jeudi 4 septembre 2008

LA FONDATION DE TWOIS-IVIÈWES PAR CAPITANAL ET LAVIOLETTE, ALIAS NEZ CROCHE


Twois-Ivièwes s'appelait autrefois Métabéroutin, jusqu'à ce que le grand chef Capitanal aille voir Samuel de Champlain pour fonder le Québec d'aujourd'hui.

-Sam, tu m'excuses-tu si j't'appelle Sam, huh? demande Capitanal en bon joual vert.

-Faites Grand Chef... Faites, dit Sam.

-Les Iroquois arrêtent pas d'nous tomber dessus pis ça va mal en tabarnak pour la traite des fourrures. Ça fait qu'j'ai pensé, Sam, que tu pourrais me vendre des bâtons de tonnerre au même prix qu'les Hollandais pis les Anglais les vendent à nos ennemis mohawks. Christ de tabarnak! Sont plus armés qu'nous! On a perdu du monde en saint-calice l'année passée... Pas créyable hostie! Sam, faut que tu nous vendes un fusil pour deux castors, autrement, on est dans marde! Tabarnak, tu nous as dit qu'on était des partenaires en affaires pis là, tu nous crosses en nous vendant tes vieilles pétoires pour deux fois l'prix qu'les Iroquois paient pour nous tirer dessus comme des lapins, sur les rives du grand lac Magtogoek, que vous appelez St-Pierre... Ben calice! On veut bien vous donner les clés du paradis mais faudrait nous aider un brin, mon Sam. Qu'en dis-tu?

-J'peux pas. Le rwé veut pas. Ç'pas moé qui décide.

-Ok d'abord. C'est plate en hostie qu'le rwé allume pas vite, sauf vot' respect. Baptême! On est quoi nous autres, des hosties de trèfles? On vous ramène les fourrures pis le bon sirop d'érable dans des conditions de plus en plus difficiles. On peut pas continuer d'même Sam. Dis au rwé qui vienne fumer l'calumet d'la paix avec moé, aux Twois-Ivièwes comme vous dites dans votre langue. On va s'parler dans l'casque de poil. J'dis quoi à mes guerriers? On est les alliés des Français mais les Français s'crissent de nous autres? On est en business Sam! Oublie pas ça!

-Ok! Ok! Crénom d'une pipe! Je vais vous envoyer une garnison, aux Twois-Ivièwes, et ils vont bâtir un fort pour vous défendre. Je vais vous envoyer ce gus, là, dans le coin.

Dans le coin, il y avait Laviolette, alias Nez Croche, un roturier qui tenait à se faire appeler de Laviolette, comme tous les hosties de bourgeois de son temps, dont Champlain, alias Bedondaine, qui voulait aussi mettre un peu de «de» à son nom, une particule qui rend noble et permet de voir toujours plus grand.

-Laviolette! hurla Sam. Premièrement, tu vas faire laver les chiottes. C'est dégueulasse! Trouve un homme et envoie-le les torcher comme il faut! Deuxièmement, tu t'en vas aux Twois-Ivièwes pour construire un fort.

-Aux Twois-Ivièwes? Votre excellence de Champlain? Mais c'est plein d'Iroquois! Et vous savez ce qu'ils font à leurs ennemis? Ils les torturent lentement, pendant des jours, et ils mangent des parties du corps de leurs victimes en les contemplant droit dans les yeux, et en leur obligeant de chanter par-dessus le marché! Mes hommes ne voudront jamais me suivre! Ils vont déserter!

-Un instant, intervient Capitanal, nos filles sont belles.

-De toutes façons, c'est un ordre, Laviolette... renâcle Bedondaine, alias de Champlain.

-Nos filles marieront vos fils et nous formerons un nouveau peuple, conclut Capitanal.

***

Quelques 375 ans plus tard, Twois-Ivièwes est presqu'une réserve indienne. En tout cas, on y rencontre les mêmes problèmes dans les quartiers pauvres: toxicomanie, violence, etc.

Les paillards de Laviolette ont copulé avec les paillardes de Capitanal.

Ces unions ont laissé des traces dans le paysage, des traces qu'on ignore. Cependant, ça ressort peu à peu. Comme pour les Magouas de Yamachiche, on entendra parler des Métis et Autochtones de Twois-Ivièwes, toujours un peu plus, jusqu'à la reconnaissance pleine et entière de leur histoire, de leur survie dans un climat de génocide culturel total.

Les bons curés ont transformé des Sauvages en bons Chrétiens.

On a latinisé les noms.

Comme les Indiens du coin étaient déjà un peu pâles, compte tenu qu'ils provenaient peut-être de l'Europe du Nord, il y a 20 000 ans, selon certaines interprétations scientifiques ayant trait au peuplement du territoire, c'est passé comme du beurre dans la poêle.

Makwa(ours) est devenu Roger St-Ours.

Et Roger St-Ours déteste les maudits Indiens, vendeurs de cigarettes de contrebande qui ont deux milles skidoos dans leur cour et ne paient pas Hydro-Québec... Évidemment, on a toujours plus pauvre que soit pour s'exercer à préjuger. Et St-Ours, que voulez-vous, il ne sait pas lui-même qu'il est un Indien, voire un Magoua (makwa-ours).

-Moé chu d'Twois-Ivièwes, st-crèche, s'égosille Roger St-Ours. Chu pas un maudit Indien à plumes! Mes ancêtres v'naient tous des vieux pays, d'la France, dans les Zeuropes! Dans une autre vie, même que j'étais un grand chevalier, su' un beau ch'val blanc, toé chose, pis toute le kit.

***

Aux dernières nouvelles, on n'a toujours pas retrouvé le dentier de Samuel de Champlain. Cependant, il y a bon espoir de le retrouver. Toute une équipe s'est mise là-dessus, revirant les fondations de Québec à l'envers pour retrouver ce saint ratelier avant le 31 décembre prochain, fin des festivités du quatre-centième anniversaire de la fondation de Québec.

Le retrouvera-t-on un jour?

C'est là tout le mystère du dentier de Champlain, saint-graal des archéologues de la nation.

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