque rien. Qu'il pleuve à boire debout ou non, on boit toujours debout dans les festivals. Et armoire à glace comme je suis je me sens toujours comme un chien dans un jeu de quilles parmi la foule. Je suis toujours sous l'impression que je vais mutiler quelqu'un en reculant.

Donc, je chante sous la pluie. J'suis pas fait en chocolat.

Et puis il ne pleut même pas. Même qu'il fait soleil. Peut-être vingt celsius. Peut-être dix-neuf. De gros nuages blancs et à peu près propres. Le soleil au sommet des arbres. Les fleurs qui poussent un peu partout dans les terrains vagues. Les oiseaux qui chantent. Et je vous laisse deviner tout le reste.

C'est un hostie de bel été que je vous dis. Je n'en décroche pas.

samedi 18 juillet 2009

La toile de Kokomis




Kokomis est au milieu de sa toile et elle attend. Qui c'est Kokomis? Ben voyons, c'est grand-mère. Parce que kokomis ça veut dire grand-mère en anishnabé (algonquin). Tout le monde sait ça...

Kokomis attrape les mauvais esprits dans sa toile, à l'instar des capteurs de rêves que l'on achète à trois pour une piastre au Dollarama. C'est du moins ce que tout Indien qui se respecte devrait savoir, si l'on retranche l'allusion au Dollarama de ma phrase précédente. Kokomis nous protège. Elle déjoue les subalternes de Matché Manitou, le plus mauvais des esprits.

Kokomis les enveloppe dans du fil aussi fin que de la soie. Et elle les sert à manger à de petites kokomis qui engendreront d'autres kokomis. Tout ça pour que l'Indien ne soit pas touché par les diablotins de Matché Manitou.

***

Elle ne bouge pas, Kokomis. Elle a tissé sa toile de ma corde au linge jusq'au poteau de ma galerie. Du beau travail, tout en finesse. Symétrique. Comme si ça lui était naturel de tisser depuis des millions d'années. Sacrée Kokomis. Je ne saurais la tuer. Oui, sa besogne est utile.

Les astuces de Matché Manitou sont déjouées par Kokomis, qui travaille pour Kitché Manitou, le Grand Esprit à ce qu'il paraît.

Matché Manitou est en beau joual vert.

Il s'est allié avec Baal-zébub, alias Belzébuth le dieu des mouches, pour me faire chier dans mon arrière-cour.

C'est plein de maringouins et de bestioles désagréables, de mouches et autres transmetteurs de malaria, de fièvre jaune et de peste bubonique! Heureusement que Kokomis est là pour m'en débarrasser!

Kokomis travaille vraiment de mon bord. Elle les attrape, les mouches et maringouins, et elle les empêche de venir poser leurs sales pattes sur mes fruits et sur ma viande.

Comme quoi les légendes indiennes, c'est pas sorcier.

C'est toujours basé sur quelque réalité pratique de tous les jours. C'est pas aussi ethéré et fumeux que ce que l'on entend un peu partout chez les vulgaires marchands de caca indien à la mode du jour. Ça veut juste dire ne détruis pas les toiles d'araignée, crétin, puisque les araignées travaillent pour ton bien-être.

Les Indiens avaient compris avant tout le monde ce que Monsieur Tout -l'monde tarde encore à comprendre...

La spiritualité indienne, c'est le gros bon sens. Arrêtons de faire passer les Indiens pour des gus qui planent dans les airs avec des aigles géants! Ça, c'est vraiment d'la bullshit. En tout Indien qui se respecte il y a toujours un fonds de scepticisme et une vision pratique des choses.

C'est moi qui le dis, Makwa Grizzli, métis anishnabé et cracheur de feu à temps partiel.

***

Metueu-tatupahikan. C'est l'heure de la récréation.

vendredi 17 juillet 2009

Lulu


Lulu n'est ni très grande ni très petite non plus. Son prénom c'est Lucienne mais elle préfère qu'on la surnomme Lulu.

-Ça fait moins vieux! qu'elle dit.

Ok Lucienne. On va t'appeler Lulu.

Lulu a vingt-huit ans et trois quart et son nez est rose. Ses sourcils sont bruns et ses cheveux sont verts. Il lui manque deux dents du fond. Elle zézaye légèrement et tout porte à croire qu'elle est dyslexique puisqu'elle dit souvent aile-rôle pour dire egg-roll, bibarbonate de soudure pour dire bicarbonate de soude.

Donc Lulu, c'est Lulu, comme ils disent.

Elle est caissière au supermarché. Elle a deux flos. Et elle vit depuis trois mois avec un type qui a lui aussi deux flos. Ils forment à eux deux une famille reconstituée. Le type s'appelle Ivanhoé. Mais personne ne l'a rencontré parmi le personnel du supermarché. Ivanhoé, ben c'est Ivanhoé, comme ils disent.

Lulu rêve de devenir une chanteuse internationale comme, mettons, Céline Dion. Elle se pratique tous les soirs devant son miroir, au grand désespoir d'Ivanhoé et des voisins, puisque Lulu chante faux. Une poulie qui grince. Une craie qui déchire un tableau noir. Une assiette sadiquement griffée par une fourchette. C'est de notoriété publique puisqu'elle se pratique aussi devant tout le monde à la pause, au supermarché.

N'empêche qu'elle est bien gentille, Lulu.

Elle achète du chocolat pour les pauvres. Et des amandes grillées. Et des calendriers.

Un jour, Lulu a attrapé la grippe. Le lendemain, ça allait beaucoup mieux.

Comme quoi sa vie est une suite de petits maux et de grandes guérisons.

Pourquoi faudrait-il s'en faire, hein?

-Moé, j'm'en fa's p'us a'ec p'us rien pantoute! qu'elle dit souvent, Lulu. J'prends la vie comme qu'A vient pis c'est toutte. Comme disait mon pèwe, j'su's comme Jos Meilleuw, si ça fait pas icitte, ça f'ra ailleuw!

Ah ben tabarouette qu'elle l'a l'affaire c'te Lulu-là qui provient d'Twois-Wivièwes-Ouest.

Elle vit dans un bloc, juste à côté du Wal-Mart.

Pour ce qui est de son chum Ivanhoé, ben, y'a des langues sales qui disent qu'i' est su' l'bien-être. Parsonne n'l'a rencontré pis tout le monde prétend savoir qui c'est. J'ai mon hostie d'voyage. En tous 'es cas. C'est pas d'mes calices d'affaires. Mais j'gagerais pas que c'te gars-là est su' l'bien-être. Faut pas s'fier à la médisance. Mon beau-frère m'a dit que c'te gars-là, ben, i' travaille dans un garage depuis quatre ou cinq ans. Hostie que l'monde est cave. Pis même si y'était su' l'bien-être, qu'est-cé qu'ça pourrait ben calisser, hein? Rien pantoute. Langues sales de langues sales de calice!

jeudi 16 juillet 2009

Effèfèle le fêlé qui peignait avec des pinceaux Lafitte


Ferdinand Ferland-Laferté était un gars qui se croyait artiste et s'inventait toutes sortes de raisons pour ne pas faire de l'art. C'était un indécrottable poseur. L'art lui était un prétexte pour combler la vacuité de son esprit fatigué avant même que d'avoir commencé à travailler. Ce qui fait qu'il pratiquait les arts en parfait velléitaire. Il faisait semblant. Et il faisait chier tout le monde autour de lui avec ses discours ronflants sur le rôle de l'artiste et toutes ces sortes de conneries.

Au Café Le Smouk, tous les clients le voyaient venir de loin avec son air de grand flanc mou déguingandé et sa gueule de faux-dur en guimauve qui portait toujours le même foutu béret gris souris.

-Tiens, c'est Effèfèle qu'ils disaient pour dire FFL, l'acronyme de Ferdinand Ferland-Laferté.

Et Effèfèle ça voulait dire «Pas encore cet hostie d'emmerdeur!»

Effèfèle était artiste-peintre, mais il n'avait peint qu'une seule toile, plutôt laide à mon avis, une représentation très quelconque d'un mage que l'on devinait au-travers un nuage de brume caca d'oie.

-Je voudrais recommencer, prétendait Effèfèle mais ça me prend absolument des pinceaux Lafitte -et on n'en trouve qu'à la boutique Charmes de Paris, à Montréal. Je ne peux pas m'imaginer peindre sans des pinceaux Lafitte!

Et il tenait des propos idoines pour la musique, le théâtre expérimental ou la danse contemporaine.

-Je ne peux pas produire ma symphonie sans une vraie guitare Fender, j'attends seulement de m'acheter une Fender...

-Joe Blo pourrait t'passer sa guit'. C'est pas une Fender mais A joue ben en tabarnak!

-Non, non, de nous répliquer Effèfèle, je ne peux rien faire sans une Fender! Comme je ne peux rien peindre sans de vrais pinceaux Lafitte!

Effèfèle est un hostie d'nul.

C'est toujours comme ça avec lui. D'l'hostie d'brettage, des noms de marque de compagnie, des calices d'expressions entendues mille fois qui sont plates comme le christ pis d'la sacrament d'bullshit sur à peu près toutte.

I' fait chier Effèfèle. I' fait juste chier. C'est pas un artiste. C'est 'ien qu'un hostie d'bretteux. Comme y'en pleut des tas. On dirait qu'i' y a rien qu'de ça. Des gars qui parlent, parlent, parlent, pis qu'i' font jamais rien. Hostie qu'i' y en a des bretteux, hein? Des hosties d'bretteux d'tabarnak!

mercredi 15 juillet 2009

Le festival du radis et autres toiles sorties de mon atelier


Trois toiles sorties de mon atelier ce matin et qui ne reviendront plus jamais... Merci à mes mécènes!

Il y a d'abord Le festival du radis, un tableau de grand format qui représente un hommage à tous ces festivals plus ou moins farfelus et populaires qui se tiennent l'été dans mon coin de pays.

J'ai par ailleurs produit deux autres tableaux un peu plus petits.

Le soleil qui sort d'entre les nuages s'intitule Oh! soleil, soleil.

Et le tableau de la bonne femme à poil s'intitule C'était le temps des fleurs.

Voilà.



mardi 14 juillet 2009

Mon père nous emmenait dans l'bois


Mon père, un métis du Bas-du-Fleuve Magtogoek, né à Sainte-Luce-sur-Mer et élevé à Sayabec, dans la Vallée de Matépédia, nous emmenait souvent dans l'bois pour nous apprendre à distinguer les plantes comestibles des plantes toxiques. On partait avec lui et, hop, on mangeait des fraises des champs, puis des framboises, des mûres, des bleuets, des merises, des cerises et des groseilles. On suçait des feuilles de thé des bois. On récoltait du pimbina pour en faire de la confiture. Et pour finir le tout, on pêchait du brochet.

Il nous emmenait de l'autre côté du pont de fer, au Cap-de-la-Madeleine, juste derrière le centre commercial Les Galeries du Cap. La civilisation s'arrêtait juste derrière à cette époque. On marchait vingt-cinq minutes au Nord de Twois-Wivièwes et on se trouvait presque dans la forêt vierge. Pour nous, ça l'était à tout le moins.

Et mon enfance s'est donc faite sur le tracé de la voie ferrovière, du Parc Des Pins jusqu'aux limites de Saint-Louis-de-France. J'y ai vécu simultanément comme un Indien et comme un gars du ghetto. Je dormais à cent pas de l'usine de textile Wabasso, la nuit, et le jour le père nous emmenait à mille lieues plus loin, dans la forêt vierge... Où il y avait même de l'eau de source, imaginez! Si c'est pas ça la vraie vie... Enfin voir autre chose que des hosties de clotures de broches d'usines sales...

lundi 13 juillet 2009

Le grand Grenon n'a malheureusement pas de problèmes


Quand on lui parlait de chiffres pour résoudre des problèmes existentiels, le grand Grenon riait comme un gros sacrement de bouffon.

-Douze étapes pour ceci, trois façons de, l'octuple sentier et toutes ces manières de compter pour apprécier la vie, hostie, ça n'me revient pas!

-Oui ben, lui disaient ses contradicteurs, t'es pas alcoolique ou drogué toé, t'en as p't'être pas d'besoin!

Le grand Grenon était-il ce qu'on appelle «quelqu'un-qui-consomme»? Oui, comme tout le monde. Il se droguait à la théine, à la caféine, aux acétaminophènes et prenait quelques verres à l'occasion, rien pour jeter un homme par terre. C'était ça, en fait, le problème du grand Grenon: il ne reconnaissait pas qu'il avait un problème de consommation. C'est pas normal de boire deux thés et deux cafés par jour. Ni de prendre quatre aspirines de temps en temps. Donc, pour les contradicteurs du grand Grenon, il était clair qu'il ne pouvait pas comprendre.

-Il n'est pas encore allé tout au bout du rouleau. Il devra descendre encore plus bas.

Le plus christ dans tout ça, c'est que le grand Grenon avait tout l'air d'être heureux. Il riait tout le temps. Jouait de la musique joyeuse. Dessinait des gros nez. Faisait l'amour. Était aimé et apprécié de ses pairs. Se curait le nez loin des regards indiscrets. Et il ne s'était jamais fait prendre à vraiment péter les plombs, comme se promener tout nu dans la rue et donner tout son argent aux inconnus.

Donc, le grand Grenon se tenait encore loin des douze étapes, des trois ceci ou cela, de l'octuple sentier dont il n'a rien à foutre. Il était bien trop heureux pour que ça dure. Il allait tomber lui aussi, et les voilà qui se jetteraient sur lui, les charognards, avec des chiffres, des statistiques, des diagrammes.

Le grand Grenon, vrai comme je suis là, c'est le gars qui est heureux dans son coin et qui n'écoeure pas personne. Les curés et autres diablotins n'ont aucune emprise sur ce cerveau trop jubilant qui cherche ardemment l'infini et sait le trouver. Le grand Grenon s'est débarrassé de toutes les démonstrations de morale en Tupperware, emballée sous vide et ne distillant que le plus mortel des ennuis.

J'ai oublié de vous dire que le grand Grenon avait un gros nez et n'était pas nécessairement laid. Ce qui lui rendait la vie d'autant plus facile. Ce n'est pas comme ça pour tout le monde. Il y en a qui en arrache en tabarnak, pas mal plus que Grenon, un gars qui ne fait pas pitié pantoute.

En tous 'es cas. C'est ça qui est ça.

Ça fait que si vous rencontrez le grand Grenon, parlez-lui bien gentiment de lacs et de rivières, de musique et de femmes, et il vous en sera reconnaissant. Il vous offrira du thé, du café, de la bière ou des p'tits biscuits. Mais si vous lui dites douze étapes, trois niaiseries, cinq à sept, il vous claquera la porte au nez prétextant une grosse envie de chier. C'est qu'il peut être plate et vulgaire, le grand Grenon. Elle l'a toujours bien servie, la vulgarité. Selon lui, ça le protège des imbéciles.

Sacré grand Grenon, va! Le meilleur joueur de cuillère de tout le grand Trois-Rivières. Même qu'il y a un vidéo de lui sur You Wube. Mais je ne trouve plus le lien. En tous 'es cas. Tapez cuillères et Twois-Wivièwes sur You Wube. Wous wallez suwement twouwer.

En attendant, écoutez-moé ça.

dimanche 12 juillet 2009

Sur le pouce, entre Montréal et Cap-de-la-Madeleine


Montréal devient chaude et humide comme une blessure en juillet. Surtout dans cette misérable chambre de Parc-Extension, un quartier où l'on peut voir des processions à Shiva, Brahma et tous les dieux du continent indien en juillet comme en décembre. Il y a beaucoup de Jamaïcains aussi et c'est chez l'un de ceux-là, un type qui joue des covers de Jimmy Cliff dans les bars de la métropole, que Simon-Charles s'approvisionnait en marijuana tous les jours de la semaine.

Le type qui jouait du Jimmy Cliff, c'est impossible de dire à quoi il ressemble. Comme c'est impossible de lui téléphoner sans connaître les codes pour commander sa précieuse dose de bonheur instantané. On appelle quand même pas chez le pharmacien quand on veut de la marijuana. À moins que l'on ne soit de Trois-Rivières, où tout se peut, comme vous n'en avez pas idée. Donc, il n'y a rien de plus à dire sur Pseudo-Jimmy Cliff qu'il n'y en a à dire sur «Yellowman is singing seven times Mister Chin» pour lui signifier que l'on veut sept grammes de gazon hilarant.

Néanmoins, il est possible de vous décrire Simon-Charles, sinon cette histoire ne mènerait nulle part. Simon-Charles est un beau jeune homme timide de dix-neuf ans, pas dangereux pour deux sous, qui rêve de devenir un meilleur être humain. Quand d'autres disaient je veux devenir pompier, facteur ou manutentionnaire chez Rona L'Entrepôt, lui disait qu'il voulait devenir un meilleur être humain. Peut-être qu'il fumait trop de l'herbe de Pseudo-Jimmy. Allez savoir.

Simon-Charles a deux sourcils bien droits et pas trop touffus. Normal. Il est encore tout jeunot. Et il a des cheveux bruns rouillés, pas mal à part de ça, et qui vont dans toutes les directions. Un air beatnik qui s'ignore. Il se fout de la mode et semble pourtant l'être, à la mode. L'époque peut être cool, parfois. Surtout l'été. En juillet, quand un rien t'habille.

Et Simon-Charles, ben quoi, une paire de jeans coupée en short et une paire de shoe-clacks et pas besoin de fleur à la boutonnière. Une guitare en bandoulière et on sort de Montréal pour aller dans la nature voir si le fond de l'air est frais.

C'est qu'il jouait de la guitare, Simon-Charles, avec Pseudo-Jimmy Cliff, et ces deux bougres-là devaient bien faire, ho, mettons deux milles piastres par semaine, parce qu'ils étaient vraiment hot. Comme quoi les rêveurs peuvent aussi faire pas mal de blé en s'amusant. Et s'amuser en étant tout le temps cassés. Il dépensait tout ce qu'il gagnait, sans compter. Ce qui fait que Simon-Charles faisait du pouce entre Montréal et le Cap-de-la-Madeleine pour aller revoir ses parents et ses amis. Il jouait du blues, en solo, au Pub 747. Tous les lundis soirs. Et il se gardait parfois du pognon pour redescendre en bus, avec Orléans Express. À moins qu'il ne s'attrape un lift, quelque type du Pub 747 qui avait trippé sur ses solos de guitare.

J'ai oublié de vous dire un mot sur l'origine ethnique de Simon-Charles, pour compléter ma description du personnage en vrai pro. Simon-Charles était un métis mélangé comme à peu près tout le monde dans son coin de pays. Un peu Irlandais. Un peu Huron. Un peu Français. Un peu Suédois. Un peu Algérien. Un peu Hun. Bon sang de bon soir qu'il y a du plaisir à se mêler les uns aux autres, hein?

Donc, c'était un lundi de juillet et il faisait chaud en sacrement.

Simon-Charles devait descendre au Cap. Il a donc pris le bus qui le menait jusqu'à la pointe de l'Île de Montréal, Pointe-aux-Trembles que ça s'appelle. Y'a pas le choix de faire ça. On ne fait pas du pouce au centre-ville, c'est suicidaire. Donc, on prend le bus jusqu'à Pointe-aux-Trembles puis on traverse à Charlemagne, patrie de Céline Dion, et on marche tout droit jusqu'à l'autoroute 40 pour tendre son pouce sur le bord de l'accotement, plus large et plus sécuritaire dans ce secteur. Hého, on se prépare pour faire du pouce. Ça ne se fait pas comme ça, tout croche tout de travers.

Évidemment, tout le monde embarque un gars tout seul sur le pouce avec une guitare. Faire de l'auto-stop en solo, c'est bien plus efficace. Deux gus, ça fait peur. Et un gars qui se permet de faire ça avec une fille n'est pas très régulier. Affronte ta peur tout seul, gus.

Quoi qu'il en soit Simon-Charles était content ce lundi matin d'avoir pris le premier lift venu qui l'abandonna au bord d'un champ jouxtant l'autoroute 40, tout près de Saint-Joseph-de-Maskinongé. C'est là qu'il voulait être pour bouffer ses noix et fruits séchés, fumer un coup et gratter quelques notes sur sa guitare devant les vaches qui broutaient au loin, impassiblement.

La luzerne, les marguerites et toutes ces fleurs dont le nom lui était inconnu, ça lui embaumait l'âme d'un parfum d'éternité.

Simon-Charles était bien à se faire aérer les couilles en pleine campagne, loin de Montréal. Dans quelques heures il serait à Trois-Rivières, encore en ville, à crever de chaleur. Aussi bien prendre son temps.

Il se trouva un coin à l'ombre d'un arbre, pissa, mangea et but un coup. Il inhala du gazon en contemplant la campagne. Puis il sortit sa guitare et gratta Three little birds.

C'était pas encore un meilleur homme. Mais ce n'était certainement pas le plus malheureux.

Comme quoi, la vie est belle, pour pas cher, quand on est un peu débrouillard.

C'est encore une autre morale à la con.

Mais ça ne se finit pas comme ça, abruptement, une belle histoire.

Y'a un début, un milieu et un fin, toute en douceur.

vendredi 10 juillet 2009

Le jeune Québécois moyen, le décrochage scolaire, etc.


Le jeune Québécois moyen d'aujourd'hui se calisse de la politique au sens classique du terme. Il a compris depuis longtemps que le nationalisme, pour un gars ou une fille de son âge, rime avec «je ne baise pas et j'en veux au monde entier».

Il est généralement bilingue et parfois trilingue, au contraire de ses parents et grands-parents. Il sait qu'il vit dans une république de bananes et il s'en calisse parce que tout ça s'effondre comme un château de cartes. Les liftings, ça ne dure qu'un temps et rien n'arrêtera les rides et les ruines de ce que l'autre génération aurait voulu faire durer mille ans. Leur temps est passé et ils pensent que c'est la fin du monde, les vieux cons, et non. Ce n'est que leur fin à eux.

Le jeune Québécois moyen passe son temps sur YouTube et trouve que l'école ne va pas assez vite pour lui. Tout est sur l'Internet et les profs le font bâiller d'ennui parce qu'ils sont lents comme une connexion de base qui te gobe du temps quand tu viens pour consulter tes courriels ou bien tes sites favoris.

Tu as vingt ans et tu te poses une question? Tu linkes hastie! Rien de plus simple. Tu tapes ta question dans Google et tu as ta réponse. Tu auras beau taper sur ton prof que parfois rien ne sortira, sinon la reproduction ad nauseam de notes de cours jamais remises à jour, puisées il y a vingt ans à l'université, du temps où tout le monde se trouvait diplômé, analphabète ou pas. Une vraie révolution culturelle quoi. Qui fait que les jeunes sont mille fois plus brillants de nos jours. Ils lisent vraiment, de leur propre chef. Et ils voient leurs aînés comme des pas vites, pas trop tannants, mais pas vites. Du genre à faire des bulles chaque fois qu'on leur parle de downloadage ou ben don de linux. Des pas vites qui font ce qu'ils peuvent avec le peu qu'ils ont.

***

À propos du décrochage scolaire

Le système scolaire étant ce qu'il est, je considère le décrochage scolaire comme l'expression d'une forme d'intelligence.

J'exclue évidemment de ce nombre les décrocheurs qui ont un filet de bave aux commissures des lèvres et qui ne savent dire que «gwrtz!». Mettons que l'école, c'est trop pour eux.

Tout comme ce n'est pas assez pour un autre type de décrocheurs, tout aussi fréquent et bien plus dramatique.

Des jeunes qui décrochent parce que l'école ne va pas assez vite pour eux, il y en a des tas.

L'Internet répond à vingt milles de tes questions quand l'école et le prof ont de la difficulté à traiter deux ou trois nouvelles réponses par jour. Ça ne va pas assez vite. Ça pue la boule à mites et ça sent le renfermé, l'école classique. C'est aussi con que d'enseigner à tout le monde l'art de calligraphier sur du parchemin à l'époque de l'imprimerie. C'est l'imprimerie qu'il faut enseigner, gus, pas la calligraphie pour tous, triple abruti.

On vit à l'ère atomique et le génome humain est décrypté. Faudrait bien en tenir compte un jour et enseigner dans un climat d'émulation et d'accélération dans l'acquisition du Savoir.

Ça va faire le brettage sacrement. Dehors les branleux! L'école doit aller plus vite. Et faire mieux. Et simplement apprendre aux jeunes à apprendre par eux-mêmes au lieu de faire de l'hastie de brainwashing de vieux cons siphonnés par des idéologies déchues et des morales à vingt-cinq cents.

***

Le soleil perce enfin les nuages.

L'avenir du Québec ne m'a jamais semblé aussi libre et prometteur.

Let it be.

jeudi 9 juillet 2009

Le bonheur des tristes


Il est des lectures qui vous accompagnent lentement mais sûrement vers des vérités qui ne sont pas feintes. Le bonheur des tristes, de Luc Dietrich, fait partie de ce lot.

Je connaissais ce nom par la bande, savais un tant soit peu qu'il était de la bande de René Daumal, l'une des plumes de feue la revue Le Grand Jeu.

Ce qu'il y a d'appréciable chez tous ces mecs, c'est qu'ils ne sombraient pas dans les pièges des idéologies politiques, au contraire de tous les dadas et gagas plus ou moins surréalistes de leur temps.

Ils étaient crus et vrais, tout en étant complètement à côté de la track. Donc, un peu fous. Avec tout plein d'abracadabras qui me gossent, mais bon, j'aime mieux lire des conneries à propos de délires religieux que de lire des manifestes politiques ou littéraires. Chacun son trip. Dans les délires religieux, il y a toujours place à la fantaisie, à tout le moins.

Ce qui fait qu'on lit Le bonheur des tristes de Luc Dietrich avec la sensation de lire un contemporain, un type qui par sa vérité crue lutte résolument contre le mensonge. Un trait propre aux enfants qui ont grandi loin de leurs parents, l'éternelle sensation de détecter tous les mensonges, d'où qu'ils proviennent. Ce qui fait de ce roman une oeuvre qui mesure bien notre temps et juge encore mieux notre époque, sans qu'il ne soit question de beaux et grands discours.

Il n'y a pas de sermons dans Le bonheur des tristes. Il n'y a rien d'autres que de la vie dans son expression la plus simple. Cela relève bien sûr de l'autobiographie. Mais c'est écrit avec beaucoup plus d'honnêteté que ce que Jean-Jacques Rousseau écrivait pour ses Confessions. Ce n'est pas du toc. Du «j'ai toujours été bon et honnête», si vous voyez ce que je veux dire.

Prenons seulement cette phrase, l'aboutissement du roman.

«Que deviendrai-je?
-Écrivain, répondait une voix comme par un téléphone mal branché. Et à qui lirai-je ce que j'écrirai? À eux? Ils sont trop et chacun est occupé d'autre chose.»

Ouais, je vous recommande le roman Le bonheur des tristes, parce que ce n'est pas larmoyant, ni vraiment triste. C'est juste vrai. Une vérité terrible et vraiment honnête. Un cynisme qui n'est qu'une quête de bonté et d'humanité. Le type s'est vraiment élevé tout seul et il se raconte sans fard, comme seuls peuvent se raconter les orphelins.

Bref, c'est un grand livre. Bien meilleur que L'étranger de Camus que nos profs de cégep n'arrêtent pas de faire lire à leurs étudiants. S'ils leur faisaient lire Le bonheur des tristes, peut-être que ça cognerait plus dans leur cervelle que cette histoire de pauvre con qui tue quelqu'un sur la plage juste parce que le soleil lui piquait les yeux.

Un reproche que je ferai volontiers à Camus: trop politique et pas assez littéraire.

Donc, ennuyant.

C'est tout ce que j'avais à dire sur le sujet. Bonsoir.

mercredi 8 juillet 2009

Quelle histoire!

Il était une fois un gars qui voulait écrire une histoire. Il ne faisait que vouloir et, voilà, il ne l'a jamais écrite cette histoire. Donc, c'était l'histoire du gars qui voulait écrire une histoire.

Quelle histoire!

mardi 7 juillet 2009

lundi 6 juillet 2009

ÉTATS DE TRANSE


Des états de transe surviennent lorsque l'on pratique un art sur un temps prolongé.

Enfin, certaines pratiques artistiques me font cet effet, dont la peinture et la musique, deux arts que j'ai beaucoup pratiqués en fin de semaine. Les pinceaux, la guitare, les harmonicas, l'accordéon et le clavier se sont faits aller. Et même que cela s'est terminée en beauté avec l'achat de mon tableau «Le festival du radis» par un gentleman qui passait du côté de mon atelier. La toile n'est même pas encore terminée qu'elle a trouvé preneur. Ça, c'est trop hot. Merci au gentleman. Et vite que je retourne à cette toile pour vous la montrer avant qu'elle ne s'envole de mon atelier afin de vivre sa vie ailleurs...

La musique, la peinture et je suis en transe.

***

Je mentirais de vous dire que j'atteins ces états de transe avec l'écriture. L'écriture, c'est cérébral. On ne réussit qu'à atteindre des demies transes qu'à partir du moment où l'orthographe et la syntaxe ne sont plus des obstacles à la transmission de la pensée. Autrement, c'est comme compter sur ses doigts. C'est technique en s'il-vous-plaît.

Les émotions sont bien plus vives quand elles se servent de la peinture et de la musique pour s'exprimer. La transe est atteinte au bout de quelques minutes, facilement. On est dans la chanson. On invente des notes, des répliques. On plonge dans une suite de sons envoûtants où il n'y a rien de plus cérébral. Il y a de la connaissance dans la musique et je suis ceux qui croient que c'est une plus haute forme de connaissance que tout ce que je pourrais lire ou écrire. C'est en communication directe avec le cerveau.

La peinture a quelque chose de plus technique que la musique, malheureusement, mais il arrive aussi que je me trouve hypnotisé par mon thème et étourdi par les couleurs. Surtout quand je me lance dans les fresques de personnages, comme je l'ai fait dernièrement avec Une nuit à l'expo ou bien avec À la plage. Et comme je le fais en ce moment pour mon tableau Le festival du radis, qui sera bientôt en ligne.

Y'a tellement de petits bonshommes dans ces tableaux que je sors de chaque séance de travail tout à fait étourdi, sonné comme si j'avais reçu un coup de pelle en pleine face.

Mais en même temps je me sens étrangement calme et rassuré face à tout ce qui m'entoure, comme si le monde avait trouvé du sens.

Je fais vieux freak, je sais. Mais je suis vieux, et freak un peu sur les bords.

Faut que j'm'assume, quoi.

samedi 4 juillet 2009

Une nuit à l'Expo






















Une nuit à l'Expo.
C'est le titre que j'ai donné à ma dernière toile, dont vous voyez une reproduction ici, à gauche. C'est peint à l'acrylique sur une toile de format 60 X 90 cm. Et il y a, comme d'habitude, plusieurs couches de vernis brillant pour rehausser le tout.

La photo n'est pas très belle. On voit le flash. Et c'est beaucoup trop sombre. Je ne peux pas faire mieux pour le moment. Je me dis que c'est mieux que rien, hein?

Je photographie généralement mes tableaux au soleil, sans trépied, à main levée, comme je les ai peints. Cela fait deux semaines que le soleil nous boude et je ne peux que prendre cette mauvaise photo sous la pluie ce matin.


De l'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique

Ce qui m'amène à philosopher sur l'oeuvre d'art à l'ère de sa reproductibilité technique, pour reprendre la formule de Walter Benjamin, un gus de l'école de Francfort, vous savez, cette école de profs de philo néo-marxiste allemande. Ce n'est pas que je sois marxiste, loin s'en faut, mais bon il y a des questions que je me suis posé seulement après avoir lu Walter Benjamin.

Prenons la célèbre Mona Lisa de Léonard de Vinci. À l'époque où il l'a peinte, c'était quelque chose d'unique. On devait se déplacer pour aller la voir. Et on finissait par se dire «bon sang, c'est un génie ce mec! Il parle avec Dieu!»

De nos jours, on s'en contretorche de cette communion de l'artiste avec quelque principe premier de la Création. On peut reproduire des millions de fois la Mona Lisa sur des tasses de café, des tee-shirts, des porte-clés, des casquettes, des fanions, des agendas, des assiettes, bref sur à peu près n'importe quoi et n'importe comment.

Qui se soucie de savoir à quoi ressemble vraiment ce putain de tableau? Moi, bien sûr. Et si je passe un jour par la vieille France, j'irai sans doute la voir, la Mona Lisa, juste pour m'enlever de la tête toutes ces reproductions jamais égales, plus foncées ici, plus pâles là. Je veux voir la vraie. Pas vous?

Ce qui fait que cette semaine je vais reprendre une photo d'Une nuit à l'Expo. En plein soleil, évidemment. Et vous verrez la différence, même si cela ne sera qu'une reproduction. La vraie toile existe, quelque part, disponible pour, mettons, huit cents dollars. En bas de ce prix, je me fais baiser. Je ne suis pas Léonard de Vinci, moi. Faut que je mange.

Bozo à l'eau

Vous remarquerez sur mon tableau un Bozo à l'eau.

Mon frère a suivi une bande de carnavaleux. Il faisait son blé en montant les manèges et les kiosques, d'une part, et en tenant d'autre part le rôle de Bozo à l'eau tout le temps que durait l'Expo.

Il se déguisait en clown tous les jours et s'installait sur une planche reliée à un dispositif qui lui faisait prendre un bain chaque fois qu'un joueur atteignait la cible avec une balle.

Bozo devait évidemment exciter les joueurs en les traitant de mauviettes ou de mal baisés pour leur donner l'envie de le foutre à l'eau.

Comme mon frère était particulièrement baveux, il arrivait aussi à l'occasion qu'on le prenne pour cible. Comme si ce n'était pas assez de plonger à l'eau huit milles fois par jour, il fallait aussi qu'il reçoive des balles en pleine gueule.

À la fin de l'été, la peau gercée comme une vieille pomme, il abandonna la caravane de foireux. Bozo revint chez-lui.

vendredi 3 juillet 2009

Fuck off Jérémie fuck off!


Jérémie mesure cinq pieds huit pouces et pèse cent cinquante-deux livres. Il a les cheveux bruns et ses yeux sont bruns aussi. Son nez est un peu croche. Il se faisait boxer un peu quand il était jeune. Il ne l'est plus, de nos jours, puisqu'il a trente-huit ans.

Le type en face de lui s'appelle Adolphe, mais tout le monde le surnomme le Dauphin, allez savoir pourquoi.

Dauphin a lui aussi trente-huit ans et ses cheveux blonds sont peignés sur le côté. Dauphin doit bien peser quatre cents livres. Il mesure cinq pieds trois pouces.

C'est un obèse pas très morbide puisqu'il rit tout le temps. Une vraie boule d'énergie, qui plus est. Dauphin pratique tous les sports avec plus ou moins de grâce. Cependant, c'est au baseball qu'il est le plus frappant. On ne croirait jamais qu'une boule de suif comme Dauphin puisse faire autant de coups de circuit. Comme quoi l'on peut être gros et en pleine forme.

Quant à Jérémie, eh bien justement, il est juste devant Adolphe dit le Dauphin. On ne lui connaît pas de surnom, Jérémie, sinon que tout le monde s'entend pour dire de lui que c'est un hostie de plate. Il est vrai que Jérémie suppure l'ennui. Mais que voulez-vous, il faut bien qu'il y en ait des comme ça, des ennuyants, pas intéressants pour deux sous, qui ne disent que des tas de lieux communs et moralisent à tout vent pour emmerder tout le monde.

-Bonjour Adolphe, dit Jérémie.

-Salut, répond le Dauphin, avec quatre hot-dogs en main.

-Il faut être sérieux dans la vie, poursuit Jérémie.

Et là, voilà que le Dauphin s'écrase un hot-dog dans le front et exécute tout plein de pirouettes devant Jérémie et tous les gens rassemblés là pour le match de baseball.

Le Dauphin fonce dans une poubelle, se roule sur la chaux qui délimite le terrain et lance des brassées de gazon et mauvaises herbes tout autour de lui. Puis il crie «Guimauve!», monte dans une estrade, déboule en bas, lance une canette vide dans une poubelle, tourne sur lui-même, sautille, répète plusieurs fois «Gaga! Gougou!» puis revient à deux pouces de Jérémie pour s'enfoncer un doigt dans la narine et lui dire tout bonnement ce qu'il pense.

-Hostie qu't'es plate Jérémie! déclare le Dauphin. Tiens! Calice! J'm'enfonce e'l'doigt dans l'nez saint-ciboire de tabarnak!

Puis le match de baseball commence.

Le Dauphin est au marbre.

La balle est lancée.

Paf! C'est un autre coup de circuit frappé par le gros.

Jérémie cherche des gens à emmerder dans les estrades avec sa morale à la noix.

Les spectateurs applaudissent le gros Adolphe, cette hostie d'grosse patate qui est aussi un hostie de bon frappeur.

-I' court pas vite, e'l'Dauphin, mais sa balle i' l'enwèye loin en tabarnak! déclare un chauve avec des lunettes.

-Il faut être sérieux dans la vie, répète Jérémie.

Fuck off Jérémie. On r'garde la game de baseball. Va faire chier ailleurs.

jeudi 2 juillet 2009

Pif! Crak! Boum!


Herménégilde Laliberté a parfois des problèmes de digestion. Il a des crampes au foie et l'estomac se bloque. Ce qui fait qu'il gonfle après les repas et se sent mal quand il n'arrive pas à péter ou déféquer.

Hier, c'était le spectacle de la Fête du Canada au centre-ville. Herménégilde se sentait mal, comme d'habitude, et se frottait le ventre en vain pour faire passer ses douleurs.

-C'est comme si j'allais accoucher! Hostie qu'j'ai mal au ventre! se dit-il en lui-même.

Sur la scène extérieure, au parc portuaire, le groupe Grafignole jouait ses airs les plus connus et achevait visiblement sa prestation. Aux premières notes de «À toi pour toujours, ma calice!», Herménégilde crut bon de se diriger vers les toilettes chimiques pour voir s'il pouvait se libérer du poids qui pesait dans son estomac.

Comme Herménégilde prenait place sur le trône, l'animateur de la soirée annonçait que le spectacle était terminé.

Herménégilde forçait autant qu'il pouvait mais rien ne sortait. Son front était parsemé de veines. Sa bouche était difforme sous l'effet de l'effort. Rien. Pas même une Glosette.

Puis un miracle s'est produit. Herménégilde s'est mis à pétérader du cul en même temps qu'explosaient ces feux d'artifices qui clôturaient la soirée en rappelant un certain premier juillet mil huit cent soixante-sept.

Pif! Crak! Boum! Herménégilde se vidait de tout son corp sans vergogne, les feux d'artifices camouflant les sons disgracieux de son cul. Paf! Beding! Bedang! Kaboum!

-Hostie qu'ça fait du bien de chier d'même! Fiou! se dit-il à lui-même à haute voix.

Il se leva, se torcha et sortit de la cabine avec le sourire aux lèvres.

Il n'avait plus mal au ventre.

Le feu d'artifices était terminé.

Quel beau premier juillet, somme toute.