vendredi 1 février 2008

À LA MÉMOIRE DU POÈTE MICHEL-LUC VIVIERS


Il avait le charisme des personnes qui s'imposent d'elles-mêmes par cette force que la nature leur a donnée.

Il savait faire rire, le Grand Viviers, donc il savait émouvoir. Je l'ai connu à l'époque où il allait à l'université. Mon frère aîné lui a enseigné. Mon frère benjamin l'a connu quand il était agent de sécurité. Je ne parle que de ma famille et il en va de même des autres: tout le monde a connu le Grand Viviers.

Quand on mesure six pieds trois pouces, c'est certain que tout le monde te connaît d'entrée de jeu. Tu n'as pas besoin de te faire voir: il ne fait aucun doute que tu es vu.

Tant qu'à se faire voir, le Grand Viviers avait décidé d'être bien vu. Et il le fût.

Chacun et chacune qui l'ont connu autour de moi n'ont jamais eu que de bons mots pour lui. C'est donc dire toute l'influence positive qu'il a su créer autour de lui. Viviers? Un maudit bon Jack. Tout le monde était d'accord là-dessus, même de son vivant.

Michel-Luc Viviers est parti ailleurs mais il ne nous a pas oublié ici. Il nous laisse une oeuvre qui aurait mérité d'être publiée par ce qui s'appelle une «grande maison d'édition». Le Grand Viviers n'était pas un têteux. Donc, il n'est pas passé par là pour livrer son message. Tout ce qu'il fallait pour que sa poésie demeure vivante.

Les poèmes de Michel-Luc Viviers, publiés aux éditions Expresso, sont pour le moment disponibles dans les trifluviana de la bibliothèque Gatien-Lapointe. Ses poèmes, qu'il lisait avec fougue et conviction, racontaient la vraie vie. Pas la vie rêvée par un esthète, mais la compassion, l'empathie, le souci de préserver la mémoire des humbles parmi les humbles. Le Grand Viviers avait le coeur à la bonne place.

Je me souviendrai toujours de son poème La P'tite Marie, le récit d'une pauvresse qui se tenait au casse-croûte Le Paradis, sur la rue Laviolette. La P'tite Marie qui fût échangé dans son enfance contre un steak de ronde... Steve Hill a chanté ce poème du Grand Viviers qui reste et restera encore dans ma mémoire.

Cela signifie que Michel-Luc Viviers, le Grand Viviers, mon partenaire de poésie, est toujours vivant.

Je m'engage à perpétuer ta mémoire, le Grand Viviers...

La dernière fois que j't'ai vu t'étais en face d'la Caisse Pop
Pis tu m'as dit que tu lisais mon blogue des fois
Avec ton grand sourire en coin
Qui disait qu't'étais quelqu'un d'allumé
Qui était pas icitte pour niaiser
Ti-Ben m'a parlé de toé
Pis d'la P'tite Marie
I' t'a vu le même jour que moé
La dernière fois

On pogne «toute» de quoi

Le Grand Viviers
De savoir que t'es parti
Mais on va se r'trouver
Autant de fois qu'on l'voudra
Quand on va lire tes poèmes
Tes poèmes qui n'frimaient pas
Tes poèmes qui cognaient
Comme une tonne d'amour sur scène

Souvent des inconnus dans 'a rue
M'appelaient Viviers

J'n'ai jamais eu honte de te ressembler moé
Parce que j'nous trouvais beaux

C'était même un honneur
D'me faire appeler Viviers
Par ceux qui nous confondaient

Ça imposait le respect tout de suite

On l'sait Viviers qu'un poète ne meure jamais
Pis c'est ben correct de même
À la r'voyure Viviers
À bientôt «Urbain Pesant»


NOTE:

Michel-Luc Viviers est décédé lundi dernier dans un accident de motoneige.
Ses funérailles auront lieu aujourd'hui, à 14h30, à l'église Ste-Marie-Madeleine, dans le secteur Cap-de-la-Madeleine.
J'offre mes plus sincères condoléances aux parents et amis de Michel-Luc de même qu'aux parents et amis de la jeune victime de l'accident.

2 commentaires:

  1. Suite à la perte d’une personne qu’on aime, les gens disent : je ne sais pas quoi dire. Je me dis : Quoi ne pas oublier en pensant au Grand Viviers. Ses six pieds trois pouces n’était qu’une particule de la grandeur de son cœur. Un homme exceptionnel, un père formidable, une générosité sans limites, bref un être inoubliable.
    Je tiens à remercier Monsieur Bouchard pour son engagement à perpétuer sa mémoire.

    Catherine Viviers,
    Sœur de Luc.

    À la mémoire de Luc Viviers

    Renouvellement
    Au silence de l’aube
    À la tombée de l’Antarctique
    Il neige des secrets pour toi
    Les vieilles pages de l’enfance se sont blanchies
    Pour en faire une jeunesse éternelle
    Malgré l’âge et la couleur de la tempête
    La vie fait rage de te vivre

    Au silence de l’aube
    À la tombée des étoiles
    Il file des images contrent le pouvoir de ta pensée
    Les vieilles branches de mon intérieur sont tombées
    Pour en renouveler leurs nœuds
    Malgré l’âge et la couleur de la tempête
    La vie fait rage de te vivre

    La misère j’vis d’dans
    Je vis n’importe ou
    Sans pouvoir de justice et
    Dans un coin de rue
    Les mains sales, sans amis, le cœur brisé
    Je cherchais une nouvelle vie

    Ben un jour je l’ai trouvée
    Il y avait un drôle d’amour là ou j’habitais
    J’mangeais pas beaucoup
    Un morceau de tristesse, une tasse de violence
    Mais, 7 fois par semaine je mangeais

    Bon ben un jour j’me suis dit
    « J’pense que j’suis mieux dans le trou ou j’étais
    Au moins là il y a personne qui me boss.
    Je vous l’avais dit
    La misère j’vis d’dans. »

    Catherine Viviers, La revue Expresso, Automne 1995, numéro 3. Merci grand frère, grâce à toi mes écrits ont été publiés et demeurent avec les tiens.

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  2. Un très beau poème qui rend grandement hommage ah ce poète de talent. Quand pour ma part je perd une personne proche je fait tous pour pouvoirs méditer. Car de cette manière les paroles de bouddha me guide et me permette à la manière des moines bouddhiste de savoir ce que je pense et récent réellement

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