mercredi 20 février 2008

CAPITANAL CONTRE DUPLESSIS

Trois-Rivières fêtera en 2009 le 375e anniversaire de sa fondation. La cité de Capitanal, insidieusement surnommée la cité du Sieur de Laviolette, est devenue une petite bourgade fortifiée, en 1634, pour protéger les Algonquins des attaques iroquoises et favoriser ainsi un meilleur commerce des fourrures. Des Européens s'y installèrent progressivement et se mêlèrent aux Autochtones pour correspondre aux voeux du chef algonquin Capitanal qui dit à Champlain «vos fils marieront nos filles et nous formerons un nouveau peuple.»

On l'attend toujours, ce nouveau peuple, peut-être parce qu'on ne l'entend pas.

À l'approche des fêtes du 375e anniversaire, je crois qu'il y a urgence pour les Autochtones et les Métis de Trois-Rivières de se manifester pour rappeler que cette ville, Trois-Rivières, a une histoire beaucoup plus chargée que ces quelques 375 ans. Des hommes habitent au confluent de la rivière Métabéroutin (anciennement St-Maurice) et du fleuve Magtogoek (anciennement St-Laurent) depuis plusieurs millénaires. Il serait ridicule de ne s'intéresser qu'à la plus infime partie de son histoire pour n'en vanter que les traits les plus anodins: le manoir Machin, le moulin Truc ou les Forges du St-Maurice... Il y eut ici des hommes qui, pendant des milliers de lunes avant l'avénement des conquistadores, ont ri, pleuré ou prié. Quelle place leur accordera-t-on dans les fêtes du 375e de Trois-Rivières?

DOIT-ON AVOIR HONTE DE DUPLESSIS?

On sait d'avance qu'on accordera beaucoup de place à Duplessis lors du 375e puisque l'année 2009 correspond aussi au cinquantième anniversaire de sa mort. Le député adéquiste de Trois-Rivières, Sébastien Proulx, prétend «qu'on n'a pas à avoir honte de Duplessis». Duplessis présentait des budgets équilibrés, selon lui. Cela vaut des applaudissements j'imagine...

Évidemment, le député, pour ne pas avoir honte, feint d'ignorer la loi du cadenas, le matraquage des grévistes, l'emprisonnement des Témoins de Jéhovah, les orphelins de Duplessis, les campagnes sans électricité ni eau potable, la censure, l'index, Borduas et le refus global, alouettes!

J'ai beau ne pas être péquiste, je reconnais néanmoins à Jacques Parizeau le mérite d'avoir fondé le Québec moderne en négociant des emprunts pour mieux équilibrer, non pas le budget, mais la société québécoise.

Je suis un fils de la révolution tranquille, que je le veuille ou non. Duplessis n'en voulait pas, de cette révolution, et il croyait que des types comme moi ne méritaient pas d'aller à l'université. Ma place, sous Duplessis, aurait été de crever à la Wabasso pour un salaire de misère, défendu par un syndicat de boutique.

«On n'a pas à avoir honte de Duplessis!»

Vraiment?

Je préfère dire que je n'ai pas à avoir honte de Capitanal.

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