vendredi 6 juin 2008

LE HOCKEY À LA TRONÇONNEUSE


Les règlements du hockey sont respectés par les joueurs, même quand ils ne font pas leur affaire. Bien sûr, les règlements peuvent évoluer. Mais il n'est pas encore permis pour le moment de patiner avec une tronçonneuse pendant la partie.

Les quelques Québécois qui s'opposent aux conclusions du rapport Bouchard-Taylor me font penser, justement, à des joueurs de hockey qui auraient troqué le bâton contre la tronçonneuse. C'est surréaliste, bien sûr, surtout quand c'est vu d'ailleurs. Ici, ça n'étonne plus personne ce genre d'énergumènes. On est habitué de voir des gars saouls sur la glace à tout vouloir découper en rondelles, sans se soucier de la rondelle, sans se soucier de marquer des points, la parade remplaçant la partie.

Évidemment, cela fait du beau spectacle, même si c'est un peu gênant que de montrer notre plus mauvais côté, celui qui nous écarte des règlements, de la constitution du pays et des conventions et traités ratifiés par le Canada.

Les droits de la personne sont appliqués d'un océan à l'autre, tant et aussi longtemps que nous jouons notre partie au Canada. Si le Québec veut jouer au hockey avec une tronçonneuse, qu'il ne s'attende pas à jouer souvent à l'extérieur. Il jouera seul dans son coin, avec ses démagogues qui, pour exciter la foule, trouveront que nous sommes beaux et fins et bons et tout le reste. Les autres? À la tronçonneuse!!! Vrrrrr....

Franchement, j'exagère. Je sais bien que les Québécois ne doivent pas être confondus avec cette poignée d'hurluberlus à moitié saouls d'idéologies ringardes qui brandissent la tronçonneuse au-dessus de leur tête chaque fois que l'on prononce le nom Canada ou les expressions droits de la personne, liberté individuelle, liberté de religion, liberté de mouvement, liberté de croire ou de ne pas croire, liberté, liberté, liberté, asti que j'écris ton nom, comme aurait dit le poète Paul Éluard s'il eût été Québécois.

La plupart des Québécois respectent les règlements du hockey. Ils sont reconnus dans ce sport pour leur talent naturel à marquer des points. Ils marquent aussi des points au plan des libertés individuelles, ce qui les placent à l'avant-scène d'autres luttes qui profitent de la pleine reconnaissance des droits de la personne. Les travailleurs, les femmes, les homosexuels, les aborigènes et même le Québécois moyen à ceinture fléchée profitent de la Constitution canadienne et de sa Charte des droits et libertés. Voudrait-on sacrifier tous les acquis historiques des travailleurs, des femmes, des homosexuels, des autochtones et du plus singulier des Québécois pour une simple ligne dans un manuel d'histoire obligatoire écrit à la tronçonneuse?

Qui est plus Québécois qu'un autre, je vous le demande?

Untel, parce qu'il est membre du PQ et a les oreilles molles?

Telle autre parce qu'elle le dit, elle-même, tronçonneuse en main, qu'elle est fière d'être Québécoise?

Personne n'est plus Québécois que quiconque. La citoyenneté, ça ne se calcule pas au nombre de médailles remises lors de tel ou tel coquetel de pseudo-patriotes qui ne risquent rien dans le confort douillet de leurs manoirs enchantés.

Les droits de la personne s'appliquent d'un océan à l'autre.

Ils s'appliquent donc au Québec, fort heureusement.

Nous ne sommes justement pas en Iran, sous le joug d'ultra-nationalistes qui vendraient toutes les libertés civiles pour une ligne écrite à la tronçonneuse dans un bréviaire de catéchumène préhistorique.

Nous sommes au Canada. Et nous jouons au Canada comme nous jouons au hockey, en respectant les règlements: pas de tronçonneuse sur la glace et liberté de religion.

Celui qui conteste les règlements doit s'attendre, un jour ou l'autre, à se les faire crisser en pleine face. «Tiens, lis, c'est écrit , et ...»

C'est ça qui est ça.

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