vendredi 8 mars 2024

Poème

Un pou aime.

Là n'est pas le problème. 

Mais qu'est-ce qu'il aime, le pou?

Il aime, c'est tout.

C'est un pou aimant.

Et quand il aime, ce pou, il aime.

Un pou aime.

Un pou aurait pu haïr, mais on n'en ferait pas un poème.

En vers ou en prose, les poux prennent des x quand ils sont presque deux.

C'est d'eux qu'on le sait.


jeudi 7 mars 2024

La montée des underdogs


On a beau dire et beau faire qu'il n'y a rien dans la langue française qui peut équivaloir la puissance du mot underdog en anglais pour désigner un compétiteur négligé qui l'emporte alors qu'on ne l'avait pas vu venir... Même compétiteur négligé ne rend pas justice à l'expression underdog. Du coup, je vais enlever les italiques pour l'emploi du mot underdog. On dit kimono. On ne dit pas robe de chambre japonaise.

L'underdog, comme son nom l'indique, est un sous-chien.

Le chien qui perdait dans un combat de chiens.

Le chien qu'on tenait pour perdant pour tous les autres combats à venir et qui, à la surprise générale, l'emportait avec la rage du désespoir.

Un compétiteur négligé n'est pas considéré comme un sous-chien.

Sans-culottes est le terme français qui me semble le plus près de l'expression underdog, encore qu'il y manque du mordant.

Nous avons le privilège de vivre en des temps troubles qui produisent autant de sans-culottes que d'underdogs.

Tandis que les panneaux publicitaires nous montrent l'American Way of Life avec des personnes présentables qui n'ont pas l'air malcommodes, il y a devant ce beau show des files d'édentés qui cherchent de quoi se nourrir le ventre.

Pour ceux et celles qui réussissent, s'ils ne sont pas encore des underdogs ou bien des sans-culottes, ils n'en demeurent pas moins des sans-dents, des sans-dessein, des perdants, voire des losers.

Le nombre des perdants ne cessera jamais de grossir au Monopoly.

C'est le hic qui fait des réussites une simple partie de plaisir qui déplaira à celles et ceux qui n'ont plus le droit de circuler sur le jeu.

Dans ce monde qui fait semblant de résoudre des injustices sociales avec un vocabulaire fondé sur des anagrammes, il reste l'underdog qui menace de trancher le noeud gordien.

On ne l'avait pas venu venir l'underdog.

Il courrait, courrait et courrait encore pendant les agapes des vainqueurs.

Les derniers seront les premiers.

Il n'y a pas que Céline Dion qui chante ça.

C'est dans notre coeur, ce désir de voir le dernier passer devant tout le monde alors que l'on ne s'y attendait pas.

C'est notre fascination pour les underdogs qui rend l'underdog encore plus dangereux que tout ce que l'on a pu concevoir auparavant.

L'underdog ne respectera pas les règles d'un jeu qui ne lui auront pas servi.

En plus de couper le noeud gordien, il balancera le jeu, les pions, les maisons et les hôtels dans je ne sais trop quelle aventure teintée de revanche et de ressentiment.

On ne devrait pas permettre les combats de chien, me dis-je.

Ainsi, on ne saurait pas ce que désigne le mot underdog.

Ce serait la paix sur Terre, non?

En attendant, comme on dit en anglais: watch out!

mercredi 6 mars 2024

Un cancer fulgurant


Elle était arrivée à l'hôpital par une journée froide de novembre.

La pluie s'était transformée en neige et l'on voyait des automobiles dans le creux des fossés et autres poteaux. Un sale temps même pour les ambulanciers.

Que dire d'elle? On l'avait retrouvée au sol, fracturée de partout, dans un logement miteux du centre-ville où la pauvre survivait seule tant bien que mal. 

Deux ambulancières vinrent la tirer du pétrin suite à l'appel d'un voisin providentiel, Méo, un septuagénaire polytoxicomane connu pour faire le ménage dans les bars au centre-ville. Méo l'entendit gémir et eut la présence d'esprit de composer le 911. 

-Sans vous, cette dame serait morte... laissa tomber Laureen, la grande aux bras tatoués du duo d'ambulancières.

Elle n'était pas morte. Mais elle n'était pas forte.

Elle refusait les soins et si ce n'était que d'elle, elle serait retournée dans son logement miteux du centre-ville. Ce qui n'était plus envisageable puisqu'elle ne tenait plus debout sur ses deux pieds et qu'elle était lourdement affectée par quelque chose qui, manifestement, grossissait en elle.

Ce quelque chose, c'était le cancer.

Elle vomissait depuis des mois. Elle perdait souvent pied. Elle se disait que c'était la vieillesse, même si elle n'était pas encore à l'âge de la retraite obligée.

C'était le cancer. Un cancer devenu trop gros pour l'arrêter.

Le diagnostic des médecins était sans appel pour cette pauvre femme: cancer généralisé, soins palliatifs, merci bonsoir...

Elle ne comprenait pas tout à fait sa situation.

C'était comme si elle souhaitait vivre encore, même si franchement elle n'y trouvait plus grand chose d'intéressant.

Sinon cet oiseau quel avait vu sur la branche le matin en regardant par la fenêtre.

Ou bien cette préposée, l'Africaine qui avait un prénom compliqué, Mamadi ou Mamada, celle qui l'avait lavée de la tête aux pieds puisqu'elle ne trouvait plus la force pour le faire elle-même.

Mamadi était tellement gentille...

Le temps pressait. Les médecins lui parlaient d'une masse qui grossissait et grossissait encore.

Son corps gonflait. C'était comme si elle se noyait à chaque respiration.

Sa peau se couvrait peu à peu de taches noires.

Du liquide purulent sortait de toutes les pores de la peau de ses jambes.

La masse grossissait.

Cela puait et c'était dégueulasse.

La mort se faisait sentir.

Ce serait bientôt des soins de confort.

-On ne peut plus rien faire madame... Nous allons pouvoir soulager la douleur... Vous laissez partir lentement vers le grand voyage...

Ce grand voyage, elle ne s'y sentait pas vraiment prête.

Mais personne n'était là pour l'emmener ailleurs.

Pas de famille, pas d'amis connus, rien de rien.

Elle était finie.

Elle le savait maintenant.

Elle respirait de plus en plus lentement.

Comme si elle se noyait.

À chaque respiration...

-Brrr.... (pas de souffle pendant 10 secondes)... Brr... (un autre 10 secondes...)... Brr...

L'oiseau...

Il était là, sur le bord de la fenêtre...

Il faisait cuicui au lieu de brr.

C'était tout ce qui comptait.

Parce qu'elle n'était plus là.

Elle était morte.

Et ne demandez pas ce qu'ils ont fait de sa dépouille.

Ou bien si cette dame eut des funérailles.

Elle était cet oiseau qui maintenant s'envolait vers d'autres contrées.

Pour vivre d'autres printemps j'imagine.

Pour ce qui est du deuil et de tous ces trucs-là, Fatoumata Sall alias Mamadi faisait ce qu'elle pouvait afin de saluer la mémoire de ces presque fantômes qui passaient devant elle.

-Qu'Allah la bénisse! disait-elle.

Allah grâce de Dieu.

Que voulez-vous.


lundi 4 mars 2024

Cinq esquisses parties de rien ou presque



Voici cinq esquisses réalisées lors de mon dernier atelier de peinture aux aînés pour démontrer qu'il ne faut pas se casser le bicycle lorsque l'on crée quoi que ce soit. C'est à l'acrylique sur des panneaux de bois compressé d'une dimension de 8 par 10 pouces.






samedi 2 mars 2024

Dissertation déconstruite sur le Je

LE MANGEUR DE
HOT-DOGS
Acrylique, 8X10po.
Coll. privée

Rien n'est plus pathétique qu'une écriture au je qui se morfond d'écrire comme une personne singulière à considérer en premier.

Tout le monde sait que le moi est haïssable. Les autres vous diront que c'est Blaise Pascal qui l'a écrit. 

Je est un autre. Cet autre-là s'appelait Arthur Rimbaud...

Vous voyez tout de suite que j'ai les codes convenus pour passer le test de l'intelligence superficielle chez les scribes du pharaon.

Pour les autres, les vrais, je ne suis que moi-même.

Popeye le marin résume un tant soit peu ce que je suis en des termes de haute mer. I yam what I yam cos' I yam what I yam. I'm Popeye the sailor man! Toutte! Toutte!

Chu c'que j'suis parce que chu c'que j'suis. Chu Borgne le marin pis c'est toutte! Toutte! Toutte!

Popeye, l'anti-héros créé par Segar pendant la Grande Dépression économique des années '20, c'est le laid des laids qui, parmi d'autres encore plus laids et éclopés, rétablit la justice autour de lui tout en mangeant des tas d'épinards. 

J'ai grandi dans un monde laid, croyez-moi, où les Brutus et autres malabars étaient légions.

Alors que je cherchais mon Olive dans la misère des années '80, alors qu'il y avait 30% de chômage à Trois-Rivières et des garde-robes remplis de suicidés qui avaient tout perdu, je me faisais un je somme toute proche de Popeye, mon anti-héros préféré.

Je m'achetais vraiment des épinards en conserve...

Je me faisais réchauffer des cannes en y ajoutant du beurre et du sel.

Comment ai-je pu faire? C'était franchement dégueulasse. 

Des épinards frais, cuits sans eau, avec beurre et sel, là tu parles. 

Mais des épinards en canne?

C'était de la vraie christ de marde.

Pourtant j'en mangeais.

Je me prenais même pour Rocky Balboa, parce que mon quartier avait l'air aussi crado et misérable que le sien.

Je fessais sur les morceaux de viande congelés qui arrivaient dans le frigo de la boucherie du IGA. J'y faisais fonction de commis.

Il fallait bien que je paie mes cannes d'épinards.

L'été, pour me faire des gros bras et des grosses jambes, je faisais des longueurs dans la grande piscine du Parc de l'Exposition aux Trois-Rivières. De 13h00 à 17h00 je nageais lentement mais sûrement, sans m'arrêter, au grand dam de mes amis qui me trouvaient ennuyant avec raison.

Le matin je pouvais me taper des 50 kilomètres de vélo le matin.

Bref, c'était la puberté.

Il fallait bien que je calme un peu mon feu intérieur.

Jusqu'à ce que je trouve ma fiancée.

En attendant, je ne me laissais plus menacer par aucun Brutus.

Je gagnais en assurance à chaque jour.

Je devenais cet autre que j'avais souhaité devenir.

Je n'étais plus la peur et la timidité incarnée.

Je devenais ce gros monstre qui vous écrit encore des plaisanteries à ce jour.

Ce gros monstre avec un fonds de timidité qui, pour tout dire, sauve mon humanité.

Cette idée de ne pas froisser autrui.

D'être quelqu'un de bien.

Popeye, normalement, sait se faire aimer.

Il peut même pardonner à Brutus s'il prend son gaz égal.

Vous qui lisez mes niaiseries, je suis surpris que vous vous soyez rendus aussi loin avec cette dissertation déconstruite sur le Je.

Si j'avais été César, je parlerais de moi à la troisième personne du singulier.

Mais je n'ai pas fait la guerre des Gaules.

Je vis dans ma petite province gauloise sur un territoire autochtone non-cédé.

Je suis un Popeye de Trois-Rivières.

Bref, un joyeux Ti-Caille.


mercredi 21 février 2024

21 février

 Le vingt-et-un février n'évoque rien de particulier pour moi dans le présent, le passé et le futur.

C'est une date perdue dans l'année, parmi d'autres jours plus spectaculaires sans doute.

Un vingt-et-un mars c'est déjà quelque chose. Mais un vingt-et-un février? Sérieusement, c'est rien.

Je suis obligé de googler pour m'en faire une autre idée...

L'évêque Athanase retourne dans sa ville natale après six ans d'exil en 343?

La commission des droits de l'homme de l'ONU condamne les actions d'Israël dans les territoires occupés en 1975?

On ouvre l'accès de Johannesburg à tous les Sud-Africains en 1986, même s'ils ne sont pas Blancs?

Il s'est passé de quoi le 21 février, évidemment.

Et je ne sais pas ce qui se passera aujourd'hui, finalement.


mercredi 14 février 2024

Le monde s'effondre mais ce n'est pas une raison de ne pas s'accrocher un sourire dans la face


Le monde s'effondre et s'effondrera toujours comme il s'est déjà effondré. En fait, la vie d'une personne ne devrait jamais tourner autour des ruines. Chercher à en créer de nouvelles, pour ruiner tout un chacun et les foutre tout nus dans la rue, n'est pas une option qui mérite de la considération. 

Nous vivons pour vivre avec nos voisins, que nous les aimions ou pas, parce que la guerre civile n'est pas une option. Ni les vendettas. Ni les génocides. Ni les étripages pour satisfaire l'orgueil gluant d'un historien qui se brasse le poulet dans un drapeau.

À première vue, j'ai l'air d'un motard qui vient de se faire péter quatre chaises sur la tête sans broncher. Pourtant, je ne suis qu'une chanson, comme Ginette Reno. Je ris, je pleure à la moindre émotion. Je ne veux pas dire que j'en fais l'exhibition. C'est plutôt du domaine de mon for intérieur. Cela motive néanmoins mes actions, mon ton de voix, mes paroles.

Je suis coordonnateur aux soins et aide-soignant certifié en-dehors de mes temps libres. Je pratique ce métier pour le bien qu'il me procure. Cela me fait du bien de faire du bien. C'est dans ma nature intrinsèque. J'aime voir des gens heureux autour de moi. Si je puis faire quelque chose pour changer quoi que ce soit à la grisaille de nos vies, eh bien je serai ce plaisantin qui fera tout pour que cette journée triste soit mémorable quoi qu'il advienne. Bref, je suis un tabarnak de fou. Et un travailleur acharné.

Il m'est difficile, pour ne pas dire insupportable, de voir des personnes manquer de douceur envers une personne vulnérable. Pour tout dire, cela me révulse. Profiter de sa position d'autorité ou bien de son privilège pour écraser autrui, cela me dégueule.

Je sais qu'il y a moyen de vivre ensemble parce que je vois bien qu'on le fait à tous les jours que je vous l'écrive ou pas. Le monde n'attendra pas que j'aie terminé mon texte pour continuer de tourner rond, carré ou losange, je ne sais trop.

Pour ce qui est de mon erre d'aller, ce sera à la bonne franquette, comme toujours.

Quand la pression sera trop forte, je dessinerai des gros nez ou bien je me défoulerai avec ma guitare et mes harmonicas. Les arts, le blues, et même l'amour: comment peut-on vivre tristement sur Terre?

Mon bonheur n'est pas complet tant qu'il y a une personne qui souffre.

À la fin de mon quart de travail, qui peut durer plus longtemps que prévu, je sais néanmoins que j'ai vraiment aidé quelqu'un, sinon plusieurs.

Je ne demande pas une médaille pour ça. Ni mes collègues d'ailleurs.

Dans un monde qui vire fou, nous virons comme d'habitude pour prendre soin des personnes en perte d'autonomie.

Ce n'est pas facile. Mais il n'y a rien de facile ici-bas. Voire là-haut. Je n'y suis pas encore allé. Je me garderai une petite gêne pour vous en dire plus à ce sujet.

En attendant, heu... Rien.

Le monde s'effondre mais ce n'est pas une raison de ne pas s'accrocher un sourire dans la face.








jeudi 8 février 2024

Écrire au nous c'est pas d'la tarte

 J'écris au je depuis quelques jours. J'en déduis que j'étais un peu rouillé. Livrer ses "rinçures" au monde entier, d'un seul clic, c'est tout nouveau chez notre espèce. Il y a tant de sujets à traiter que parler de soi-même finit par avoir ce quelque chose d'odieux qui devrait me faire passer au neutre.

La neutralité, comme l'objectivité, que je confonds avec l'objectivation, ne font pas partie de ma palette de couleurs. 

J'essaie, à tout le moins, d'être bon et bienveillant. Je m'efforce de faire pardonner mon je pesant et grandiloquent de gros jambon anté-historique. Je prêche par les actes. Homme de mots, je sais qu'ils ne comptent pour rien si l'on ne sait pas se donner tout entier à l'autre, surtout celui ou celle qui vous fait chier. 

Nous sommes dans le même navire, si je puis me permettre de placer au moins un nous.

Nous ne pouvons pas foutre le feu dans le navire en pensant que cela ne nous affectera d'aucune manière.

Les bonnes manières, d'ailleurs, ne consistent pas à bien choisir ses ustensiles lors des repas.

Elles consistent plutôt à ne pas planter un couteau entre les reins des personnes dont l'on profitera de leur disparition pour s'emparer de tout ce qu'elles possédaient.

C'est une trop longue phrase, je sais.

Écrire au nous, c'est pas d'la tarte.


mercredi 7 février 2024

C'était bien l'fun

Le Lac St-Pierre, dimanche dernier
je crois... Pas pire hein?

Je ne sais jamais trop où je m'en vais lorsque je m'assieds devant mon portable pour écrire. C'est toujours un peu prétentieux de s'adresser directement au monde entier via l'Internet. Il y a trente ans à peine, j'écrivais des lettres aux grands quotidiens. Allaient-ils la publier ou pas? Je travaillais mon style et mon propos pour que ça soit irréprochable. Je vous avouerai que la majorité de mes lettres ont été publiées. Hormis une ou deux dont je n'ai pas grand souvenir.

De nos jours, la majorité des grands quotidiens sont condamnés aux limbes de l'Internet. On joue presque d'égal à égal avec Le Nouvelliste, Le Devoir, Le Journal de Montréal et j'en passe. Ils peuvent bien publier ce qu'ils veulent, les internautes en publieront mille fois plus encore. Avec plus de force. Plus de mensonges, parfois; et plus de vérités, souvent. Les grands quotidiens sont devenus de gros navires qui s'enlisent dans les rivières sinueuses de l'information tandis que tout circule en temps réel autant qu'en continu. Ils veulent sauver les bibles calligraphiées à l'époque des bibles imprimées, comme au temps de Gutenberg. Le métier de copiste est tout aussi terminé que celui de rond-de-cuir du journal local qui ne doit pas déplaire au propriétaire du contenu et du contenant. On ne veut plus de ça. C'était bien le fun mais c'est fini.

On entre dans une ère où le médium est le message, pour reprendre Marshall McLuhan.

Le message c'est cette porte sur le monde entier qui nous permet de partager textes, images, photos, pensées instantanément.

Que ce soit pour péter dans un micro, révéler le secret de la Caramilk ou bien tergiverser sur l'usage de l'Air Fryer, l'Internet est là pour rester.

Bref, c'était bien l'fun.




mardi 6 février 2024

Une chanson douce


J'ai le bonheur d'animer des activités auprès des aînés. Je me demande parfois qui s'amuse le plus entre nous. Sont-ce les aînés ou bien moi? Un peu les deux à la fois, même s'il y a toujours un schtroumf grognon ici ou là pour compléter le tableau.

On fait du dessin, de la peinture, des exercices sur chaise.

On joue aux dards (avec bouts en velcro!) et aux poches.

On monte des quizz avec de vrais buzzers.

On organise des courses de chevaux de bois qui font vraiment fureur.

On chante des chansons a cappella, saupoudrées d'airs de guitare et d'harmonica  improvisés par votre humble plaisantin.

L'air de rien, il y a de la poésie dans la chanson populaire.

Ce n'est pas pour rien que la poésie des Anciens rimait.

C'est parce que Rutebeuf savait jouer du luth. Rutebeuf chantait. Il aurait endisqué de nos jours. Nous n'aurons retenu de lui que ses "lyrics"... Il faut maintenant s'imaginer ses accords.

Je ne suis pas un grand chanteur mais j'y mets suffisamment d'enthousiasme pour faire lever un party. Je gonfle mon ventre lorsque je pousse ma note et j'apprends la même technique au reste de la plus authentique chorale que j'aie pu entendre au cours de ma vie. 

-On gonfle son ventre pour avoir de l'air quand on chante! Mettez de l'air dans vos poumons! Attention les couplets demandent une voix creuse sur laquelle je risque de m'étouffer comme un dindon rôti! Ok mesdames et messieurs... Prenez le livret madame... Page 38... Oui... Ok... On commence la toune dans 3, 2, 1... Pour vivre ensemble il faut savoir aimer..et ne rien prendre que l'on ait donné... 

J'en vois qui pleurent une larme ou deux sur une ou deux paroles de chansons. La poésie, même rimée, ça vous secoue.

Je devrai tenter la poésie qui ne rime pas le mois prochain. Il y en a qui pourraient aimer ça. Moi, même j'ai encore l'air de plaisanter. Je suis un lecteur de Tristan Tzara et autres surréalistes. Je suis capable d'en prendre. Mettons que le must, en prose poétique, c'est Rimbaud et Baudelaire pour mon petit moi.

Cela dit, que le monde s'effondre ou pas, the show must go on.

Je vous laisse sur un autre extrait de la pure poésie de la chanson populaire.

Il s'agit de Gros Jambon de Réal Giguère.

Et pendant que le géant tenait le plafond de la mine en l’air
Les vingt-trois ont rampé jusque vers la lumière
Oubliant que dans le fond, au milieu de la steam
Y en avait encore un qui tenait toujours son beam
Gros Jambon