lundi 24 novembre 2008

NOTE SUR LA SUPPRESSION GÉNÉRALE DES PARTIS POLITIQUES


Je tiens en haute estime l'oeuvre de la philosophe Simone Weil, ne serait-ce que pour ce pitoyable ascétisme politique qui l'animait, pitoyable parce que je m'y reconnais. Je me priverais bien de politique, aujourd'hui. J'aimerais bien que l'on fonde sur les ruines de la politique quelque chose de plus grand que ce jeu d'apparences béates et de débats soporifiques. J'aimerais que la culture prenne le devant de la scène. La culture et la bonté, si c'est possible... Une forme d'humanisme, quoi.

Simone Weil voulait changer le monde de tout coeur. Elle y mettait aussi sa tête. Elle était élève d'Alain et disciple de Moïse, pleinement animée du voeu d'affranchir les esclaves.

Il n'y a qu'à lire La condition ouvrière pour s'en convaincre. Au lieu de marxiser avec quelques marxistes pédants qui ne se salissent jamais les mains, Simone Weil s'est sali les mains dans une usine pour comprendre, justement, la condition ouvrière. Tout ça pour en parler avec sa chair et son sang. Était-elle folle? Masochiste? Ou altruiste? Humaniste? Ça dépend du point de vue. Ceux d'en bas auraient tendance à croire qu'elle était de leur bord. Qu'elle avait compris quelque chose d'essentiel, non seulement à la condition ouvrière, mais aussi à la condition humaine.

Simone Weil était une militante d'extrême-gauche très indépendante d'esprit, ce qui est plutôt rare dans ce milieu.

Elle fût malheureuse en politique et se tourna finalement vers les sphères de la spiritualité, au risque d'y perdre un peu plus de sa tête et de recevoir le baptême catholique.

Si je vous parle de Simone Weil ce matin c'est parce que j'ai en mémoire sa Note sur la suppression générale des partis politiques. Cela m'est revenu après avoir tenté vainement de parler de politique avec ma blonde, comme si ça nous levait le coeur. Comme si nous avions la nausée ou le spleen, juste d'entendre le mot politique. Est-ce dû au mois de novembre? Ou bien à la piètre qualité des candidats? Je ne saurais dire. Je vous laisse y répondre.

Je ne jouerai pas longtemps à l'exégète. Allez lire la note de Simone Weil quand le coeur vous en dira. Pour le moment, je ne retiendrai que l'idée générale qui s'en dégage: les partis politiques sont des associations de malfaiteurs qui complotent entre eux pour diriger le pays aux dépens de tous. D'où l'importance de les abolir.

On devrait se doter d'élus qui représentent vraiments leurs électeurs. Ce qui fait que des hurluberlus comme André Arthur ou VLB pourraient m'apparaître sympathiques, quelles que soient leurs idées, parce que je trouve que leurs idées, même si ce ne sont pas les miennes, ont une âme bien à elles. On sait qu'on aura affaire avec Arthur ou VLB s'ils sont élus et non pas à un quelconque gérant de succursale. Je ne voterais probablement pas pour l'un ou l'autre. Mais j'apprécie le geste même si je n'ai rien à foutre de leurs idées rétrogrades. Même si je suis fédéraliste, je voterais pour VLB à Rimouski. Je voterais pour le gus qui veut brûler ses livres de temps à autres, ouais.

Les députés élus sous une bannière politique complotent dans les coulisses du pouvoir pour jouer avec nos vies et nos impôts. VLB ne complotera pas. Il va peut-être encore brûler ses livres, mais je ne m'en formaliserai pas trop s'ils ne brûlent pas ceux des autres.

Bien sûr, il n'y a pas de magie possible avec la politique. Bien sûr, ce ne sera jamais comme au royaume de Walt Disney. Pourtant, je me plais à penser que nous pourrions supprimer les partis politiques, sur les bulletins de vote à tout le moins. Il n'y aurait que les noms des candidats au poste de premier représentant du comté: Pauline, Jean, Mario, Françoise, Amir, André ou VLB.

Oh! ne me prenez pas trop au sérieux avec ça. Je ne sais pas moi-même qu'en penser. Ce serait trop facile de vous dire que j'ai trouvé la recette pour faire de la vraie politique. Je n'ai rien trouvé, désolé. Je ne fais que parler pour parler. Je pense à voix haute sur la Note sur la suppression générale des partis politiques de Simone Weil. Je philosophe...

18 commentaires:

  1. Chaque loi doit être débattue dans chaque communauté. Chaque communauté doit avoir le contrôle sur elle-même. Les États et les banques seront abolis entièrement quand l'humain aura accédé à la prochaine marche de l'évolution.

    Mais c'est pas demain la Veil.

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  2. Pas fou É.

    Je vais voter pour toé.

    Présente-toé dans Ste-Cécile, s'i'-vous-plaît!

    G.

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  4. J'veux bien être din seins d'Cécile, mais chus pas sûr que rendu là ça sert à tkoi que je me présente.

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  6. I'll drink to that É!

    Sait-on jamais, peut-être que ce genre de solution - qui aurait fait ses preuves pendant des centaines de millénaires - s'appliquera par un nombre croissant (exponentiel?) d'humains, afin de contrer la destruction de notre demeure - donc nous tous - qui elle, augmente de façon exponentielle...

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  7. Cette chanson pourrait changer le monde.

    On y sent un brin de bonté humaine et de grandeur d'âme.

    Très inspirant.

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  8. "La prochaine marche de l'évolution"...Bien dit.
    Ça,ça m'branche.
    "Turn on,tune in,drop out".

    J'espère qu'on arrive au bout de ce cul de sac,au bout de cette vision absurde et destructrice du monde qui nous est imposée depuis trop longtemps.

    I wish this step is coming soon.

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  9. L'as-tu déjà chantée et/ou enregistrée?

    Peut-être dans un recoin de ta Boîte de Pandore...

    Me semble que toi et É pourriez faire de quoi de bon avec!

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  10. Le pire Misko... c'est que je l'ai enregistrée en fin de semaine, pendant ma pratique de musique!

    Pas question que je la sorte de ma boîte de Pandore!

    Par contre, je dirais que É. n'est pas game de la chanter, de l'enregistrer et de la mettre en lien sur son site.

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  11. Yvan, c'que j'ai fait de mieux dans ma vie c'est c'que j'ai fait en tant que drop-out. Sérieusement, tout ce qu'il y a de beau dans la vie m'est arrivé parce que j'ai tout abandonné sans sourciller pour l'amour, le plaisir ou l'aventure. Les années m'ont appris quelques astuces pour tirer le meilleur de ce que la vie peut offrir: de l'amour, ouais, de la musique, ouais, de la bonne bouffe pis des bons remèdes.

    Louis Armstrong et les Beatles ont changé le monde. Les politiciens arriveront toujours deuxième. Ils sont faits à l'os. Now, everybody is a drop-out!

    Les politiciens ont perdu la guerre des idées. Il ne reste d'eux que de puants trépassés qui essaient d'avoir l'air cool mais qui ne sont finalement que des gérants de succursales de telle ou telle organisation de vendeux de bines-bénéfice-pour-le-Parti.

    Le party avant le Parti!

    We're not gonna take it!

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  12. "Le pire Misko... c'est que je l'ai enregistrée en fin de semaine, pendant ma pratique de musique!

    Pas question que je la sorte de ma boîte de Pandore!"



    HA! Ein bonne celle-là!

    Mais, tiens-nous au au courant si jamais t'as un pet de cerveau ou bedon que tu tombes s'a'tête et que tu changes d'idée et que veuilles nous la faire entendre.

    Me semble que ça devrait fesser un peu la version "Twisted Grizzli"!

    Ouain, pis moé tou je doute qu'É soit game de faire ça. Remarque que je l'connais qu'à travers cette cyber réalité, faque...

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  13. Oh oui! Se méfier de ceux qui rêvent ou promettent un monde meilleur grâce à l'État! Oh non? Étant un pauvre morviat dogmatique, j'aurais peine à vous convaincre. Mais lisez au moins ceci:

    Oh! Pardonnez-moi, écrivains sublimes, que rien n'arrête, pas même les contradictions. J'ai tort, sans doute, et je me rétracte de grand cœur. Je ne demande pas mieux, soyez-en sûrs, que vous ayez vraiment découvert, en dehors de nous, un être bienfaisant et inépuisable, s'appelant l'État, qui ait du pain pour toutes les bouches, du travail pour tous les bras, des capitaux pour toutes les entreprises, du crédit pour tous les projets, de l'huile pour toutes les plaies, du baume pour toutes les souffrances, des conseils pour toutes les perplexités, des solutions pour tous les doutes, des vérités pour toutes les intelligences, des distractions pour tous les ennuis, du lait pour l'enfance, du vin pour la vieillesse, qui pourvoie à tous nos besoins, prévienne tous nos désirs, satisfasse toutes nos curiosités, redresse toutes nos erreurs, toutes nos fautes, et nous dispense tous désormais de prévoyance, de prudence, de jugement, de sagacité, d'expérience, d'ordre, d'économie, de tempérance et d'activité.

    Et pourquoi ne le désirerais-je pas? Dieu me pardonne, plus j'y réfléchis, plus je trouve que la chose est commode, et il me tarde d'avoir, moi aussi, à ma portée, cette source intarissable de richesses et de lumières, ce médecin universel, ce trésor sans fond, ce conseiller infaillible que vous nommez l'État.

    Aussi je demande qu'on me le montre, qu'on me le définisse, et c'est pourquoi je propose la fondation d'un prix pour le premier qui découvrira ce phénix. Car enfin, on m'accordera bien que cette découverte précieuse n'a pas encore été faite, puisque, jusqu'ici, tout ce qui se présente sous le nom d'État, le peuple le renverse aussitôt, précisément parce qu'il ne remplit pas les conditions quelque peu contradictoires du programme.

    Faut-il le dire? Je crains que nous ne soyons, à cet égard, dupes d'une des plus bizarres illusions qui se soient jamais emparées de l'esprit humain.

    L'homme répugne à la Peine, à la Souffrance. Et cependant il est condamné par la nature à la Souffrance de la Privation, s'il ne prend pas la Peine du Travail. Il n'a donc que le choix entre ces deux maux.

    Comment faire pour les éviter tous deux? Il n'a jusqu'ici trouvé et ne trouvera jamais qu'un moyen: c'est de jouir du travail d'autrui; c'est de faire en sorte que la Peine et la Satisfaction n'incombent pas à chacun selon la proportion naturelle, mais que toute la peine soit pour les uns et toutes les satisfactions pour les autres. De là l'esclavage, de là encore la spoliation, quelque forme qu'elle prenne: guerres, impostures, violences, restrictions, fraudes, etc., abus monstrueux, mais conséquents avec la pensée qui leur a donné naissance. On doit haïr et combattre les oppresseurs, on ne peut pas dire qu'ils soient absurdes.

    L'esclavage s'en va, grâce au Ciel, et, d'un autre côté, cette disposition où nous sommes à défendre notre bien, fait que la Spoliation directe et naïve n'est pas facile. Une chose cependant est restée. C'est ce malheureux penchant primitif que portent en eux tous les hommes à faire deux parts du lot complexe de la vie, rejetant la Peine sur autrui et gardant la Satisfaction pour eux-mêmes. Reste à voir sous quelle forme nouvelle se manifeste cette triste tendance.

    L'oppresseur n'agit plus directement par ses propres forces sur l'opprimé. Non, notre conscience est devenue trop méticuleuse pour cela. Il y a bien encore le tyran et la victime, mais entre eux se place un intermédiaire qui est l'État, c'est-à-dire la loi elle-même. Quoi de plus propre à faire taire nos scrupules et, ce qui est peut-être plus apprécié, à vaincre les résistances? Donc, tous, à un titre quelconque, sous un prétexte ou sous un autre, nous nous adressons à l'État. Nous lui disons: « Je ne trouve pas qu'il y ait, entre mes jouissances et mon travail, une proportion qui me satisfasse. Je voudrais bien, pour établir l'équilibre désiré, prendre quelque peu sur le bien d'autrui. Mais c'est dangereux. Ne pourriez-vous me faciliter la chose? Ne pourriez-vous me donner une bonne place? Ou bien gêner l'industrie de mes concurrents? Ou bien encore me prêter gratuitement des capitaux que vous aurez pris à leurs possesseurs? Ou élever mes enfants aux frais du public? Ou m'accorder des primes d'encouragement? Ou m'assurer le bien-être quand j'aurai cinquante ans? Par ce moyen, j'arriverai à mon but en toute quiétude de conscience, car la loi elle-même aura agi pour moi, et j'aurai tous les avantages de la spoliation sans en avoir ni les risques ni l'odieux! »

    Comme il est certain, d'un côté, que nous adressons tous à l'État quelque requête semblable, et que, d'une autre part, il est avéré que l'État ne peut procurer satisfaction aux uns sans ajouter au travail des autres, en attendant une autre définition de l'État, je me crois autorisé à donner ici la mienne. Qui sait si elle ne remportera pas le prix? La voici:

    L'État, c'est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s'efforce de vivre aux dépens de tout le monde.

    Frédéric Bastiat, L'État (1848)

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  14. Votre Bastiat, monsieur Salvas, était un juge antisyndicaliste notoire. Bref, un hostie d'plein d'marde.

    Ses idées n'ont jamais été à la hauteur de sa pratique.

    Rien que du fiel.

    Pas de grandeur d'âme.

    Bref, votre Bastiat c'est juste un doctrinaire libertarien avant la lettre qui prônait la liberté pour les riches et l'esclavage perpétuel pour les pauvres.

    On a beau cracher sur l'État qu'on finit par lui trouver quelque utilité lorsqu'une poignée de valets capitalistes se proposent de le remplacer en devenant... juge et arbitre à la place de l'État!

    On ne s'en sortira jamais.

    L'État, c'est tout ce qu'on a trouvé pour faire fonctionner des communautés humaines formées de millions de personnes qui sortent leurs vidanges aux jours prescrits pour la collecte d'ordure.

    J'aime mieux l'État que le libertarianisme de Bush, Harper et Dumont: juste de la mesquinerie, juste de l'idéologie, juste de la marde distribuée au plus grand nombre pour le triomphe de quelques enculeurs de tous.

    Enlevons toutes les lois, tiens, et je vous promets qu'il y aura des têtes qui se promèneront au bout des pîques.

    L'État, ça échappe aux libertariens, préserve l'ordre social et empêche l'émeute permanente.

    On ne trouve pas toutes les réponses dans les bréviaires.

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  15. Des réponses, j'en ai pas plus que vous...
    Des questions par contre, un plein panier!
    Tiens! Une autre: S'enrichit-on nécessairement au détriment d'autrui?
    J'aurais pu illustrer mon questionnement de l'État avec Lysander Spooner, un chic type anti-esclavagiste, au lieu du méchant Bastiat, mais bon...
    Merci quand même d'y faire écho!

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  16. P.S. Il est vrai que, à titre d'homme d'État, Eugène Poubelle est l'instigateur d'une des plus importantes inventions de l'histoire de l'humanité.

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  17. Quant à moi, les potes, non seulement je n'ai pas ce qu'y faut pour enregistrer la moindre rot, s'il fallait que je passe deux heures à trembler comme une feuille devant un 4033, ça serait pour une de mes 500 tounes au bord de l'oubli.

    Merci quand même de penser à moi !

    :0)

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  18. Judith, je viens d'être en mesure d'écouter ta toune de Meredith Brooks. Elle est excellente. Qui sait, ça deviendra peut-être un tube un jour ?

    Pourvu qu'elle rase pas sa moustache, tout marchera pour elle.

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