vendredi 27 mars 2009

PHOQUER LE CHIEN



Écrire est tellement facile que je me demande pourquoi tant de types passent leur temps à dire qu'ils ont l'angoisse de la page blanche, la vacuité à l'âme et toutes ces conneries.

Vrai comme je suis là, j'arrive facilement à pondre trois pages sans réfléchir.

Mes contempteurs vous diront que ça paraît que je ne réfléchis pas. Mes admirateurs réfléchiront une autre image de moi qui, bien sûr, ne peut être que la bonne. Le fait est que j'écris, sans trop me forcer le cul, à la va comme je te pousse, jour après jour, sans jamais tarir ma source.

Puisqu'on est vendredi, je me suis dit ce matin que je devrais normalement vous pondre un chef d'oeuvre, une de ces fables qui traverseront les âges et feront de moi un genre de lettré qui vivait en une époque où l'intellectuel faisait figure d'Ovide Plouffe ou de Boèce qui trouvait sa consolation dans les arts et les lettres, voire dans la philosophie.

Les meilleures places, comme toujours, ont toujours été attribuées aux brutes, à deux ou trois exceptions près.

La place d'un intellectuel, comme toujours, est dans la marge.

La place d'une brute est au sommet.

Les cerveaux ne tournent pas tous à la même vitesse et il faut respecter la digestion lente des masses.

Donc, je suis à la place où je devrais être et des tas de mes amis écrivains, artistes et poètes aussi. Et ils se plaignent pour tuer le temps, comme tout le monde.

Où en étais-je? Ah oui! Au chef d'oeuvre que je dois écrire ce matin, pour l'éducation des masses et le plaisir des bibliophiles qui seront ravis à la seule évocation de Philon d'Alexandrie ou de Jamblique, deux noms que je tire comme ça de mon chapeau pour leur donner un peu de culture à mâcher tandis que les masses sont à leur affaire, à phoquer le chien par les deux bouts.

Vous vous demandez sans doute comment je pourrais pondre le chef d'oeuvre dont je parle depuis quelques paragraphes, d'une manière si détachée que vous pourriez croire que je suis fort en galéjades et autres fanfaronnades?

Ce serait évidemment vous méprendre sur la pureté de mes sentiments face à cette belle broderie de mots que je vous livre ce matin. Des mots tout simples, des phrases bien ciselées, et tout ça sans que cela ne vous coûte un sou. Est-ce trop vous demander de ne pas m'en vouloir pour cette autogratification qui n'a rien à voir avec la vanité? L'objectivité se perd de nos jours, je sais.

Bon. Passons aux choses sérieuses. Voici mon chef d'oeuvre du vendredi matin.

L'HISTOIRE VRAIE DE FIDO

Luc avait un chien. Ce chien s'appelait Fido. Fido était un bâtard très loquace qui s'arrêtait à tous les coins de rue pour aboyer tout en pissant sur les jambes des prolétaires qui attendaient l'autobus.

Luc était le propriétaire du chien Fido et il ramassait toujours son caca dans un petit sac de plastique.

Fido se demandait ce que les humains faisaient avec toute cette merde qu'il chiait à fréquence très régulière. Imaginez que vous seriez tenus en laisse par un extra-terrestre qui ramasserait vos excréments dans un petit sac. Vous vous poseriez des questions vous aussi, c'est sûr. Il ne faudrait pas s'étonner que Fido s'étonnasse constamment du fait que l'on ramassasse précautionneusement son caca.

-Wouf! Wouf! jappait Fido.

-Fido a fait un gwos caca! zozotait Luc.

Et c'était comme ça tous les jours, tous les soirs, tout le temps.

Le chien mangeait. Le chien chiait. Et le maître ramassait les gros cacas.

***

CONSEILS PRATIQUES DE LA SEMAINE
Tous les vendredis matins, à heure fixe, question de finir la semaine en beauté.

Quand vous lacez vos souliers et que vos lacets sont beaucoup trop longs, faites un noeud simple dans vos longues boucles pour réduire la surface qu'elles occupent. Cette technique, simple et efficace, vous évitera d'entraver vos pas avec vos lacets.



***


That's it.

***



3 commentaires:

  1. et j'entends ...
    la voix de Jacqueline Lemay

    "Luc va à l'école
    avec son chien Fido"


    bon w-e, métis

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  2. bah, un coup de ciseau, une seule fois, ça évite de faire des tas de boucles à plusieurs reprises.
    puis pour pas que le lacet s'éfiloche, crame le bout avec la flamme d'un briquet, puis laisse refroidir, ça deviendra tout dur.

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  3. ah! ben si je m'attendais.... !! :)
    sidérée... :)

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