jeudi 24 mai 2007

Yves Beauchemin et la série noire du PQ

Qu’est-ce qui distingue le fou d’une personne saine d’esprit? Le fou a généralement des problèmes d’identité. La personne saine d’esprit, au contraire, n’en a pas. Le fou se cherche une cause, une raison, un but, une rime, un son. La personne saine d’esprit se cherche des bottes, du pain, de l’eau, des oranges…

Ma vie serait triste s’il n’y avait pas Le Devoir. Une fois de plus, le quotidien montréalais m’a fait rire en publiant, le 22 mai dernier, les propos alambiqués de l’ineffable Yves Beauchemin, romancier identitaire toujours prêt à foncer dans ces types aux noms à consonance étrangère qui empêchent les pauvres Québécois de réussir dans le domaine des fèves au lard… C’est William Johnson qui avait bien raison d’en faire l’un des artisans de l’ « anglophobie made in Québec ». William Johnson que nos ayotallahs nous rappellent de ne pas lire, à l’instar de Esther Délisle et Mordecai Richler, tous trois condamnés par les écrivains officiels du Parti, cette clique de crapules sans vergogne qui décident pour les Québécois ce qu’ils doivent lire, dire ou penser.

Revenons à Yves Beauchemin. Il n’y a rien de plus comique que de lire les propos loufoques d’un souverainiste convaincu que la «série noire du PQ » provient du fait qu’il a perdu son projet « identitaire » en cours de route, c’est-à-dire son discours plus ou moins ethnocentrique, pour ne pas dire raciste. C’est méconnaître la politique et le monde contemporain que de penser que les malheurs du PQ dépendent de son discours de plus en plus multiculturel et ouvert sur l’ « autre ».

L’identité dont parle Yves Beauchemin n’est certainement pas inclusive. La Nation, pour lui et tant d’autres originaux du mouvement indépendantiste québécois, c’est la seule et unique réponse pour toutes choses. Cette Nation, évidemment, n’est pas celle de tout le monde. C’est « leur » Nation. Une Nation française, et uniquement française, sans Anglais, sans Iroquois, sans Cris, sans Métis. C’est la Nation de Lionel Groulx, la Nation épaisse et engourdie de productions littéraires insipides qui sentent le petit curé pas propre. La Nation de ceux qui souhaitent revoir leur Normandie.

Le concept de l’État, pour Beauchemin, c’est sans doute la fameuse Nation moins les traîtres, les ennemis du peuple et les fédéralistes. C’est une soustraction.

Le concept de l’État, en ce qui me concerne, c’est la somme de tous les individus présents dans un territoire donné, quelle que soit leur origine ou leurs opinions politiques. C’est une addition : un plus!

Les malheurs du PQ, selon moi, proviennent de son idéologie nationaliste et socialiste. C’est une idéologie du XXe siècle qui s’écroule un peu partout sur la planète. C’est l’héritage du totalitarisme marxiste ou national-socialiste.

Vraiment, Yves Beauchemin gagnerait à lire Johnson, Délisle et Richler, voire d’étudier « La société ouverte et ses ennemis » du philosophe Karl Popper.

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