samedi 17 mai 2008

Prions en église


Je prie Mickey Mouse
D'éclairer les conseils municipaux de Trois-Rivières & Saguenay
Oh! Mickey la souris, fais en sorte que la lumière se jette sur eux
Comme la misère sur le pauvre monde
Amen ou alléluia, je sais plus


La commission des droits de la personne juge qu'il est discriminatoire, à Saguenay, que de pratiquer une prière avant l'ouverture de la réunion du conseil municipal.

Il ne reste plus que Trois-Rivières et Saguenay, en termes de grande ville, pour prier lors d'un conseil municipal.

Trois-Rivières et Saguenay sont tout ce qu'il nous reste de folklore décrépi. Le taux de chômage y est plus élevé que dans bien d'autres villes du Québec. Ça porte à prier plutôt que de réfléchir.

Yves Lévesque, maire de Trois-Rivières, entend bien maintenir la prière au conseil municipal, comme le fera le maire de Saguenay. Le maire Lévesque affirme n'avoir reçu qu'une seule plainte.

C'est pas mêlant, ici tout le monde est à genoux, sauf Mme Louise Hubert. Elle est seule contre un conseil d'idéologues catholiques qui s'incrustent dans la politique à une époque où toutes les églises ferment une à une, pour bien démontrer l'importance d'une bonne prière catholique, vaguement déiste, pour se donner de la lumière en faisant des signes de croix ou des signaux de Chevaliers de Colomb.

Dans le contexte actuel, ils ne prient pas pour que Dieu jette sur eux de la lumière, mais bien pour faire chier l'ensemble du pays qui est passé au mode laïc depuis longtemps.

TROIS-RIVIÈRES ET SAGUENAY: VILLES RETARDÉES AU PLAN INTELLECTUEL

Trois-Rivières et Saguenay sont des villes pauvres, particulièrement propices à la petite politique et magnifiquement retardées au plan des idées. On ne vit pas dans ces villes, on y survit, à tout, dont à la petite prière au conseil municipal, aux publicités télévisées poches, aux mondanités de la presse locale et au fort taux de chômage.

Celui qui occupe un emploi, même le moins payant, est un bienheureux, à Saguenay comme à Trois-Rivières.

Tout est à rabais ici: emplois, maisons et terrains vagues, parcs, arbres, rivière, fleuve.

Trois-Rivières est une ville poche, comme Flint dans le film Roger and Me de Michael Moore. Ville à 9 piastres de l'heure... Prions, asti, prions... Bonyeu donne-moé une job, comme chantait Dédé Fortin.

Trois-Rivières, pour ce que j'en sais, ne fait que débuter sa révolution tranquille au plan politique. Si les jeunes se déplaçaient pour aller voter, je pense que cela ferait longtemps que les catéchumènes et autres chiqueux de terrains de golf du conseil municipal seraient délogés.

Le fait est que les jeunes se déplacent ailleurs, qu'ils s'exilent de Trois-Rivières, une ville pauvre, réactionnaire et rétrograde, une ville triste comme une ville de la Bible belt américaine, où les politiciens ne font que flatter l'ignorance dans le sens du poil pour se faire élire par ceux qui restent parce qu'ils n'ont jamais rien vu d'autres.

UN MAIRE ET UN CONSEIL MUNICIPAL QUI N'A PAS DE LÉGITIMITÉ DÉMOCRATIQUE

Ils ne déterrent pas les morts pour voter, à Trois-Rivières, mais presque. Personne ne vote et n'importe quoi se fait élire.

Lors des dernières élections municipales, le directeur général des élections (DGE) ne pouvait même pas garantir les résultats obtenus par le vote électronique dans 140 municipalités, dont Trois-Rivières.

Les élections auraient dû être reprises dans une société vraiment axée sur le respect des «traditions» démocratiques. On a préféré laisser les conseillers et les maires en places, comme si rien ne s'était passé. Dans une société vraiment démocratique, on aurait recommencé. Ici, on s'est contenté de prier.

Jamais le maire et les conseillers municipaux n'ont vu quoi que ce soit d'anormal dans cette déclaration du DGE.

J'ai écrit quelques lettres ça et là, que vous découvrirez sur le ouèbe. Je me suis plaint au DGE, aux ministres, au Premier ministre, à Dieu, à l'univers, rien n'y fit.

J'étais seul contre la majorité, j'imagine. Et la majorité, le maire Lévesque peut s'en prévaloir avec plus de force par un sondage que par les résultats de son élection bidon, avec le vote électronique qui allait tout de travers, comme dans quelque obscure république de bananes.

Cette majorité, qui n'existe qu'au niveau d'une hypothèse de travail, se fout bien de savoir si les élections sont fiables ou bien s'il doit y avoir la récitation d'une prière avant les assemblées publiques, voir à l'école, laissant aux démagogues et autres petits potentats de province le soin de gouverner à leur guise, en se cachant derrière la prière ou l'écran de fumée comme le nain qui se fait passer pour le magicien d'Oz dans le film éponyme.

THE TIMES THEY ARE A CHANGIN' (BOB DYLAN)

Au moment où toutes les église ferment, que l'écran de fumée s'effondre, il ne faut pas s'étonner de voir des citoyens réclamer la laïcité des institutions publiques.

La devise de Trois-Rivières, Deus nobiscum quis contra (Si Dieu est avec nous qui peut être contre nous?) je la remplacerais bien par Bienvenue ou Ville qui sent les oeufs pourris que ça ne me ferait pas un pli sur la poche, ni sur celle de mes ancêtres métis, plongeant leurs racines dans la vallée du fleuve Magtogoek depuis quelques millénaires.

Les toponymes vont aussi changer, quoi qu'en pensent les vieux sépulcres blanchis.

Les églises ferment une à une et les noms de saints ne veulent plus rien dire. Je vous mets au défi de me dire qui est Saint Maurice ou Saint Laurent. Personne ne les connaît, saint-chrême, personne! Le temps des robes noires est passé. Voici venir celui des hommes et des femmes libres de toutes contraintes stupides et d'autoritarisme gaga d'une autre époque.

Alors ne faites pas chier avec vos abracadabras religieux, vos sermons, vos prières, vos noms de saints et vos devises tirées des pages roses du dictionnaire Larousse. C'est juste de la bouette des années '50. The times they are a changin', buddies...

PRIONS EN ÉGLISE

Prions en église, pas en assemblée publique.

Ce n'est pas parce qu'elles ferment toutes qu'il faut utiliser le conseil municipal comme le dernier camp retranché de la prière imposée à tous...

Ryan se croyait la main de Dieu. Et moi je croyais qu'il était fou.

Laissons les abracadabras puérils pour faibles d'esprit en-dehors de l'administration publique.

Dieu n'existe pas. C'est une illusion qui n'a pas d'avenir. Ce qui me pousse à vous renvoyer vers deux livres majeurs de Sigmund Freud, soit «L'avenir d'une illusion» et «Malaise dans la civilisation». Ce ne sont pas des prières, mais ça se lit plutôt bien et ça donne de la matière à réflexion sur la nécessité de laïciser nos institutions publiques.

Le monde a changé, même ici à Trois-Rivières.

La majorité des Trifluviens ne sont pas des légumes. Ils feront certainement de Trois-Rivières une ville moderne qui ne s'accroche pas aux symboles de la colonisation anglaise, française ou catholique du territoire.

En attendant, je dédie cette chanson de Jacques Brel aux membres des conseils municipaux de Trois-Rivières et Saguenay.

Les prières au conseil municipal c'est de la frime, du toc, et surtout de la publicité pour une maudite secte qui se donne des airs de majorité quand toutes ses églises ferment et que tous ses fidèles se branlent de leur foutue doctrine à la noix.

À Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est à César. Dieu et l'astrologie n'ont rien à voir avec la conduite des affaires publiques.

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