vendredi 9 mai 2008

MANQUE DE GRANDEUR ET MISÈRES DE LA PRESSE ÉCRITE EN MAURICIE

Les chroniqueurs que je préfère sont ceux qui ne s'en tiennent pas qu'à une seule dimension de l'existence. Ces chroniqueurs sont fort rares dans la presse écrite mauricienne. Il y avait jadis Jean-Paul Arseneault, il reste Jean-Marc Beaudoin, et puis c'est tout.

On aime ce dans quoi l'on se reconnaît, j'imagine. Moi je n'aime pas l'ennui, que voulez-vous.

Ainsi, je trouve souvent plus de matière à réflexion en faisant ma virée des blogues qu'en lisant certains chroniqueurs officiels de la presse écrite qui ne s'en tiennent qu'à une méthode pour livrer des textes soporifiques que je ne lis même pas en diagonale.

-Ah tiens! me dis-je. C'est encore l'opinion maladroite d'Untel, une opinion bardée de quiproquos et de clins d'oeil à son patron que personne ne comprend. Tournons la page... Ou plutôt, allons voir ce qui se passe dans la blogosphère aujourd'hui...

La liberté produit nécessairement de la beauté.

Il y a longtemps qu'il n'y a plus de liberté dans la presse écrite traditionnelle, en Mauricie, toute juste devenue bonne à vendre des publicités de boeuf haché mi-maigre en spécial chez Super Calice.

Les journaux de la Mauricie sont soit neutres, dans le meilleur des cas, soit inintéressants. Tu attrapes un journal au vol, à Trois-Rivières, et tu vis pleinement l'expérience de l'ennui.

Il n'y a pas le quart d'un début de poil de cul d'authenticité dans ce que je lis en Mauricie.

On dirait que tous les textes sont écrits sur commande, sans plaisir, sans passion, sans talent. Il ne reste que du métier. Et souvent, le métier n'est pas là.

On fait appel à tel zouf, propriétaire d'une quelconque brocante, pour livrer le fin fond de sa vacuité sur papier glacé ou papier journal.

C'est à qui aura le plus petit texte publié sous sa grosse photo de crétin qui n'a rien à dire.

Ce qui fait la force d'un journal, c'est la qualité de ses rédacteurs, pas la photo de ses rédacteurs...

La qualité n'y est pas, à Trois-Rivières. Tout y est mièvreries, coquetteries, mondanités, sous-entendus, vernis de culture, à peu près et académisme journalistique empoussiéré.

Les textes publiés dans la presse mauricienne ne sont plus que des prétextes.

L'emphase est vraiment mis sur le boeuf haché mi-maigre en spécial.

Évidemment, je conviens qu'un journal est une opération commerciale, que cela demande du fric, de la pub et tout le reste.

Mais si personne ne lit le journal, je ne crois pas que les pubs seront plus consultées. Aussi bien de toutes les crisser dans un publi-sac et d'oublier ces écrits fades qui dénotent le manque total de personnalité de leurs auteurs.

Ils ne manquent pourtant pas de bonnes plumes en Maurice. La presse écrite mauricienne n'est tout simplement plus capable d'en prendre. Elle a donné son coeur aux pubs de boeuf haché mi-maigre qu'on fout au recyclage aussitôt qu'on les reçoit. Un journal qui se respecte doit savoir vendre de la pub sans sacrifier sa mission, sans quoi aussi bien mettre la clé dans la porte.

La presse écrite mauricienne est dépassée par les événements et engluée dans les méthodes du passé, dont la sacro-sainte «objectivité journalistique», laquelle aurait certainement fait dégueuler Arthur London ou Günter Walraff. Ceux-là, c'était de vrais as du journalisme élevé au niveau d'un art littéraire, par respect pour le lecteur. Ils devraient servir de modèles à tous les tâcherons mauriciens qui n'ont manifestement pas la passion ni le talent nécessaires au métier.

Pour terminer, il convient aussi de se demander si le problème n'est pas ailleurs. Sont-ce les éditeurs et les rédacteurs en chef qui tiennent mordicus à ne pas créer de vagues? Sont-ce les patrons qui tiennent à publier des coquilles vides, à ne pas déranger les bourgeois de Trois-Rivières, ces deux ou trois grandes familles de culs beurrés de marde molle qui se croient au-dessus de la masse et souhaitent entretenir un climat d'harmonie entre les classes sociales pour vendre du boeuf haché mi-maigre en spécial? Duplessis est pourtant mort et enterré...

-Un journal qui dérange? Vous n'y pensez pas! Grossissez-moi cette annonce de boeuf haché et enlevez le texte de ce zouf qui dénonce un scandale d'insalubrité dans ce restaurant qui nous achète des pleines pages de pub... Congédiez-le, il a trop de talent. Et vive la pêche au poulamon!

Je me pose la question et vous laisse y répondre à ma place.

PS aux éditeurs et rédacteurs en chef de la Mauricie:

Les gens ne sont pas si caves que vous ne le croyez.

Ce que vous n'osez pas dire, cela se dit quand même et cela finit par vous nuire.
Les gens vont tout simplement chercher leurs nouvelles ailleurs.
Ils ne s'intéressent pas tant que ça au boeuf haché mi-maigre...

Autre chose: quand la pêche au poulamon n'attire personne, vous n'êtes pas obligés de mettre un
gun sur la tempe de vos journalistes pour qu'ils écrivent que la pêche au poulamon bat son plein et qu'elle attire toujours plus d'amateurs et de curieux... Prenez votre inspiration ailleurs que dans La Pravda.

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